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 Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong]

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AnonymousInvité
MessageSujet: Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong]   Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong] EmptyMar 25 Oct 2022 - 21:07




  • Type de RP : Normal
  • Date du RP : 25/10/2018
  • Participants: Katheleen Grandt / Tian Hong
  • Trigger warning: Tentative de suicide ou de meurtre jsp
  • Résumé: Porcelaine est revenue dans les Narrows pour intercepter un Détective un peu trop curieux ; la Porcenalité qui a aidé le Détective décide de la tuer ce qui la blesse grièvement. Elle est envoyée à l'hôpital le plus proche pour être rapidement aidée.




Dernière édition par Porcelaine le Mar 25 Oct 2022 - 21:58, édité 1 fois
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AnonymousInvité
MessageSujet: Re: Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong]   Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong] EmptyMar 25 Oct 2022 - 21:57

réparer la poupée
un contretemps

with the good doctor —

Cruelle. Très cruelle. La poupée, coincée à l'arrière du véhicule, se vidait de cette huile qui circulait dans ses circuits. Inattendu. Inattendu qu'une autre fille dont elle n'avait jamais eu aucun souvenir ait pu comploter derrière son dos pour la faire arrêter. Elle avait contacté ce détective privé à son insu et l'avait aiguillé sur les lieux de crimes dont la police n'avait pas idée. Avait-il seulement trouvé des choses qui auraient pu le mener jusqu'à elle, dans les Narrows ? Son contrat avec Le Gùn ne tenait qu'à un fil, si elle devenait un danger trop grand pour lui, elle craignait qu'il coupe court. C'est pourquoi, Athénaïs a dû devancer sa sinistre sœur maudite et intercepter le détective privé avant que celui-ci ne devienne une plaie.

Comment des autres personnalités avaient-elles réussi à tentaculer son esprit sans qu'elle s'en rende compte ainsi ? Les médicaments du Dr. Crane ne faisaient-ils plus effet ? C'était un imprévu de taille. Avec quelques hommes de Wong Liang, elle avait ce que tout serial killer ne devait jamais faire car c'était ce que tous les tueurs en série incapables faisaient : revenir sur les lieux du crime. Pour tout dire, elle ne comptait pas le faire, et n'aurait jamais eu à le faire. Ce qu'elle n'avait pas enseveli en partant n'aurait jamais eu être découvert. Jamais. Athénaïs était bien plus minutieuse que toutes les autres poupées, c'était à elle que feue Clémence Sinclair avait délégué la responsabilité de toutes les autres.

Alors pourquoi... pourquoi ? Il fallait garder le contrôle. Et le contrôle... elle aurait dû le garder, jusqu'à ce qu'une fois le détective neutralisé et chargé, le visage de l'immonde traîtresse se découvre. Oh, la petite n'avait pas de nom, elle n'avait pas de cœur, pas d'âme. Qui était passée sous l'œil d'Athénaïs et de toutes les poupées, qui avait pris contact avec le détective pour orchestrer savamment la chute de la Poupée Porcelaine.

Mais elle avait commis une erreur qui a permis de percer à jour son existence. Et une seconde erreur en pointant le canon de ce pistolet contre son doux visage. Oh, ma chérie, ma belle. Tu te fourvoies. Tout ce que tu arriveras à tuer, c'est toi. Alors lâche cette arme... et tu vivras.

Elle n'a pas crue Athénaïs. Et en est morte.

S'il y avait un moyen de le prouver... dans tous les cas, difficile de survivre avec une balle dans le cou. La petite traîtresse s'était tue. Le souci qui survint ensuite... c'était la balle dans le cou. Ca aurait pu être pire, bien pire, mais avait qu'elle puisse réfléchir, on l'a précipita dans le véhicule. Les voitures de police alertées par le coup de feu commencèrent à quadriller la zone.

Si le Gùn l'apprenait, il deviendrait fou. Ca n'allait pas aller. Hors de question de trouver Porcelaine dans cette voiture, hors de question d'attendre trop longtemps et de mourir. Pas de douleur, pas une once. Battement du cœur stable. Simplement l'écho de la petite traîtresse qui a vu la mort arriver, bien lentement, devant le regard impassible de sa maîtresse. Elle décida de prendre l'initiative, et dit alors au chauffeur, d'une voix brisée, tentant de ne pas s'étouffer avec le sang qui montait dans la bouche.

- 蒋介石。请把我放在这里。我把情况掌握得很好。把我放下。有警察在,我们不能冒任何风险。他们会照顾好我的。

Un mandarin... simplifié. Difficile d'expliquer pourquoi elle l'avait appris aussi vite, et bien que ses mots semblaient étrangement tordus et l'accent venir d'une province qui n'existait plus depuis la Dynastie des Song du Sud, ça restait compréhensible. L'artère n'était pas touchée, heureusement, mais ça n'était pas beau. Si il apprenait qu'elle avait déconné... qu'adviendrait-il d'elle. Sa mort l'effrayait moins d'avoir déçu son protecteur, et d'avoir sali la banquette de cette belle caisse. Débaroulée devant la porte arrière, elle arriva en trombe dans la clinique dans les bras de son chevalier servant du soir. Il faisait sombre, il n'y avait pas un bruit dans les couloirs.

Ils avaient intérêt de ne pas avoir menti. Mais Porcelaine ne pouvait pas risquer de traverser la moitié de la ville avec les policiers dans les parages tout en se vidant. Ca serait la fin de l'aventure, ici, il y avait une chance. Transportée par Paul comme une princesse, devant la première personne, elle sentit une baisse de pression. La douleur n'était pas là. Les morts n'ont plus mal. Mais le froid la gagnait.

- J'ai besoin de quelques réglages. AB+. Faites vite.souffla-t-elle à qui allait l'entendre, avant de fermer les yeux, inactive.




Dernière édition par Porcelaine le Mer 26 Oct 2022 - 17:39, édité 2 fois
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Yakuza
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Tian Hong
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MessageSujet: Re: Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong]   Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong] EmptyMer 26 Oct 2022 - 17:27

Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong] 8kvxRéparer la poupée [Katheleen / Tian Hong] MhNXK29



« Qu'est ce qu'elle raconte ? Eh Paul ! Elle a dis quoi ? Questionna le jeune chinois avec inquiétude.

- Ta gueule ! Ferme ta gueule ! Hurla rageusement le gangster. Pas de nom ! Et pas se faire chourrer son calibre par une… Guette la route et boucle là, définitivement !

Un bras passé sous l'aisselle gauche de Clémence, le bras enroulé devant sa petite poitrine pour appuyer sa main sur l'impact d'entrée et garder l'œil sur l'issue qu'avait emprunté la balle, de l'autre côté du cou, sa main droite cramponnait son glock si fort qu'il en avait des crampes à présent. L'Apprenti aurait aimé s'imaginer en protecteur comme dans les films, la main sur l'hémorragie, l'autre avec le flingue posé sur le ventre de la femme à secourir… mais c'était d'elle-même qu'il devait la secourir, alors putain de hors de question d'être aussi con que son comparse à la place passager de la BMW Série 4.

-
冷静下来。我们马上就到。你会看到,在黎明之前,我会付给你一个小时和一个来自西安的女孩。
» [Calme toi. On arrive dans une minute. Tu verras, avant l'aube, je te payes une heure avec une des filles de Xian.]


Tchang se voulait rassurant au volant de son cabriolet, et fort heureusement, son protégé ne pouvait pas s'apercevoir qu'il avait bougé son rétroviseur pour garder un œil sur lui et Porcelaine. Toute cette mission n'était que connerie sur connerie, motivé par l'impossibilité à contrôler une satanée tarée qu'ils auraient dû foutre dans une cellule. Les gars de Tao étaient revenus de loin et se remettaient encore de la foutu drogue qu'elle leur avait livrée. Tian avait refusé d'entendre ses conseils, et les voilà à chercher d'où vient l'echo des sirènes, avec un privé dans le coffre et une suicidaire pissant le sang sur sa putain de banquette en cuir. Le Malfrat se voulait rassurant, ouais, mais il n'avait qu'une envie, et c'était de loger une balle dans la tête de la française et laisser son cadavre en pâture aux flics et aux médias.

Mais même pour presque quinze ans d'amitié, ça, le Gùn ne le lui pardonnerait pas. Aussi se contenta t-il de freiner sans trop de brusquerie devant la clinique la plus proche de leur position.


« Debout poupée, moi non plus je prend aucun risque. Hé, machin, prend ça. Lança l'Apprenti en mettant la sécurité de son glock pour le passer au passager devant lui.

Lorsque ce dernier agrippa l'arme, le conducteur se retourna derechef et attrapa l'avant-bras de Paul. Croisant son regard, le vétéran murmura, à peine audible par dessus le ronronnement du moteur allemand :


- 停了下来。放下它,我们会在你回来时通知你。[Arrête. Lâche-là, on avisera au retour.]

- 不需要我照顾笨重的物品。只要确保他没有做任何其他废话。» [Pas besoin de moi pour s'occuper d'un encombrant. Assure toi juste qu'il fasse pas d'autres conneries.]

Comme pour faire savoir à l'idiot de service qu'on parlait bien de lui, Paul dégagea son bras de l'étreinte de son supérieur et envoya un coup de poing dans l'appui-tête devant lui. Puis, bien décidé à ne pas hésiter, ne pas prendre conscience de l'immensité des risques de son choix, il ouvrit la portière dans son dos, mit pied à terre et tira Porcelaine avec lui jusqu'à ce que ses jambes trouvent elle-même leur appui.

Manquant presque de leur rouler sur les pompes, le bolide reparti en trombe, claquant la portière dans son sillage. Laissés seuls devant la clinique, l'Apprenti changea de position, attrapant d'autorité une main de la blessée pour l'inviter à presser elle-même l'impact de balle qui n'avait raté la jugulaire que de peu. Délesté de cette tâche, un bras autour des épaules, l'autre passé sous ses genoux, il bascula doucement la jeune femme et la souleva en soufflant légèrement. Elle n'était pas bien lourde, non, mais l'Apprenti n'avait rien d'un athlète non plus.

En entrant dans la clinique, le jeune sino-américain se laissa traverser par une expression de surprise mêlée d'horreur. L'endroit semblait à peine être ouvert, sombre, sans activité, silencieux, et tout d'un coup, il pu entendre son cœur battre la chamade dans ses oreilles. Ils furent heureusement aussitôt repérés par un membre du personnel médical mais, à l'instant où le gangster cru pouvoir relâcher la pression, la poupée renvoya sa jauge de stress à son maximum en perdant connaissance.


« Non ! Non, non, non ! Me fais pas ça ! Hé ! » S'exclama t-il, impuissant.

Et si, l'instant d'avant, il lui avait paru futé et prudent de faire rentrer miss Sinclair d'une manière aussi théâtrale pour monter une quelconque histoire rocambolesque, il était malgré lui en train d'en faire cent fois plus et mille fois plus crédible alors qu'il s'alarmait pour sa misérable existence de criminel. Se voyant déjà, au choix, découpé en rondelle dans une cave de Chinatown ou "suicidé" dans une cellule de Blackgate, il mit un genoux à terre, puis le second.

Incapable de supporter plus longtemps le poids de la jeune femme, ses yeux s'embuèrent, mais il ne sanglota pas. Il ne lui restait qu'à attendre que quelqu'un de compétent lui retire ce corps inconscient des bras, en attendant, il n'était qu'un salopard de mafieux arborant par chance la plus parfaite couverture du petit ami éploré vivant une tragédie terriblement banale à Gotham City.
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Katheleen Grandt
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MessageSujet: Re: Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong]   Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong] EmptyDim 20 Nov 2022 - 21:58

Le docteur Katheleen Grandt avait passé ce que l'on appelle en des termes médicaux techniques une bonne grosse journée de merde. En fait ce n'était pas si spécifiquement médical comme expression, et encore moins particulièrement technique, mais il faut bien reconnaître que c'était particulièrement adapté.

C'était sans aucun doute le moindre de ses défauts, mais cette journée avait été  particulièrement longue. On pouvait  être un médecin aguerri, croire en sa profession de toute sa force et aimer son métier de tout son cœur, il n'en demeurait pas moins que lorsqu'une journée de travail, après un début de semaine déjà éreintant commençait à quatre heure du matin et durait vingt-huit heure, on pouvait sur la fin sentir une certaine hâte qu'elle se termine et de retrouver son oreiller. Surtout lorsque la journée en question se trouvait être une succession de coups violents au moral et à l'espoir.

Le docteur avait été réveillé au milieu de la nuit parce qu'un dingue avait tiré au hasard dans la foule dans un camp de sans-abris de l'East End et que les urgences de la clinique étaient sur le point d'exploser. C'était la deuxième fois en moins de deux semaines que de tels faits se produisaient et cela commençait à faire beaucoup, même pour Gotham, même pour l'East End. L'attaque n'avait pas été aussi terrible, aussi violente, aussi efficace que la précédente, une boucherie atroce, gratuite et cruelle si l'on en croyait le témoignage glaçant des quelques survivants qui avait fui en sautant dans les flots ou s'étaient cachés sous les cadavres de leur compagnons d'infortune et avaient atterrit blessés, mutilés et transis jusqu'aux os à la clinique. Plusieurs étaient encore dans les chambres de l'hôpital, entre la vie, la mort et les hurlements tirés de leurs cauchemars. Et aujourd'hui, la même horreur lui avait encore coûté de voir deux hommes, dont l'un était jeune encore pousser leur dernier soupir sur un lit de la clinique, le corps criblé de balles, et même alors que le soir était tombé, elle n'aurait pas su dire de plusieurs d'entre eux s'ils se rétabliraient un jour. Bandes de salauds...

Oui, le mot était faible, ridicule, dérisoire. Mais en comparaison de l'horreur des faits, de l'horreur de la mort de ses gens, de l'horreur des souvenirs qui hanteraient chaque seconde des jours qu'il resterait à subir à ceux qui vivraient, tous les mots seraient dérisoires et il n'existait pas dans le vocabulaire les mots qui auraient permis à Katheleen d'exprimer le dégoût et la colère qui prenaient le cœur de la jeune femme lorsque la bassesse et la cruauté des Hommes se faisaient si noires qu'elle n'entendait plus dans le brouhaha de la cité que sa propre révolte.

Dans une ville comme Gotham, partagée entre déments sociopathes, tueurs sans remords et mafieux sans scrupules, les matinées passées à placer des pauvres gens sous transfusion, retirer des plombs de leur corps et panser des plaies sanguinolentes n'étaient pas exceptionnelles. Mais même l'habitude ne suffisait pas à s'habituer à l'horreur et en dix ans d'exercice de la médecine, elle ne s'était jamais habituée à voir des Hommes mourir.  

Le corps de la deuxième des victimes était à peine sorti des murs de la clinique que c'était au tour de l'heure de pointe et de l'habitude de ses concitoyens de s'enfermer au volant de  polluantes et quelquefois dangereuses boîtes de métal pour y foncer, comme le dit la chanson de Smiths, vite et nulle part, de déverser dans les urgences de l'hôpital son lot de mourants. Et quelquefois, la course effrénée des travailleurs pressés de pointer au boulot craignant de perdre leur salaire pour cause de retard au travail, faisait un détour définitif au cimentière.
 
De ce qu'elle avait compris, mais investiguer sur les causes n'était pas son métier, elle, elle ne faisait qu'essayer de recoller les morceaux, un jeune motard avait percuté à pleine vitesse la portière d'une voiture qui déboîtait, et le conducteur de celle-ci, perdant sous le choc le contrôle de son véhicule qui en avait heurté un autre. La rencontre avec le jeune homme aux organes en lambeaux sous le blouson de cuir noir lui avait broyé le cœur presque autant que l'impact ne l'avait fait du crâne du motard. Rencontre brève d'ailleurs. Seulement quelques minutes après son arrivée entre les murs de la clinique, il avait rendu son dernier souffle sous les néons blancs de couloirs de l'hôpital sans même avoir eu le temps, ni d'être examiné par un médecin, ni de revoir ses proches.  Il était plus jeune encore que ne l'était Alan quand un camion ivre avait mis fin à leur amour. Le passager de la voiture n'avait pas connu un meilleur sort et le conducteur ne retrouverait sans doute jamais l'usage de ses jambes. Quel gâchis ! Quel immonde  gâchis...

Katheleen détestait viscéralement les accidents de voiture. Le docteur Grandt ne supportait pas de remplir des certificats de décès. Même à Gotham, la mort n'avait pas que le visage des déments d'Arkham et des traînées de sang  que laissaient dans les rues l'échec de l'hôpital psychiatrique à contenir entre ses murs, à défaut de pouvoir soigner, les furieux parcourus de pulsions assassines. Elle avait aussi celui, cruellement banal, de l'enfer qu'était le trafic routier gothamite et de l’absence d'efforts de la municipalité pour le réguler un peu. Le cœur de Katheleen saignait à chaque fois qu'elle remplissait le certificat de décès d'accidentés de la circulation. L'horreur de toutes ses vies brisées, l'horreur qu'elle lisait dans les yeux de survivants dont les jours qu'il le restaient seraient peuplés de cauchemars, l'horreur de voir mourir, c'était peut-être son métier, un enfer qu'elle avait accepté de subir, parce que sinon, elle serait allée planter des salades dans le Middle West , mais ça n'en demeurait pas moins un enfer.

Et même dix ans de métier qui lui avait donné l'habitude de l''atroce ne suffisaient pas à s'habituer à l'horreur. L'horreur de tous ses cadavres, l'horreur de la cruauté des Hommes et de l'existence, l'horreur de voir mourir, c'était peut-être son enfer quotidien, mais ça n'en demeurait pas moins un enfer.



Il était vingt-trois heures, la nuit était tombée sur Gotham et seuls les néons des couloirs vides transformait en pénombre verdissante l'angoissante obscurité. Étrangement le calme de cette pénombre avait pour la jeune médecin quelque chose de reposant, alors qu'elle sortait de la chambre d'hôpital d'une vieille dame atteinte d'une tumeur maligne et d'une forte allergie à la solitude, à laquelle elle avait administré son traitement et autant de mots rassurants qu'elle pouvait en prodiguer. Mais elle savait que cela ne suffisait pas. L'incertitude de se sa survie pesait sur cette femme et lui minait la santé,  elle minait aussi le moral du médecin. Elle se sentait trop petite pour la tâche. Elle n'était pas cancérologue de formation, et même si son collègue qui l'était ne manquait pas de capacités, c'était face à ses situations que la mort d'Alan lui pesait le plus. Chacun en spécialisation dans l'une des deux maladie qui tuaient le plus, et maintenant elle seule. Allait-elle échouer à sauver cette femme ? Alan aurait-il réussi à la sauver ?

Elle s'autorisa cinq petites minutes de pause avant d'aller surveiller les paramètres vitaux d'un patient atteint de cirrhose, le temps de boire un café. Pendant que le léger bourdonnement de la machine emplissait la pièce, le docteur posa la tête contre la vitre froide, regardant au dehors la nuit brune sur la rue, percée de part en part par la lueur jaune des quelques réverbères dont les vandales et les rixes n'avaient pas encore eu raison, reflétant leur lueur ocre sur les feuilles jaunissantes de l'un des rare platane des Narrows à tenir encore le coup.

Le ronflement pressé d'un moteur qui se précipitait vers la clinique attira soudain son attention. La voiture plia brusquement devant les portes de l'hôpital. Depuis sa place, Katheleen voyait aisément le remue-ménage qui se déroulait dans la voiture indirectement éclairée par les réverbères. Une silhouette au volent, une autre sur le siège passager, se passant avec une allure pressée ce qui ne semblait pas être que des mots, mais aussi des armes.  Sur le siège passager , à côté de l'un des individus, un corps. L'allure de la voiture, le maintien des Hommes qui s'y trouvaient, l'allure des voix indistinctes et  la tonalité des mots qu'ils s'échangeaient.... tout semblait signifier qu'on ne venait pas à la clinique parce que mémé avait de la fièvre.

Se brûlant en avalant à la hâte deux gorgées d'un café encore chaud, Katheleen vérifia presque machinalement que son arme de service était bien chargée et dans sa poche comme à l'ordinaire. Ce geste l'avait toujours mise mal à l'aise, surtout depuis le procès du commissaire. La jeune femme n'aimait pas les armes. On pouvait même aller jusqu'à dire qu'elle les détestait franchement. Elle avait trop vu de plombs perçant des organes vitaux pour ne  pas les haïr. Mais cela ne l'empêchait pas de savoir s'en servir. Si l'arme de poing dans sa poche avait essentiellement une fonction de dissuasion et que le docteur n'était en aucun cas un tueur, elle savait que si elle devait tirer dans le radius ou l'épicondyle du bras qui pointerait une arme dans sa clinique vers un médecin ou un patient , elle le ferait. Puis elle laissa le reste de la tasse refroidir dans un coin pour aller immédiatement à la rencontre de ceux qui entraient dans l'hôpital. La pause, ce serait pour plus tard.



Elle fit face à un jeune homme au  regard fou d’inquiétude, maintenant une jeune femme à la longue chevelure blonde qui présentait au niveau du cou une blessure qui saignait abondamment. Alors que la médecin venait à leur secours. La jeune femme s'évanouit. Choc circulatoire hypovolémique. Classique mais préoccupant. Ôtant d'autorité le corps inconscient de la jeune fille des mains de son accompagnateur pour la placer dans la position appropriée pour qu'elle perde le moins de sang possible, elle examina rapidement la plaie et disposa son pouce ganté en dessous de la blessure au niveau de l'artère coronaire avant d'appeler collègues et brancard approprié pour transporter la blessée en salle d'opération.

« Dans le cas de ce type de blessure, il est préférable de réaliser un point de compression en dessous de la blessure parce que la perte de sang est  particulièrement importante et surtout parce qu'appuyer sur une plaie comportant un corps étranger risque d'accentuer la blessure. Néanmoins votre action quoique maladroite lui a probablement sauvé la vie. » (*) précisa-t-elle d'un ton apaisant au jeune asiatique qui tombé à genoux semblait sur le point de fondre en larmes, de faire une crise de panique ou d'avoir un infarctus. Le calme de sa voix et la précision du propos avaient pour but de lui signaler que désormais, celle qu'il avait amené ici était entre des mains professionnelle et compétentes. Désormais, il pouvait relâcher la pression. Très physionomiste, Katheleen l'avait immédiatement reconnu. C'était le jeune homme paniqué du procès, celui qui avait perdu tous ces moyens lorsque la valeur du contrat qui avait failli tout coûter au commissaire Gordon avait été énoncée, celui qui avait conservé un air déboussolé, presque traqué pendant toute la délibération, mais avait voté l’acquittement. Elle aurait pu se douter plus tôt à quelque chose dans son attitude qu'il pouvait être mêlé à des affaires louches.

« Bonsoir Monsieur, enchantée de vous revoir quoique j'eusse naturellement préféré que cela soit dans des circonstances moins dramatiques. » ajouta-t-elle par politesse avec une douceur prononcée, pour calmer l'inquiétude du jeune homme pendant qu'on apportait un brancard pour y emmener la blonde. Elle n'avait pas assez de mains pour en même temps arrêter l'hémorragie et réaliser un massage cardiaque.

Le docteur aida ses collègues à déposer la jeune femme toujours inconscientes sur le brancard. Ils l'emmenèrent. Avant que de les rejoindre pour placer la jeune femme sous assistance respiratoire et sous perfusion de sérum physiologique, vérification du groupe sanguin -certes elle avait dans le dernier souffle de son évanouissement prétendu être AB+ (receveur universel, merci beaucoup c'était fort pratique), mais cela il fallait tout de même s'en assurer –  transfusion, retrait de la balle et fermeture de la blessure, c'est encore une fois au jeune homme qu'elle s'adressa. L'autre était inconsciente et qui qu'elle soit, elle ne représentait en conséquence pas un danger immédiat.

« Votre... - elle hésita un instant sur le mot- amie... - elle employa un ton qui sans se mouiller signifiait poliment qu'elle utilisait ici "amie" comme un mot qui pouvait signifier de connaissance professionnelle à maîtresse – va être prise en charge dans les plus brefs délais. Je m'en occupe. Quand à vous, je vous recommande d'aller vous laver les mains dans les plus brefs délais et de me signaler, lorsque j'aurais fini de m'occuper de madame, naturellement, si vous présentez sur celles-ci des blessures, même superficielles qui peuvent être un point d'entrée d'infections transmissibles par le sang. Par ailleurs vous pouvez attendre des nouvelles de madame dans la salle d'attente. »[/b] Elle lui fit un sourire aussi doux qu'apaisant mais enchaîna. [b]« Cependant, si vous êtes armé, je préférerais que vous ne le demeuriez pas dans cet hôpital. » Quoique dépourvu de la moindre animosité, ni même de la moindre froideur, le ton d'une autorité respectueuse, n’admettait pas la contestation.






--------- ----------
NDA(*) J'ai passé pas mal de temps à faire de la recherche biblio pour savoir si je ne disais pas trop d'inepties, mais sur ce point, contrairement à mon perso, je ne suis pas tout à fait sûre de moi sur ce point dans la mesure où certaines sources mentionnent le fait que la technique du point de compression est de moins en moins utilisé en secourisme.


Autoportrait de Kathleen Grandt dans son cabinet:


Dernière édition par Katheleen Grandt le Dim 30 Juil 2023 - 18:33, édité 4 fois
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AnonymousInvité
MessageSujet: Re: Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong]   Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong] EmptyDim 4 Déc 2022 - 19:42

réparer la poupée
un contretemps

with the good doctor —

Après le silence vient la douleur. Avec la douleur vient la poupée Porcelaine. Après Porcelaine, le silence... après le silence... moi. Une lumière venait du couloir. La nuit était tombée. Depuis quand ? Athénaïs se mit tousser. Une violente douleur la prenait au cou... encore cette blessure ? Cela devrait être cicatrisé depuis longtemps... non, ce n'était pas cela. Elle ne reconnaissait pas cette hôpital. Il n'y avait pas ces odeurs d'encens ou de friture qu'on pouvait avoir dans les cliniques... luxueuses à douteuse de Chinatown. Donc, elle était en danger. Elle tenta de bouger. Fut bloquée dans sa respiration, se mit à panier, et finalement à se calmer à une voix qui résonna d'un coup.

- Bien dormi ?

- Où... Quand ?

- Qui ? Athénaïs et Rannilaine. Quand... J'en sais rien. Où, la clinique Elizabeth Blackwell.

Elle en avait entendu parler. Elle leva la main, l'observa dans le noir. Si blanche. Comme... pétrifiée. Elle se tâta le corps d'une autre main embuée pour finalement tomber sur des bandages au cou.

- Qui... ?

La poupée bleue aux quatre bras et aux deux visages qui s'était extirpée de son sac se laissa lourdement tomber sur le lit avant de s'approcher d'Athénaïs, pour ne pas avoir à crier.

- Aucune idée. Elle était là, elle a pris ton arme et a voulu te faire sauter le caisson. Mais je crois qu'on s'est sauvées.

Trop fatiguée pour s'énerver... mais quand même. Son corps se tendit dans les draps, sa bouche se crispa et elle lâcha un cri de douleur, avant de se détendre, et se remuer, en vain. Toutes les forces de son corps avaient disparu. Il fallait... de l'huile... de l'énergie... de la graisse... du sang ! Elle n'était plus qu'un pantin désarticulé et vulnérable.

- Fuir...

- J'pense qu'on est en sécurité, ici.

- Disparais. Laisse-moi dormir.

- Je crois que on en serait pas là si tu avais le pouvoir de faire disparaître celles qui te parlent sans ton accord, tu crois pas ?

- Ta gueule.

- Cinglée suicidaire.

- Ferme ta putain de g--

Le silence. Un sommeil sans repos. Et une autre voix.

- Bien dormi ?

- ...encore ?

La petite poupée d'à peine une dizaine de centimètres était appuyée sur son visage. Elle le tâta un moment, Athénaïs finit par bouger la tête.

- ...je veux partir.

- Tu dois te reposer.

- Qu'est-ce qu'ils vont en penser ? Je suis dans la merde. La merde !

- Ah, oui, la petite tentative de suicide, hors du territoire qui plus est... tu t'es bien mise dans la merde. Rien de plus à attendre d'une malade mentale comme toi. Si c'est pas comme ça, ça sera jamais de façon plus glorieuse, j'en ai bien peur. Tu as mal ?

- Je crois...

- Tu devrais pas t'assoupir. Je crois que quelqu'un arrive, et si tu t'endors, j'ai bien peur qu'une demoiselle un poil plus acariâtre reprenne le relais. Tu veux pas te retrouver à dévorer celle qui t'a sauvé la vie, non ?

- Arrête.

- Tu es faible, et cinglée.

Une ombre entra dans la pénombre. C'était cette femme qui l'avait sauvée ? Elle avait de beaux yeux bleus, qui donnaient à Athénaïs une furieuse envie de... les retirer de leur orbite. Quelque chose de profond, qui bourdonnait entre elle. Mais ils étaient tels des saphirs. La petite poupée bleue au grand chapeau de sorcière se tenait debout à côté et fit une révérence. La grande poupée à ses côtés se tordait dans son lit, la douleur au cou lui revenant. Des cheveux bruns, attachés sur la nuque. Il y avait toutefois en cette personne... quelque chose de brisé. De fatigué. Porcelaine voulut prendre la parole, mais ne put pas. Sa gorge s'éraillait. La petite poupée pouvait mieux parler, via ventriloquie. Alors, elle transmit ce que Porcelaine avait à lui dire.

- Elle... a mal à la gorge. Vous devriez... vous... ménager ? Vous avez l'air au bout du rouleau. Il n'est pas bon... porter le poids du monde sur d'aussi frêles épaules. Vous allez craquer, tôt ou tard. Je pense qu'elle a raison.

Ce n'était pas le moment de parler de ça. Ni le lieu, ni rien. La petite poupée paniquait. Athénaïs avait fermé les yeux. Elle soupira avant de finalement ajouter, tout en tenant sa tête dans sa main.

- Votre visage le hurle. Mes oreilles bourdonnent à leurs plaintes. Tels des pieux enflammés qui me perforent les tympans. J'ai... mal... mal ?

C'était ça. A peine portait-elle son regard sur son visage que les hurlements lui venaient. Il lui fallait ses médicaments. Le visage de cette femme se transmutait devant elle : il devenait sombre, et semblait vieillir spontanément Les globes oculaires se retournaient, sa peau fondait. La poupée paniquait, cherchait son sac de la main. Calmer. Calmer. Médicaments. Comme parcourue d'un haut voltage, elle convulsa et se mit à pleurer. C'était insupportable.


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MessageSujet: Re: Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong]   Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong] EmptyMar 27 Déc 2022 - 19:07

Depuis l’ombre de la porte entrouverte, une silhouette en blouse blanche observait celle à qui ils venaient sans doute de sauver la vie. La balle n’avait pas causé de dommages majeurs, ou plutôt, bien moins que cela aurait pu être. La chance répartissait semblait-t-il ses cartes avec un aveuglement injuste ou un sens de l’humour des plus douteux. Si elle  avait été plus croyante sans doute le docteur aurait-elle cherché dans quelque miséricorde des cieux envers les âmes folles et perdues une réponse métaphysique à ce genre d’ironie. Mais Katheleen Grandt avait depuis longtemps cessé de feindre la piété et avait trop fréquenté les hôpitaux pour ne pas savoir que la mort ne discrimine pas, qu’elle n’était pas juste, qu’elle était trop horrible enfin pour pouvoir prétendre être une justice. Le frêle cou de jeune fille qui avait avalé des lambeaux de chair d’Hommes ne garderait des luttes intestines de son crâne qu’une cicatrice effilée qui ne serait pas la première, elle l’avait bien vu, et pas la dernière, elle pouvait le prévoir.

L’opération avait duré deux heures. Le docteur Grandt, le docteur Stoppard et l’infirmière avaient vu le visage aux traits doux et enfantins, à la peau pâle, un petit nez fin, une bouche en biseau, encadrés par des cheveux bruns roux mi-longs. Ses paupières étaient closes, mais ils savaient que reposaient des yeux bruns et un  regard égaré, extatique et innocent. Le regard d’une tueuse.

Ils avaient constaté. Ils savaient. Ils ne s’étaient pas étonnés. Ils n’avaient rien déclaré. Sans commentaire.

Intubation trachéale, introduction du cathéter dans la veine, verification du groupe sanguin - AB+, elle ne s’était pas trompée-, transfusion, désinfection, stérilisation d’une pince hémostatique, retrait de la balle et des tissus nécrosés, suture, pansement… Les gestes étaient de l’ordinaire; cette ambiance dans un silence suspendu qui donnait comme par une fenêtre, sur une rue aux tons noirs et bruns sous le jaune nuit des réverbères était celle d’un autre monde. Le bloc opératoire était pourtant éclairé d’éblouissantes lumières du blanc métallique d’usage. Mais le silence rythmique du respirateur artificiel était si lourd que la pièce semblait comblée d’ouate et que le moindre scalpel posé sur le support de métal paraissait résonner.

Ils l’avaient laissé se reposer, Katheleen avait seulement déclaré qu’elle serait celle qui irait lui parler lorsqu’elle se réveillerait.

Et maintenant, sa silhouette vêtue de bleu se tenait dans l’ombre et observait la petite jeune femme qui dialoguait seule avec une petite poupée et des gestes exsangues et secoués. Des sentiments mitigés envahirent la médecin. Elle entrevoyait beaucoup plus de souffrance que n’en pouvait contenir la pièce à travers le corps frêle allongé sur un lit d’hôpital. Pas seulement celle des victimes qui avaient terminé dans l’estomac de la folie, mais aussi celle de la démente qui se déchirait avec elle-même et puis l’angoissante solitude de celle qui sans doute avait si peu d’amis qu’elle ne pouvait parler qu’à elle-même, si peu de personnes en qui avoir confiance qu’elle ne pouvait s’inclure dans le lot, et pas seulement celle, sans issue, des veufs, des orphelins et des parents qui lui devaient la cruelle et définitive absence de ceux qu’ils aimaient.

L'indiscrétion qu’il y avait à observer à leur insue les patients était peut-être de ces plis ambigus que l’on prend à travailler dans les asiles, mais c’était au nombre des défauts que Katheleen n’avait pas. Aussi, elle sortit doucement de la nuit pour devenir plus visible dans la pénombre, s’approchant avec une appréhension qui ne pouvait tout à fait s’empêcher de trouver son gilet pare-balle mince et de penser que le revolver dans sa poche semblait presque peser le poids de ses responsabilités. C’était là un poids bien lourd pour des épaules qui sans rompre ne pouvaient ne pas quelquefois se sentir se voûter.

Elle n’était vraisemblablement pas la seule à le sentir, puisqu’elle s’entendit dire, presque supplier de se ménager. Légèrement estomaquée, la médecin aux yeux cernés esquissa un sourire aussi bienveillant qu’amusé par l’absurdité comique de la situation. A côté de ses gens bien intentionnés et propres sur eux, de ses pouvoirs publics qui réduisaient chaque année le budget de santé de la ville, de plus en plus ridicule face à la frénésie meurtrière de Gotham, se souciant bien peu de ce que cela mettait tout le monde en danger et tuait petit à petit les hôpitaux et les médecins, c’était la tueuse en série recherchée par toutes les polices qui s’inquiétait de sa santé. Si la situation n’était pas ce qu’elle était, elle en aurait pleuré de rire.  

L’ironie de voir la folle être peut-être plus lucide que la saine d’esprit quant à la nécessité de prendre le temps de prendre du repos était aussi délicieuse qu’amère, et Katheleen l’aurait savourée sans doute en grincant un peu des dents, si seulement elle en avait eu le temps. Mais ce n’était pas le cas, tout comme ce n’était ni la situation, ni le lieu, ni l’endroit de se soucier de cela.

C’est au moment où, toujours aussi professionnelle, elle s’apprêtait à demander des nouvelles de sa blessure et comment elle se sentait que la réponse lui fut apportée d’une manière spectaculaire. Même pour qui avait l’habitude, le spectacle de la violence de cette crise de panique prenait aux tripes et les larmes hoquetantes de ce corps secoué de convulsions serrait toujours le cœur.

Elle s’approcha et se pencha vers sa patiente pour se mettre à son niveau, rassurante. Suffisamment éloignée toutefois pour être hors d’atteinte d’un coup qu’elle ne pensait pas vraiment la jeune meurtrière, à peine sortie d’anesthésie, en état de lui asséner. De la voix douce qu’elle aurait utilisé pour s’adresser à un enfant ou un petit animal apeuré, elle demanda: «Où avez vous mal ?»

Essayant de lire les mouvements désordonnés de son regard et les gestes erratiques de ses mains, désolée de sa propre impuissance, la docteur finit par décrypter que la blessée semblait à la recherche de quelque chose qu’elle ne parvint pas à identifier. D’un ton attentif qu’elle espérait capable de la calmer, elle ajouta: «Y a-t-il quelque chose que vous cherchez ?»


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MessageSujet: Re: Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong]   Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong] EmptyDim 19 Fév 2023 - 16:59

réparer la poupée
un contretemps

with the good doctor —

Il n'y avait rien. Ses médicamenets donnés par le Professeur Crane, elle en avait besoin pour ne plus entendre les voix, et la supplication morbide de Callirrhoe. La femme en face d'elle lui demanda où elle avait mal. Le regard de la petite criminelle se perdait, elle paniquait, fit tomber son sac qui déversa tout son contenu. Il y avait là de nombreux médicaments, qui étaient dans une poche que dans la précipitation, Athénaïs n'avait pas vue. Du maquillage sommaire, un tout petit kit de petite chirurgie. Porcelaine se mit à trembler et secouer de la tête frénétiquement, regardant Katheleen, puis les médicaments au sol, puis Katheleen, puis les médicaments au sol. Haloperidol, fluphenazine, et chlorpromazine, mais également toutes sortes d'autres médicaments plus légers. Elle voulut se pencher sur les médicaments pour les saisir mais fut prise d'une peur intense.

Cette peur d'avoir montré sa vulnérabilité à quelqu'un via ces médicaments. Quelque chose qui ne lui était probablement pas arrivée depuis longtemps. On connaissait Porcelaine comme étant l'implacable poupée, marionnettiste de sa destinée, poupée de ses pulsions criminelles. Une créature froide et féerique... il n'y avait là, avec sa blessure encore fraîche, ses médicaments au sol, qu'une pauvre malade mentale paniquant face à la fugace et frêle lumière provenant de la fenêtre de sa condition réelle. Athénaïs, le regard vide, se mit à chuchoter des mots sans son. Son moteur pulsait rapidement. Elle ordonna alors.

- J'ai ma prescription dans mon sac. Il faut que je prenne ce qu'il y a d'écrit, je vous prie. Combien de temps j'ai dormi ? Quel jour sommes-nous ? Et vous, depuis combien de temps n'avez-vous pas dormi ?

Elle posa son regard vide sur Katheleen. Sa tête tournait pour la suivre, mais son regard ne bougeait pas.

- J'ai mal partout. Mon corps ne m'obéit pas. Et votre méfiance envers moi a tendance à en énerver certaines. Vous n'avez pas à avoir peur de moi, je suis clouée à ce lit, affaiblie par la faim, harassée par la fatigue. Je suis toute cassée. Et vous, comment tenez-vous debout dans cet état ?

Qui était son créateur ? Quelle poupée était-elle ? Athénaïs voulut se lever, se tordit, toujours tremblante. Elle saisit les barreaux du lit et se tordit encore.

- Je déteste ça. Se sentir si impuissante, et vulnérable. Je dois grandir. Je dois devenir meilleure, trouver mon créateur. J'ai tant de questions à lui poser. Mais je suis si faible. Et vous, comment restez-vous aussi forte face à tout cela ?

Son visage de poupée juché sur ce cou tordu qu'elle tenait d'une main, maintenant sa blessure, les cheveux en pétard sur son visage aux traits tirés, humide de sueur, se tourna alors vers Katheleen. Elle lui sourit alors que des larmes commençaient à lui couler. Un sourire plein de douleur. Pour cette femme qui lui avait sauvé la vie. Et vous, qui vous sauvera la vie ?


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MessageSujet: Re: Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong]   Réparer la poupée [Katheleen / Tian Hong] EmptyJeu 21 Déc 2023 - 9:26

Si la médecin aux yeux bleus s’approcha, se fut, quoiqu’en ait la poupée avec une méfiance précautionneuse qu’elle ne se devait en aucun cas abandonner. Sa compassion à l’égard de la frêle cannibale dévorée par sa folie et ses démons ne pouvait lui faire oublier le danger. Rien qu’un instant, quelques secondes d’inattention peuvent suffire pour se faire tuer, et il est scientifiquement prouvé que l’on soigne fort mal la gorge tranchée. Elle se pencha pour ramasser le contenu du sac, néanmoins, avec toujours pour la tueuse un regard en coin. Simple mais indispensable précaution.

Ses gestes patients étaient doux, attentifs, rassurants. Elle se comportait avec la jeune femme blonde comme avec un petit animal blessé, un renard sauvage ou un chat abandonné, qui vous sentant éloigné de toute hostilité, veut bien voir à vous accorder quelques grammes de confiance et tendre vers votre main tendue une patte craintive, mais est prêt au moindre mouvement brusque à prendre peur et s’en retourner à toute vitesse vers les profondeurs de son terrier. C’est bien pour cela que la cardiologue redemanda patiemment l’autorisation de sa patiente à ramasser son sac, quoique celle-ci lui ait expressément demandé de chercher dedans ses médicaments. Une simple question rhétorique, marque de respect hippocratique pour ses décisions et volontés. Une simple question rhétorique, pour ne pas la brusquer.

Epandu sur le sol en tas erratique, une petite trousse de maquillage, rouge à lèvre rose, un peu de mascara, une petite palette de fard à paupières, une boîte dorée contenant du fond de teint, un petit carnet de notes à la couverture orné de roses aussi emmêlées que ses pensées, des stylos ornés de fines arabesques… Un fatras si commun, si intime, et dans lequel détonnaient sinistrement sonde cannelée, ciseaux, scalpels et pinces d’un kit de dissection à souris. Ou à humains, je le crains.
Tout ce qui là-dedans, n’était ni dangereux ni méchant, et ne faisait pas partie des médicaments, elle les lui rendit, les posant en ordre sur la table de nuit, à côté du luminaire hospitalier, pour la rassurer par ses objets familiers.  


En revanche, la médecin s’attarda avec une attention renouvelée sur les boîtes et flacons de médicaments, constatant, non sans ironie, que la malade promenait avec elle une véritable pharmacie. On pouvait donc au moins se réjouir que la tueuse psychotique soit un minimum suivie médicalement…. Et féliciter l’art de soigner et les sciences de la santé psychiatrique pour l’efficacité du traitement !

Certes, le trait était méchant et la médecin le reconnaissait bien. Les pathologies mentales étaient une véritable calamité, aussi mystérieuses que désolantes, et bien souvent désespérées. L’état des connaissances laisserait-il un jour l’espoir de pouvoir guérir, même tout juste soigner, des pathologies d’une telle gravité ?  Ce qui était certain, c’est que l’on en était bien loin. L’âme humaine est plus facile à connaître que le corps, avait affirmé crânement un célèbre philosophe pour se féliciter d’une démonstration par la suite réfutée. L’état de la connaissance médicale quelques années plus tard était bien loin de lui donner raison. Il était plus facile de changer ou réparer un cœur déficient que de soigner une dépression. Il n’y avait pas de quoi être surpris de la douteuse efficacité du traitement.

Ce qui était plus surprenant en revanche, c’était, au milieu des noms référencés et classiques des calmants et antipsychotiques, de trouver sachets de pilules et médicaments pas identifiés très clairement. Même l’ordonnance était à ce sujet opaque. Un choix déroutant, surtout pour ce genre de patients. Machinalement et par curiosité, tant de savoir quel collègue s’était occupé de ce genre de cas que de cette intrigante opacité, elle laissa son œil se détourner vers la signature. Un mouvement de surprise se manifesta, alors qu’elle la reconnut immédiatement. Comment avait-elle pu ne pas y penser rien qu’à voir l’écriture…

« C’est Jonathan… enfin, le docteur Crane, qui vous suit psychiatriquement ? »

Jonathan. Pas seulement un collègue, mais aussi un camarade de classe. Plus que cela, un ami, son meilleur ami. Depuis la subite et bien trop précoce mort d’Alan, depuis que les rangs de ses anciens amis avaient été bien trop éclaircis par la mort, les trahisons et la folie, elle le considérait même comme son seul ami. Son existence même s’ils ne pouvaient plus se voir véritablement souvent la sauvait d’une solitude qui aurait été sinon bien plus terrible encore.

Prise un instant dans les souvenirs nostalgiques des joyeuses années désormais enterrées d’une amitié grandie entre les livres et les cours, entre ces deux sudistes un peu perdus dans cette grande ville, entre ces deux étudiants très jeunes mais déjà très brillants, qui se disputaient amicalement la place du premier de la classe, elle mit un temps avant de relier les fils entre eux et de réaliser. Les étranges pilules, c’étaient sans doute le nouveau médicament sur lequel travaillait tant Jonathan. Sans penser le moins du monde à mal et à mille lieues d’imaginer ce qui dans son dos se produisait réellement, la jeune femme se réjouit sincèrement. Il avait donc, après tant d’années d’efforts acharnés, réussi à fabriquer un prototype fiable de ce traitement ! C’était formidable !

Certes, diplômée d’éthique, elle ne pouvait s’empêcher d’émettre quelques réserves. Dans un cas si gravement atteint, la question du consentement éclairé du patient à prendre un traitement qui demeurait expérimental, c’était tout de même un peu limite… En somme, elle comprenait, connaissant bien son ami, le raisonnement sous-jacent. Clémence Sinclair était dans un état psychiatrique grave, si grave qu’il en était en l’état actuel irréparable, et dans l’espoir d’améliorer les choses ou d’accomplir un miracle, il valait mieux tester les nouveaux traitements sur quelqu’un d’aussi irrémédiablement atteint que de faire porter le risque d’une inefficacité ou d’une aggravation sur quelqu’un que la médecine actuelle pouvait déjà aider. Discutable éthiquement, pas incompréhensible cependant. L’absence d’indications de traçabilité ou de composition du traitement, aussi, c’était relativement embêtant, même si elle comprenait qu’il veuille protéger ses recherches des plagiaires et son droit d’exercer des répercussions que le côté borderline de ses méthodes pourraient lui faire courir. De toute façon, il n’y avait qu’à regarder le genre de spécimens qu’il relarguait dans la nature pour comprendre qu’on pouvait être tranquille qu’il ne faisait pas toujours les choses tout à fait dans les règles…

Elle lui en toucherait un mot, tout de même. Mais quoique sachant son ami moins à cheval qu’elle sur l’éthique médicale et prêt à reconnaître qu’au nom de sa science, il pouvait parfois se laisser à manquer de conscience, et était aussi doté de quelques complexités avec l’empathie, elle savait ou croyait savoir quel genre de professionnel était son ami. Malgré ses défauts, c’était avant tout un médecin compétent, il ne faisait pas n’importe quoi et elle avait confiance en lui.


Elle tendit à la jeune femme ses pilules avec de l’eau dans un gobelet en plastique, avant de lui répondre :

« Votre créateur ? C'est à dire ?» Le terme l’avait interpelée, lui rappelant un peu les propos ou délires mystiques qu’elle avait entendu d’autres patients, le Dollmaker notamment, à l’époque où elle travaillait encore à Arkham, et quelquefois aussi plus récemment. Elle continuait à recevoir toutes sortes de patients, certains de réels dangers, même sans les camisoles et les murs épais pour se protéger. Certes, en quittant l’asile, elle avait laissé derrière elle des collègues et supérieurs hiérarchiques tout aussi cinglés, dangereux et malveillants, mais ce n’en était pas facile pour autant. Ce qui l’amena à répondre entre deux mots bienveillants à la dernière question de la jeune poupée.

« Je reste forte parce qu’il le faut bien. Il y a des patients dont la vie dépend de mes soins. »


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