Meredith Kensington n’a pas vraiment l’habitude de recevoir des visiteurs surprises.
D’autant moins après l’heure du dîner. C’est donc avec un plus des plus réprobateurs qu’elle se dirige, sa silhouette longiligne emmitouflée dans son manteau Louis Vuitton. Une partie d’elle serait absolument outré de devoir ainsi se présenter devant des inconnu, ses cheveux tout juste enroulé dans le plastique bleu de ses bigoudis nocturne et son visage dénué de tout maquillage, laissant apparaître la tapisserie grandissante de ses rides et la fatigue que l'âge accumule lentement dans ses cernes. Mais les coups secs frappant sa porte d'entrée sont interjetés par une exclamation d’une autorité écrasante.

“GCPD ! Ouvrez ou bien nous devons forcer notre entrée.”

Ses pieds nus la font frissonner au contact du marbre de l’entrée.
Elle a une pensée amère à l'idée de son Maris, encore en train de se lever dans leur chambre, ses jambes trop usées pour lui permettre d'accueillir leur visiteurs impatient avec que leur porte ne se retrouve enfoncée.

“J’arrive !”

Elle prend une inspiration, se composant le visage le plus calme possible, sans toutefois parvenir à éteindre la flamme de frustration dans le bleu glacé de ses iris.
La lourde porte d’entrée est ouverte, juste assez pour tendre la chaîne de sécurité et lui permettre de regarder directement dans la visière d’un policier en tenue complète d’intervention, le poing encore dressé pour frapper à sa porte, l’autre tenant une feuille tout en haut de laquelle elle peut déjà lire “Mandat officiel délivré par la cours de Justice de Gotham city.”.
La voix de l’officier est étrangement déformé à travers son casque, mais elle peut entendre la pointe de gène qu’il ressent sans doute a déranger une femme de son age a cette heure-ci.

“Bonsoir Madame. Un groupe de prisonniers s’est échappé d’un transport, nous avons ordre de fouiller toutes les habitations alentour. Vous pourrez lire le mandant pendant que l’on procède.”

Meredith fronce les sourcils, scannant sa porte d’entrée et les quatre autres officiers, chacun en tenu d'intervention complète - avec le masque a gaz indispensable pour ce genre d’opération à Gotham - et lourdement armés. Un frisson de terreur glacé la traverse en imaginant les monstres détenus à Arkham et Blackgate se cachant chez elle.

“Je… Je vous ouvre tout de suite !”

Elle ferme la porte, retirant d’une main tremblante la chaîne avant de rouvrir.
Juste devant elle se trouve la main de l’officier, serrée autour d’un étrange cylindre métallique. Elle n’a pas le temps de se demander ce qu’il se passe, avec un soufflement d'air comprimé, la barre d’acier du percuteur frappe son front avec assez de force pour briser l’os crânien comme un biscuit.
Son corps s’effondre comme une marionnette dont on aurait coupé les fils.

* * *

“[b]C’est bon, on a eu les deux vieux, et les corps sont à la cave.”

Ren jette un œil aux caméras rapidement installées par l’équipe, deux des membres occupée à changer les tenues des marionnettes pour quelque chose de plus… décontracté.
Accueillir un super-criminel notoirement violent en tenue d’intervention du GCPD est la recette d’un autre genre de soirée, une qui finit avec de la purée humaine éclaboussant les murs.

“En tout cas, tu remercieras bien le fan ? Quelle super idée de nous filer l’adresse de ses parents pour organiser la rencontre !”

Ren se laisse aller à un de ses rares sourires. Un de leurs spectateurs les plus fidèles leur avait proposé plusieurs fois des donations massives pour l’organisation d’un show “personnalisé” avec pour cible ses parents vieillissant et leur emprise trop longue sur un héritage des plus juteux. Cela aurait, évidemment, fait un lien trop direct entre le show et cette personne, mais la recherche d’un terrain “neutre” sur lequel rencontrer Bane avait changé la donne. Quoi de mieux qu’une belle maison isolée, loin dans la partie boisée de Bristol, hors de vue ou d’oreille des chauve souris détectives qui hantent les toits et gargouilles de la ville.
Autant faire d’une pierre deux parents morts.

“J’ai envoyé un message au Burner il y a 5 minutes, il ne devrait pas tarder. Je vais prendre la numéro 3.”

Ne tenant pas à insulter le Luchador, Ren a décidé de prendre elle-même le contrôle d’une marionnette ce soir, loin de ses habitudes, quelque chose lui dit pourtant que d'envoyer un proxy pour négocier serait perçu comme une insulte.
Ce qui nous ramènerait probablement au scénario purée humaine.
Son jouet du soir est feminin, même si bien plus imposante que son corps réel, habillée d’un élégant costume blanc qui ne fait rien pour cacher sa carrure amazoniene, son visage dissimulé par l’un de ses masque miroir de rechange - nettoyé de toute possible trace de sa personne.
Le casque de réalité virtuelle glisse devant ses yeux, ses mains se resserrent sur les manettes.

Ren est encore en train d’ajuster les commandes de sa marionnette lorsqu’une silhouette massive se dessine dans l’ouverture de la porte d’entrée.
Certains pourraient dire que Bane est venu en “civil”, mais dissimuler la montagne de muscles venomisé sous un sweat-shirt est sans doute aussi discret que si Two-face portrait une paire de lunettes de soleil en guise de costume. La Vénézuélienne ne doute pas un instant que plusieurs personnes sur le chemin ont eu la peur de leur vie si leur regard a fait l’erreur de se perdre assez longtemps sous la capuche pour apercevoir le masque si reconnaissable.

L’homme possède la démarche inimitable d’une personne qui se sait être la plus dangereuse dans la pièce.
Le déhanché assuré d’un Apex prédateur alors qu’il vient se vautrer, sans un iota de politesse ou de méfiance, sur le canapé hors de prix du couple décédé. Sa voix est reconnaissable entre toutes, avec les derniers echo d’un accent que sa carrière prolifique en amérique du nord n’a pas encore fini d’effacer. Une étrange pointe de nostalgie se glisse derrière le sourire de Ren et elle a presque envie de lui répondre en espagnol pendant un instant. Mais ce serait un indice, et ce serait déjà un de trop, aussi vague soit-il.

“Merci, je me disais que vous sauriez apprécier ce genre de jouet.”

On peut entendre son sourire malgré le modulateur et elle prend le temps de faire poser sa marionnette sculpturale, les muscles tendent dangereusement le tissu de son costume pendant quelques secondes.
Ren est assez heureuse que le Luchador aille directement aux affaires, trop de criminels locaux ayant une étrange appréciation des “rituels” de politesse abusive, chacun prenant le temps de lister les titres de l’autres, de complimenter leurs affaire et d’y glisser quelques plus ou moins subtiles menaces.
Quelle perte de temps.

“Pour ce qui est de nos intentions, le show n’en a aucune à votre égard, a moins que vous vouliez faire une apparence dans l’une de nos émissions ?”

L’idée est intéressante, surtout si l’échange d’aujourd’hui est fructueux : un petit combat de montre entre des marionnettes boostées et le “visage” même du venom. Un très bon étalon de la performance des jouets et une vidéo qui serait adorée par les fans !

“Quand a votre production, je pense que nous pourrions en faire un usage des plus cinématique pour l'émission !”

Une pointe d’excitation se glisse dans sa voix alors qu’elle prend place dans un fauteuil en face du luchador, la marionnette étrangement fluide malgré la passion clairement audible de Ren.

“Une corde de plus à notre arc, frappante, plus unique que les armes à feu, de quoi donner un peu de fil à retordre lorsque nos jouets croisent la route des justiciers locaux…”

Malgré la puissance de feu écrasante dont elle peut équiper ses jouets, et l’absence totale de retenue des joueurs, Gotham possède une étrange résilience, un comité d'accueil qui ne cesse de se renouveler, de grandir. Face à des chauve-souris au gadget à faire pâlir 007 et des Blondes assez fortes pour briser un homme adulte d’un seul coup de poing, le show a clairement besoin d’un petit truc en plus.

“Et je pense que vu la quantité et la régularité de nos achats a venir, il valait mieux voir directement avec vous.”