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 " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]

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John Constantine
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MessageSujet: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyJeu 29 Sep 2022 - 22:35




  • Type de RP : Normal
  • Date du RP : 08/18  
  • Participants: Katheleen Grandt
  • Trigger warning: Mort ...
  • Résumé: (A completer)




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John Constantine
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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyJeu 29 Sep 2022 - 22:36

Another one bites the dust

I'm not the nicest bloke you've ever met but i do my best

Les premiers rayons de soleil ont commencé à titiller les paupières ridées de John. Il était là, affalé sur un matelas à peine habillé de ses draps. John Constantine s’était assoupi en pleine nuit, ignorant ce qu’il avait fait la veille. La lumière vient lui caresser son visage, John grommela en essayant de retrouver le sommeil qu’il venait de perdre. Le magicien avait mis quelques minutes avant de céder, laissant le soleil brûler son visage avant d’ouvrir ses paupières. Sa fenêtre était grande ouverte, il avait oublié de la refermer dans la nuit. Le magicien en herbe laissa échapper de nouveau grognement de gêne avant de se redresser doucement. Ça fait mal, tous ces muscles le font souffrir, comme s’il venait de sortir d’une séance de sport. Le haut de son corps se détacha lourdement du matelas, il a besoin de temps, de beaucoup de temps pour se réveiller.

La nuit a probablement été agité. Le lit est en vrac, des cadavres de bière dissimulé aux quatre coins du matelas. Lorsque le corps de John s’est redressé, certains déchets avaient glissé pour se laisser lourdement retomber par terre, un bruit grinçant qui termina le réveil de John Constantine. Les souvenirs se mélangent et se ressemble, il ne parvenait pas à comprendre ce qu’il avait fait la veille, tant pis. Le soleil était déjà levé depuis plusieurs heures, l’heure du déjeuner approchait. L’appétit de John n’était pas au rendez-vous, pire que ça, sa trachée n’allait pas tarder à recracher le trop-plein d’alcool qu’il avait ingurgité dans la nuit. En plus de la nausée, la migraine sonna à sa porte.

En essayant d’enfiler son pantalon hors de la salle de bain, la clope matinale au bec encore sec, John essayait de parcourir ses souvenirs. Ces yeux fouillaient les alentours pour retrouver les éléments qui l’aideraient à comprendre. Malheureusement, il n’a pas obtenu beaucoup de réponse, il faisait des va-et-vient entre sa salle de bain et son studio. Il avait abandonné sa cigarette du réveil pour privilégié une brosse à dent entres ses lèvres. Il s’était servi de sa dernière main libre pour enfiler sa chemise propre qu’il n’avait pas prit la peine de boutonné pour l’instant.

Entre les aller et venu de John dans son petit studio, son regard s’est tourné vers un petit post-it sur son bureau, noyé par des dizaines de livre ancien. Le nom d’un recueil est écrit au marqueur noir, les souvenirs commencent à refaire surface. A peine avoir mis les pieds à Gotham City, il avait déjà commencé à faire sa petite enquête autour des nombreux artefacts et livre mystique que pouvait contenir cette ville. Contrairement à ce qu’on pouvait penser, Gotham ne regorgeait pas que de criminel, de justicier en collant et les camés. John venait à peine de lasser ses chaussures et redresser ses chaussettes lorsqu’il attrapa ce morceau de papier entre ses deux doigts.

« Ah, voilà ce que je cherchais. » marmonna le britannique avec sa clope au coin des lèvres.

Il attrapa son manteau pour l’enfiler, vérifiant mécaniquement si sa cartouche et son briquet étaient toujours présent à l’intérieur de ses poches. John referma la porte de son studio derrière lui, se préparant à descendre les quatre étages qui le conduirait à la vie civile.

John n’avait pas quitté son téléphone des yeux pendant toute la descente, impossible d’entrer en contact avec Chas, il n’avait personne pour le conduire à la bibliothèque. Le britannique n’était pas assez motivé pour aller à l’autre bout de la ville avec ses jambes. Tant pis, il allait tester les services d’un Uber pour cette fois. Nouvelle ville, nouvelles habitudes, c’est le moment de tester des trucs Constantine ! pensait-il dans un coin de sa tête avant d’attendre patiemment son chauffeur, la cigarette au bec. Il n’a patienté que quelques minutes avant de grimper à l’arrière de la voiture, la clope toujours au bec.

« Hey ! C’est interdit de fumer à l’intérieur m’ssieur. » Sympa l’accueil, Constantine grommelle mais obéit en jetant son mégot à travers la portière avant de le refermer derrière lui.

L’avantage d’avoir un chauffeur qui n’avait pas été ton meilleur ami pendant toute ton enfance, c’est de pouvoir éviter avec facilité les conversations matinales, les questions un peu trop intrusifs, devoir faire semblant d’en avoir quelque chose à faire de la vie de Renée. John a profité de ce bref moment de répit pour observer la ville de Gotham City par la fenêtre de la voiture. C’est une ville complètement différente du Londres que John avait toujours connu, mais elle était tout aussi imposante. Elle avait son lot de misère, de riche bourgeois rassemblé dans un quartier restreint. John se rendait à la bibliothèque de Gotham, source de ressource pour le mage Constantine. Il comptait bien emprunter quelques livres, pour ne jamais les rendre.

John avait commencé à se perdre dans ses pensées, son regard dériva légèrement en direction de son chauffeur qui avait gardé le silence pendant tout le trajet, ou presque. Quelques minutes avant l’arrivée à destination, ce dernier se retrouva emporter d’une quinte de toux violente et incontrôlable. Le bruit soudain perturba le mage qui releva les yeux vers le rétroviseur pour apercevoir le haut du visage de son chauffeur. John ne se souvenait pas qu’il avait cette gueule, ce sang qui s’échappait de ces orbites, les veines de sa peau étaient ressorties et un sourire carnassier illuminait son visage.

« On va quelque part Cons-tan-tine ? » lança le chauffeur d’une voix roque, inhumaine venu des tréfonds des enfers.

« Merde. » C’est plus un reflex qu’une vraie injure qui s’échappa de la gorge de John.

Lorsqu’il s’est rendu compte de ce qu’il venait de se passer, il était déjà trop tard. La voiture venait de griller le feu rouge d’un carrefour se retrouva devant le passage d’un camion de livraison qui fonça directement dans la carrosserie du taxi. John n’a pas eu le temps de réagir, de se protéger face aux débris de verre qui lui lacérait le visage.

C’est le black-out. Le bruit des sirènes, les cris des témoins, les carrosseries qui s’entrechoquent se mélangent dans l’esprit confus de Constantine. Au milieu de ce brouhaha, il peut entendre une voix essayer de l’interpeller. John parvient à ouvrir douloureusement ses paupières, son visage est couvert de sang. Lorsqu’il a essayé de redresser son corps, il sentit chacun de ses os craqués à chaque mouvement. Il entendit une voix l’interpeller, lui demander s’il se sentait bien, l’invitant à ne pas s’agiter, à rester calme. John est trop sonné pour répondre aux questions de cette citoyenne qui essayait simplement de venir en aide à un blessé.

La vision de John est légèrement embrumée. Ses pupilles se baladent dans tous les sens, l’odeur de d’essence et de caoutchouc brûlé lui titille les narines. Il s’arrête quelques instants sur le chauffeur inerte, la tête explosée sur le pare-brise. Il est mort, John n’a pas besoin d’en voir plus pour le savoir. Il essaye de se redresser, sans succès, laissant échapper des grognements de frustrations en sentant la douleur le bloquer.

« Putain… » grogna John dans un dernier souffle pendant que les témoins de l’accident lui ordonnait de ne pas bouger tant que les secours ne sont pas arrivés.




Dernière édition par John Constantine le Sam 11 Fév 2023 - 18:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyVen 4 Nov 2022 - 11:28

Musique::


Le soleil se levait progressivement entre les immeubles, révélant le ciel bleu de début d'automne, déjà rafraîchi d'un peu de buée sur les vitres lorsque la nuit se termine. Les premiers rayons à passer par la fenêtre rencontrèrent l’œil  d'une jeune femme déjà vêtue de l'une de ses habituelles robes outremer qui depuis sa cuisine, préparait les bols du petit déjeuner en regardant par la fenêtre la nuit laisser la place au jour.

Le reste obéissait à une routine vieille de dix ans. Le froid de la truffe humide qui venait renifler ses mollets ne la fit pas sursauter. Elle se retourna pour caresser la tête du chien avant de pousser vers lui la gamelle remplie. Le berger allemand la fixait de ses grand yeux bruns pendant qu'elle jetait la brique de lait vide. Puis soudainement  il se levait en remuant la queue et alors Katheleen finissait de presser deux oranges pendant qu'une petite tornade entrait dans la cuisine en criant « Bonjour maman ! » Ensuite, elle  prenait son café en regardant son fils ajouter du sucre dans ces céréales et elle sourit quand il lui demande « Maman, pourquoi tu achètes encore ces céréales, on dirait des granulés pour animaux ». Elle lui expliquera qu'elle n'achètes pas les même céréales que les parents de ses copains parce qu'elles contiennent des colorants pas bons du tout pour la santé, mais il est encore trop jeune pour qu'elle puisse lui dire que parmi celles qui sont assez saines sur le plan diététique, ces céréales là sont aussi les moins chères. Elle détournera la conversation en lui proposant la quotidienne exception à la règle qu'est la confiture de fraise sur ses tranches de pain de mie. Ensuite elle fera la vaisselle et mettra à laver le pyjama qui a des taches de confitures de fraise pendant que son petit garçon finit de se préparer pour l'école. Le temps passe vite, tout le monde le sait même si personne ne le prends pour soi, si vite même quand le deuil ne passent jamais.  Ça fait dix ans maintenant qu'Alan est mort. Et maintenant Paul a dix ans et se lave les dents tout seul avec sa brosse à dents électrique SOS Fantômes.

Quelques minutes plus tard, elle passait son sac en bandoulière, rappelait à Paul de ne pas oublier son  goûter (sur la table de la cuisine), ni son cahier de maths (sous ton bureau, derrière les chaussures de sport et tu penseras à ranger ta chambre, mon chéri) et enfourchait son vélo. Parce que la semaine avait été particulièrement chargée et qu'à ce titre, elle n'était très exceptionnellement attendue qu'après huit heure à la clinique, elle poursuivi son chemin une fois le petit garçon déposé devant l'école. Pédalant sur son vélo, elle slaloma dans les petites rues de l'East End où elle habitait, dans les rues mal goudronnées, entre les bicoques délabrées et les trottoirs mal balayés, et saluait en chemin les ouvriers usés par le chômage ou par l'usine, par le bistrot entre lesquels ils passaient de l'un à l'autre aussi quelquefois. Dans une goguette minable, à l'angle d'une rue, certains arrosaient déjà de whisky ou de bière leurs souffrances et leur mal-être. Voisins mais aussi patients, parfois depuis des années, certains parmi ceux qui n'étaient pas encore noyés dans le fond de leur verre avaient un regard de sympathie pour celle qui se savait impuissante face à tant de misère et de douleur, mais qui leur garantissait qu'il y aurait au moins toujours un endroit dans la ville de la folie et du crime où ils pourraient aller faire soigner leurs cirrhoses ou leurs cancers de l’œsophage. Un instant en passant sur le pont qui surplombait la Sprang River, elle s'autorisa à sourire au spectacle des mouettes volant dans le ciel bleu au dessus de l'eau sale. Puis, elle continua son chemin à travers les maisons, plus cossues, oh combien plus cossues de Robbinsonville et du Bowery, en direction de la bibliothèque de Gotham.  Dans son sac trois livres sur leur chemin du retour :  L'être et le Néant de Jean-Paul Sartre et  deux livre illustrés sur les dinosaures. Paul aime les dinosaures.

A l'arrêt d'un feu rouge, elle échangea un sourire amical avec un chauffeur Uber au volant de son véhicule. L'homme était l'un de ses patients. L'hiver dernier, lorsqu'il avait été hospitalisé à la clinique, l'état de ses poumons déjà rongés par le tabac et attaqués par là dessus, par une double pneumonie était tel que les médecins avaient tous pensé qu'il ne sortirait jamais de l'hôpital vivant. Et pourtant ils l'avaient vu s'accrocher à la vie, se battre et finir par lentement se remettre.  Maintenant, il semblait s'être pleinement rétabli et la docteur s'en réjouissait.



Musique::


Soudain la voiture qui avait jusqu'ici circulé tout à fait prudemment fit une brusque embardée, bondit vers l'avant, accélérant toujours plus vite, et brûla le feu rouge, fonçant inéluctablement vers le camion de livraison qui arrivait en sens inverse.  Son vélo manqua de se trouver sur la trajectoire du véhicule fou et Katheleen ne dut qu'à ses réflexes, toujours en éveil lorsqu'elle était sur la route, à cette méfiance enfouie en elle comme un noyau de nerfs depuis la mort  d'Alan, de ne pas être renversé. Le chauffeur du camion n'eut en revanche pas le temps d'en faire autant et les deux véhicules se percutèrent dans un déluge de bris de verre.

Lorsque le docteur s'approcha des lieux du sinistre à la recherche d'éventuels survivants, la première chose qu'elle remarqua fut le chauffeur, allongé sur son volant, la tête contre son pare-brise, ou plutôt ce qu'il en restait. Elle n'esquissa pas un geste pour lui porter secours. Non qu'elle n'aurait pas souhaité le faire, mais cela faisait dix ans qu'elle exerçait son métier. Elle savait reconnaître un cadavre.

On pouvait tenter de se rassurer en se disant qu'il n'avait pas eu le temps de souffrir. Mais il n'en restait pas moins que comparer le visage souriant de celui qui était sorti de l'hôpital en tenant sa fille par la main et en s'appuyant encore un peu sur le bras de son épouse, au crâne défoncé sur le pare-brise, à la boîte crânienne ouverte dont sort un peu de cervelle et coule une mare de sang était un coup de poing dans l'estomac.

« Cette voiture m'a foncé dessus. J'ai pas eu l'temps d'la voir venir. J'ai rien pu faire. »

Le docteur se retourna. Le livreur venait de sortir de son camion, visiblement en état de choc, les pupilles écarquillées et le regard fixe, absent. Une méchante entaille coupait son front et sa tempe jusqu'à la joue et il tenait son coude douloureusement comme s'il allait s'échapper. Mais il n'y avait pas le temps de faire dans la délicatesse.

« Vous, appelez une ambulance puis la police. Le passager est encore vivant. Je m'en occupe, je suis médecin. » décréta-t-elle en lui tendant d'autorité son propre téléphone, avant de commander à l'un des témoins qui commence à s'attrouper de baliser la zone pour éviter le risque de suraccident.

Le visage de l'homme est recouvert de coupures et de sang son corps est coincé entre la banquette et la portière opposée. Il n'a du qu'à la ceinture de sécurité de n'être pas projeté hors du véhicule. Pas un membre ne bouge et l'angle parfois étrange dans lequel certains pendent n'augure rien de bon. Mais sa poitrine se soulève.

« Monsieur, est-ce que vous m'entendez ? » Si le docteur module les inflexions de sa voix pour ne pas affoler le blessé mais ni la pâleur de la peau, ni le bleuissement des lèvres ne s'apparentent vraiment à de bonnes nouvelles. A défaut de pouvoir accéder au poignet ou au coude sans déplacer une articulation qui semble foulée, elle pose deux doigts sur le cou, au niveau de la carotide. Le pouls est faible mais régulier, et surtout présent.

L'homme ouvre les paupières en réponse, d'un mouvement heurté et difficile. Un éclat de verre s'est planté dans son arcade sourcilière, marquant le sourcil d'une traînée de sang, mais suffisamment haut pour qu'il puisse continuer à voir. Dans un sens, il a eu de la chance. Il ne perdra pas son œil. Si il survit.
Un mouvement vague parcourt son corps, comme s'il tentait de se redresser sans parvenir à se faire obéir de ses muscles. « Calmez vous, monsieur. Les secours sont en route. Ne vous agitez pas, surtout». Son regard est erratique et ses pupilles tournent en spirale vers ce qu'il y a autour de lui. Lorsqu'elles s'arrêtent sur le cadavre du chauffeur étendu sur son volant, Katheleen se décale légèrement. Il ne s'agit pas de lui mentir, mais le spectacle n'est pas des plus ragoutant. S'il se mettait à vomir, comme venait de le faire un badaud dans la rue, il risquait d'obstruer ses voies respiratoires et de s'étouffer. Mais le blessé sembla n'avoir plus assez de forces pour y parvenir ou être trop sonné pour réaliser. Son corps se contenta d'un genre de spasme, comme s'il tentait de se relever, accompagné d'un grognement inarticulé. Douleur, frustration, inquiétude ? Sans doute un peu de tout cela.

« Ne bougez pas. Calmez-vous. Vous allez être pris en charge. Une ambulance va arriver.» Le médecin desserre légèrement le col de la chemise et la cravate pour s'assurer qu'il puisse respirer correctement, mais le problème semble surtout venir de la difficulté à soulever sa cage thoracique. Côtes cassées ? Peut-être.

« Putain... » lâche l'homme, ce qui doit être une bonne nouvelle, parce que cela signifie qu'il est encore suffisamment conscient pour pouvoir parler

« N'essayez pas de bouger, surtout. Où est-ce que vous avez mal monsieur ? » Probablement à peu près partout dans son corps, et peut-être même au-delà. Question idiote, mots inutiles. Bien sûr. Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Seulement de vérifier s'il comprends ce qu'on lui dit, s'il a conscience  de ce qui se passe autour de lui. De l'empêcher de paniquer. De l'inciter à lutter pour ne pas sombrer dans l'inconscience. Sans succès. Les yeux de l'homme se sont brusquement fermés. Cette fois c'est à Katheleen de lâcher une grossièreté. Supposée déplacer l'homme inconscient vers le côté où il était blessé, parce qu'il y a un risque à hauteur de 90% de vomissements et que le risque d'obstruction des voies respiratoires est élevé,  la jeune femme soupire. Il est à dire que ce genre d'opération est toujours compliqué lorsque le côté où il est blessé, c'est partout et que l'on est coincé entre la banquette passager et le siège conducteur où le cadavre de ce dernier est en train de refroidir sur le tableau de bord. « Pitié, ne t’étouffes pas dans ton propre vomi, je déteste assez les accident de voiture comme ça ! » le houspilla-t-elle tout en s'arrangeant pour que son geste soit aussi doux que possible, parce qu'il fallait aussi éviter à tout prix qu'une fracture des vertèbres provoque une mort brutale ou la paralysie. Il était supposé être inconscient, elle pouvait bien se permettre de l'engueuler un peu.

Une tache rouge était en train d’imbiber le sol d'une hémoglobine qui serait bien plus utile dans les veines du patient mais qui semble avoir décider de quitter l'artère rapidement. « Bordel ! » jura la jeune femme en la remarquant, en se rendant compte de ce qu'elle n'avait pas encore vu, caché sous l'imperméable brun jauni. La jambe est dans un sale état. Hémorragie. Elle repousse un pan du manteau aussi délicatement que possible malgré l'urgence. Fracture ouverte au niveau du fémur. Du genre moche. Une tranchée sanguinolente au niveau cuisse, l'os visible et en mauvaise état, du sang. Beaucoup trop de sang.

Impossible de comprimer la plaie directement sans endommager encore plus la fracture, la seule chose qu'il restait à faire, c'était de comprimer en amont pour laisser le plus de sang possible au cœur et au cerveau. Ça pouvait toujours lui servir. Par exemple à rester en vie. Bras tendu, poing serré, elle appuya méthodiquement au niveau de l'aine d'une main, tandis que de l'autre elle le maintenait immobile, vérifiant régulièrement qu'il y avait encore un peu de vie qui battait dans son pouls.

D'aucuns auraient remercié un ou des dieux pour l'heureux hasard qui avait mis dans leur sac la paire de gants chirurgicaux qui lui permettait d'éviter de risquer de s'infecter au SIDA ou à n'importe quelle autre saleté en manipulant le sang d'un inconnu. Peut-être plus cynique, ou plus désabusée ou alors plus habituée à avoir son métier tout autour d'elle, même quand elle n'était pas censée être en train de travailler, Katheleen préférait, elle, remercier sa prévoyance, ou alors sa méfiance. C fait presque dix ans qu'elle exerce la médecine, huit ans de plus à l'étudier, c'est déjà plus de la moitié de sa vie, assez pour savoir qu'on peut à tout moment être attendu au tournant quand on vit. C'est la moitié de sa vie qu'elle a consacré à essayer de sauver des vies, et pourtant quels que soient ses efforts à la fin les gens meurent quand même, parce qu'à Gotham tout le monde avance tête dans le guidon vite et nulle part, écrasant les autres sur leur chemin au passage , parce qu'ils les gênent ou juste parce qu'ils sont là, mauvais moment mauvais endroit, ou payent d'autres pour le faire à leur place pour ne pas se salir les mains ou n'être pas celui qui se prend dans la tête la balle tirée par celui qui voudra venger ceux que la vengeance ne pourra pas ramener. Bienvenue à Gotham. Les rangs des morts sont toujours plus gros, quelque part dans le néant silencieux du nulle part. Son combat pour la vie a aujourd'hui pris la moitié de la sienne, déjà même plus en fait, et il prendra sa vie entière. Un combat perdu d'avance, parce que les gens meurent quoiqu'il arrive. Elle le sait. Et pourtant elle se est là, dans une voiture défoncée, entre le livreur de légumes perdu dans la vie, qui erre au dehors, les yeux traînant immobiles sur l'horreur et le chauffeur de taxi immobile à l'avant, perdu à la vie, avec le poing crispé contre l'aine d'un homme qu'elle ne connaît pas, avec son sang qui coule sur ses gants et sur ses bras, à guetter au bout des doigts ce battement ténu le long du cou qui nous sépare du cimetière.    

Derrière le brouhaha alentours qui tinte à ses oreilles comme un trop silence, la médecin en bleu reconnu la sirène de l'ambulance. Quelques instants plus tard, elle s'effaçait pour laisser passer deux collègues munis d'un brancard et allait, après avoir retransmis quelques informations à un ambulancier, rejoindre le livreur du camion qui lui rendit son téléphone d'un geste automatique et absent, pendant qu'elle tentait de trouver des mots rassurants à lui prodiguer pour lui faire reprendre pied avec la réalité mais il regardait les siens, l'esprit très très loin de là. Elle avait emprunté aux ambulancier de quoi immobiliser provisoirement l'entorse au coude, désinfecter et panser le visage du blessé. Il avait aussi le contour de l’œil qui bleuissait et la paume de la main ouverte, il y aurait du sang sur le téléphone qu'il venait de rendre au docteur, qu'importe. Le docteur Grandt posa sa propre veste sur les épaules du jeune homme, en continuant à maintenir la conversation. Il connaissait la date, son nom et l'heure de la journée, pupilles symétriques, mouvements du visage aussi quand elle lui demanda de grimacer. Pas de traumatisme crânien, juste le traumatisme tout court.

« Peau pâle, moite et froide, état de faiblesse généralisé, pouls anormalement faible et rapide, confusion, ceci après un événement grave, violent et traumatique, ça s'appelle un état de choc nerveux. Dois-je vous apprendre votre métier ou vous allez comprendre tout seul que vous êtes supposé y aller mollo ? » engueula-t-elle le jeune policier qui tentait de houspiller son patient d'une manière parfaitement inappropriée à la situation « Et puis je vous ferais observer que cet homme a besoin de soins. Il pourra toujours répondre à vos questions après ! ».  Alors que les blessés était emmenés en ambulance vers l'hôpital le plus proche, le chauffeur vers la morgue, et elle comme témoin du drame, vers le commissariat, elle voyait les passants privés de l'intéressant spectacle se disperser. Elle pouvait les entendre d'ici : « Si jeunes... c'est horrible. » Et puis ils iraient casser la croûte.




Musique::


Le docteur Benjamin Stoppard fut la première personne qu'elle rencontra en arrivant à l'hôpital, lorsque après avoir terminé de laisser sa déposition  au commissariat, elle retourna inévitablement à la clinique. De dix ans plus âgé que celle dont il était à l'hôpital Blackwell, le second, le médecin était aussi fiable que compétant et une estime mutuelle les associait contre la maladie et la mort. Mis au courant de son retard et des raisons de celui-ci, il lui annonça immédiatement qu'il s'était occupé en son absence de réajuster les emplois du temps. Ils échangèrent quelques mots : il y avait des choses administratives et logistiques à régler. Il y en avait toujours. Mais ce fut aussi lui qui lui appris que c'était précisément dans leur hôpital que l'homme à qui elle avait probablement sauvé la vie était en train d'être opéré en urgence. Le genre d'annonces qui laissait un sentiment mitigé. L'idée, qui était bien évidemment la première qui s'imposait à elle, que ce serait peut-être les murs de son propre hôpital qui verraient mourir celui qu'elle venait d'essayer de sauver, était aussi habituelle que dérangeante.

- Les pronostics sont favorables. La colonne vertébrale n'est pas touchée, il a eu de la chance. Il a deux côtes cassées, mais on n'a constaté de perforation ni du poumon, ni foie, ni de la rate. Les radios n'ont pas montré de pneumothorax.

- Il faudra en refaire pour vérifier qu'il n'y a pas de développement d'hématome pulmonaire.

- Bien sûr. Surveiller qu'il n'y a pas de développement de pneumonie. Dans la mesure où je tends à penser qu'il s'agit d'un gros fumeur, on est  pas au bout de nos peines.

- Espérons qu'on aura pas à le placer sous assistance respiratoire. Et croisons les doigts pour avoir assez de respirateurs artificiels, si cela devait s'avérer nécessaire.  Et la jambe ?

- Fracture ouverte au tibia. On est en train de l'opérer. L'hémorragie était importante, mais il a été pris en charge suffisamment rapidement pour être placé sous transfusion avant que ça ne devienne critique. Pas de réaction hémolytique transfusionnelle pour l'instant.

- A surveiller à moyen terme.

- C'est juste.  Sinon, poignet foulé. On n'a pas encore tous les résultats pour l'autre bras. L'os a pas été touché, mais la déchirure musculaire n'est pas exclure.

- Ça n'est pas la priorité.

- Pour le reste, lésions moyennes, faibles et superficielles, dont une bien moche à l'arrière de la tête qu'il faudra surveiller pour qu'elle ne s'infecte pas; contusions, ecchymoses et hématomes divers mais pas grave tant qu'il n'y a pas d'infection. Bref, la routine.

« Katheleen, est-ce que ça va ? »
ajouta-t-il très doucement après un moment de silence. Elle répondit d'un geste vague qui ne répondait de rien. Mais leurs yeux reconnaissaient ce qu'ils savaient tous deux l'un de l'autre, depuis toutes ses années qu'ils travaillaient ensemble, respectivement comme directrice générale et directeur adjoint de la clinique Blackwell, non seulement sur leurs qualités respectives comme médecins, mais aussi sur leurs vies et chagrins personnels. Il ne lui montra pas de marque de pitié, et elle l'en remerciait, et il n'insista pas, mais il y avait un discret quoique profond regard d'encouragement et de soutient lorsqu'il lui souffla qu'il lui restait encore une dizaine de minutes avant la première consultation de la journée. Elle le remercia d'un geste de gratitude muette, avant de monter dans son bureau en pensant qu'il avait toujours cette discrétion, cette pudeur, ce genre d'attentions avec tout le monde et notamment les patients et que c'était pour cela qu'elle l'estimait tant professionnellement.


Est ce que ça va ? 

Elle referma derrière elle la porte de son bureau.

Comment est-ce que ça pourrait aller ? 

Comment est-ce que ça pourrait aller quand un homme est mort, quand une famille vient d'apprendre qu'ils ont perdu un père, un fils, un mari, quand un homme a été renvoyé chez lui avec un coude dans une attelle et des images de carambolage plein la tête, quand un homme à quelques couloirs de là oscille entre la vie et la mort ?

Comment est-ce que ça pourrait aller quand on a vu un Homme mourir ? Même après toutes ses années elle ne s'est jamais habituée à voir mourir. Interne en médecine, médecin aux urgences de l'Hôpital Central, médecin à Arkham, médecin à Blackgate, médecin à la clinique Blackwell, il y en avait eu plus qu'elle ne pouvait compter, des occasions de voir mourir. Des victimes, des bourreaux, des dizaines d'inconnus dont elle ne savait pas même le nom, de parfaits innocents et de parfaits coupables, et puis surtout des gens qui se débrouillaient un peu comme ils pouvaient entre les deux, ou plutôt s'étaient débrouillés, mal ou bien dans le fond qu'importe puisque tout s'arrêtait. Un vertige, un choc, un cri et puis le silence.

Comment est-ce que ça pourrait aller quand on a trop connu les hôpitaux pour pouvoir ignorer ce qu'il en est de se silence ? Quand on a trop connu les Hommes et leurs souffrances, on ne peut pas ne pas  voir les pleurs et l'impuissance de ceux qui ont aimé les morts. Et elle, elle a connu la femme qui venait  visiter son mari quand il était malade et qui n'avait plus à visiter que les cimetières, elle a connu l'enfant qui a eu peur de perdre son papa à cause de sa maladie des poumons, et qui grandira sans père à cause d'un accident de voiture. Comment est-ce que ça pourrait aller quand cela lui rappelle cruellement que le sien d'enfant aussi, grandira sans père et pour les mêmes raisons ?

Comment est-ce que ça pourrait aller quand les souvenirs reviennent ?

Elle s'assoit à son bureau, et sort la photographie qui est dissimulée dans le tiroir. La veille de l'accident, ils ont pris une photographie devant l'école de médecine, avec quelques amis, d'autres camarades de classe. Sur l'aile gauche de la bande, un jeune couple enlacé sourit à l'objectif. Il a les cheveux blonds cendré et les yeux verts. Elle, les yeux bleu et les cheveux bruns. Ils ont 23 ans, elle est enceinte. Elle porte une robe vert printemps. Ce n'est que depuis la mort d'Alan qu'elle ne porte plus que le bleu sombre de son deuil. Il y a dans leur jeunesse, dans leur amour, quelque chose de beau.

Le lendemain, il l'appelait en sortant de l'hôpital : « Ma mère m'a appelé, elle voulait nous dire que... ». Katheleen ne su jamais ce que la mère d'Alan voulait leur dire. Elle n'avait jamais su parce que le chauffeur du camion était ivre. Il était ivre et donc il s'était endormi au volant. Il s'était endormi au volant et donc il n'avait pas pu conserver le contrôle de son véhicule. Et donc Alan était mort. Il était mort, juste parce qu'il était là, au mauvais moment et au mauvais endroit. Mauvais moment, mauvais endroit exactement comme aujourd'hui l'Homme qui était dans le coma dans ses mêmes murs, même si lui, on disait qu'il y avait de bonnes chances pour qu'il s'en sorte, et qu'il n'y avait eu personne pour dire cela d'Alan, parce que c'était faux, même si elle avait tellement voulu le croire. Mauvais moment, mauvais endroit exactement comme aujourd'hui, exactement comme aujourd'hui le livreur dont elle espérait qu'il se remettrait de l'horreur et du choc, même si elle ne s'était jamais remis du choc et du deuil. Mauvais moment, mauvais endroit exactement comme aujourd'hui le chauffeur de la voiture, qui avait vécu, et qui pourtant était mort. Mauvais endroit, mauvais moment ou coupable d'une négligence ? Aujourd'hui est-ce que cela avait seulement encore de l'importance ?  Mauvais moment, mauvais endroit exactement comme aujourd'hui elle aurait pu l'être si elle n'avait pas freiné au bon moment. Il lui arrivait encore quelquefois, encore aujourd'hui dix ans après de regretter de ne pas pouvoir le rejoindre, même si elle ne le pouvait pas, parce qu'elle avait encore un hôpital à garder, des malades à guérir et un fils. Un fils, elle avait encore un fils. Un fils pour lequel elle avait vécu, pour lequel elle n'avait pas essayé de rejoindre son père. Le père de son enfant qui jamais ne le connaîtrai, le père de son enfant que jamais elle ne pourrait rejoindre. Tous deux étaient incroyants même si lui l'était plus qu'elle. Sa mort les avait séparés, la sienne ne les réuniraient pas. Ils demeureraient à jamais séparés.

L'horloge au mur sonne l'heure d'être forte de nouveau. Alors elle essuie ses larmes, passe de l'eau sur son visage et va se chercher un café.

Puis de retour au travail, comme si rien ne s'était passé.



Musique:


Katheleen était en deuil depuis dix ans. Katheleen avais peut-être, malgré où à cause de sa longue expérience de la mort été plus choquée qu'elle ne voulait bien le paraître d'en avoir été aux premières loges, et de l'avoir frôlée. Mais Katheleen était avant tout le docteur Grandt, elle continuait à être un médecin et une directrice générale d'hôpital. Et à ce  titre, de bronchites en grossesses, de grossesses en infarctus, d'infarctus en lumbagos, de lumbagos en comptabilité, de comptabilité en commandes de médicaments, de commandes de médicaments en demandes de financements, de demandes de financements en grands brûlés, et de grands brûlés en cancers de la gorge, elle continuait à soigner les malades, et à essayer de les guérir.

Et pourtant, elle se sentait plus tendue qu'à l'ordinaire. Elle avait passé la journée à ruminer l'accident; l'image de ce type affolé sortant du camion; celle de la femme du chauffeur Uber, qui pleurait il y a un an quand elle lui avait dit n'être pas sûre de pouvoir sauver son mari de sa pneumonie, l'odeur de l'essence, le son de l'ambulance, les questions d'un policier acariâtre, le visage couvert de sang du blessé, son sang qui coulait sur ses mains... Lorsque l'officier du GCPD, toujours le même, et qui n'avait pas l'air ravi de la revoir vient demander s'il allait enfin pouvoir interroger... elle l'interrompit d'un ton sarcastique et u peu sec, avant même qu'il ait le temps de terminer sa phrase « Qui ça ? Un homme dans le coma ? »  En l’occurrence, celui-là n'avait pas volé son sarcasme, mais elle se détesta d'être aussi irritable.Elle parvient de justesse à ne pas enguirlander la femme de ménage qui était arrivée en retard, mais vers midi, elle engueula un interne qui écoutait de la musique en travaillant,sa propre clé USB branchée sur un ordinateur de l'hôpital. D'un geste nerveux, elle retira brusquement l'engin de l'ordinateur.

- Qu'est-ce qui vous prend ?  demanda le jeune homme

- C'est interdit. Question élémentaire de sécurité. Vous n'utiliseriez pas des instruments non stérilisés et potentiellement couverts de virus pour manipuler les viscères d'un patient, je suppose ? C'est exactement la même chose ! 

- Mais vous m'avez vu cent fois avec ma clé sur l'ordi et les écouteurs dans les oreilles !


Il n'avait pas tort et elle le savait. Elle savait l'ordinateur en question uniquement connecté à la face administrative de l'hôpital. En piratant celui-ci, on pouvait accéder aux emplois du temps des médecins, aux dates de garde, aux fiches de paye... à ce genre d'informations, certes secrètes, mais qui ne compromettaient pas le secret médical des patients. Donc elle laissait quelquefois passer, mais plutôt que de le reconnaître elle se contenta de répondre sèchement :

- Justement. C'était la fois de trop ! Et éteignez moi cette cigarette ! Ça aussi c'est interdit ! 


Le soir commençait à tomber quand elle retrouva son second dans le couloir. A la fin de l'abondante liste des informations à lui communiquer, il lui annonça qu'il lui avait été rapporté qu'il semblerait que l'accidenté se soit réveillé. Avec un sourire qui disait la compassion qu'il ne pouvait pas formuler en mots pour ne pas raviver sa douleur, lui proposa de rester au travail plus longtemps, mais Katheleen refusa catégoriquement : « Pas question, tu es déjà en retard !  Et souhaites bon anniversaire à ta fille de ma part ! » ajouta-t-elle, complice. Elle, elle ne rentrait pas chez elle parce qu'elle était de garde, parce qu'il n'y a pas d'heure pour être malade, et en conséquence, pas d'heure pour être médecin. Alors, elle le regarda s'éloigner avec le poids de son métier sur les épaules, et les cadeaux pour ses enfants dans son sac, en pensant que les gens continuent à vivre, malgré tout. Ils ne savent rien faire d'autre, et on ne peut pas leur reprocher, puisqu'il n'y a de toute façon rien d'autre à faire.




Musique:

Elle poussa la porte de la chambre doucement et s'arrêta sur le seuil.

C'était une chambre d'hôpital comme toutes les autres, froide et impersonnelle. Sol gris en lino, murs blanc en peinture nue, lit d'une couleur que certain avaient l'outrecuidance d'appeler bleu ciel, sauf que le ciel ne ressemblait à cela en rien, et qui n'était jamais qu'un bleu hôpital. Malgré tous les efforts qu'ils pourraient tous y faire, même les médecins reconnaissaient ses lieux comme hostiles et suintant dans leur clarté artificielle l'obscurité de la mort. Entre les câbles, les tubes et les machines qui pulsaient trop au rythme de la vie pour ne pas ressembler au battement des horloges qui nous mènent tous à notre perte, une silhouette aux cheveux blonds était étendue.

Et elle senti une boule acide se nouer dans sa gorge le long de sa gorge au fur à mesure que les souvenirs remontaient. Elle referma la porte et s'adossa au mur du couloir un instant, le souffle coupé. La tête lui tournait comme si elle avait bu, ce qu'elle n'avait jamais particulièrement fait, et depuis dix ans, plus du tout. Elle se laissa glisser contre le mur, s'asseyant à même le sol pour laisser couler quelques larmes un instant. Ce genre de scènes, c'était son métier, et elle en avait vu défiler des centaines. Cela n'était jamais joyeux, mais d'habitude elle n'était pas si émotive. Disons qu'elle encaisse.
Mais là, elle n'arrivait pas à ôter de ses yeux le souvenir d'une chambre comme celle-ci, où elle l'avait retrouvé, dix ans auparavant, allongé entre les machines qu'ils avaient appris ensemble à utiliser et les câbles qu'ils avaient appris ensemble à brancher ; le souvenir de journées entières passées à son chevet, presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre - elle serait restée  vingt-quatre heures sur vingt-quatre si physiquement elle l'avait pu- ; le souvenir d'une salle d'attente comme celle au bout du couloir, avec ses chaises et sa machine à café, où elle allait ingurgiter de quoi tenir l'absence d'un sommeil que de toute façon, elle n'aurait pas pu trouver; le souvenir de leurs dernières discussions, lorsqu'il était sorti du coma, mais aussi des moments où il replongeait dans l'absence au milieu d'elles. Elle essuya ses larmes avec la manche de sa blouse. Lors de l'un de ses derniers moments éveillé et lucides, un de ces derniers moments tout court, aussi, il lui avait proposé de sceller leur vœux de mariage puisqu'il se savait sur son lit de mot. Et elle avait refusé. Ils savaient tous les deux que ce faisant, elle signait son arrêt de mort définitif avec sa propre famille, qui aurait méprisé mais toléré la veuve, et mettraient à la porte la fille mère. Mais elle s'en fichait de sa famille ! Elle les détestait. Elle n'avait qu'une famille, et c'était lui ! Elle ne voulait pas perdre un instant de leurs derniers moments ensemble à penser à eux. Mais dans les couloirs où elle errait comme un fantôme entre la machine à café et sa chambre, elle entendait les noms de ceux qu'elle ne connaissait pas mais qui étaient là pour les mêmes raison que lui. Henry, mort ! Jack, mort ! Loredana, morte ! Chaque mort était comme un coup de marteau sur le crâne. Ça ne s'arrêtait jamais et un jour, il serait le prochain !  Et en fin de compte le souvenir qui s'imposait le plus fortement était aussi le pire. Les yeux de la jeune femme traînaient dans le vague dans le couloir désert, mais son regard voyait dix ans en arrière des couloirs similaires, une série de chambres d'hôpital et de blouses blanches qu'on poursuit désespérément pour finir par s'entendre au milieu de la nuit dire une vérité rude et nue : « Votre mari... » « Il n'est pas mon mari. » Haussement d'épaules. « Qui qu'il soit, il est décédé il y a quelques minutes. »

Elle essuie de nouveau ses larmes avec sa manche. Elle ne peut pas se permettre ce genre de moments de faiblesse quand il y a tant de travail à accomplir. Elle se doit de jouer jusqu'au bout le rôle du médecin au sang froid imperturbable, forte, professionnelle, inatteignable, et ce, même si c'est un rôle de composition, même quand son cœur s'émiette et qu'elle a plutôt envie de s'enfuir en courant.

Comme elle le fait toujours lorsqu'elle se sent à la limite de ses forces et qu'il n'y a personne pour la voir, elle serre entre ses doigts son anneau de fiançailles qu'elle porte toujours autour du cou, sous le col de son habit. Alors, elle sourit un peu quand ses doigts touchent le métal, en sentant un léger réconfort, presque comme si elle sentait sa présence et son soutient, même si elle sait bien qu'il n'y a rien que des souvenirs.

Ayant retrouvé le masque de son calme professionnel, elle s'en retourna dans la chambre du malade, dont il considéra qu'il s'était réveillé, puisque des yeux bleu azur suivaient ses mouvements. Le reste disparaissait plus ou moins sur les bandages. Visiblement, la blessure au dessus de l’œil était, comme elle l'avait soupçonné, assez superficielle, puisqu'il pouvait encore l'ouvrir, mais des blessures assez superficielles comme celle-ci, il en avait plusieurs sur le visage, et un long pansement au milieu de la tignasse en bataille, entourait son crâne. Sa jambe, immobilisée par une attelle avait demandé aux chirurgiens près de deux heures de travail.

« Bonjour Monsieur. Comment vous sentez vous ? » Quoique polie, la question avait une fois encore le défaut de sa parfaite stupidité. Personne ne pouvait s'imaginer que quiconque pourrait aller bien dans les circonstances dans lesquelles il se trouvait. Il s'agissait uniquement de vérifier que les fonctions neurologiques n'avaient pas été altérées.

« Je suis le docteur Grandt. » ajouta-t-elle par courtoisie tout en jetant un œil aux indicateurs biologiques, affichés sur les machines. Ni le pouls et ni la fréquence respiratoire n'étant pour le moment inquiétants, elle se chargea de changer les  poche de glace, qui, déposées sur le torse, au niveau des deux côtes qui étaient cassées, permettaient de faire diminuer le gonflement de ses blessures, et d'anesthésier une souffrance qui devait être vive, et d'ailleurs, la manière dont l'homme aux yeux bleu grimaçait le confirmait. Elle nota sur son dossier d'envisager les injections stéroïdiennes entre les côtes, pour qu'il ne retienne pas son amplitude respiratoire.

Ceci fait, elle s'occupa de refaire le pansement qu'il portait à l'arrière de la tête, au niveau de l'entaille assez profonde, qui barrait la base du crâne, au-dessus de la nuque. Même si elle s'efforçait autant que possible d'adopter des mouvements doux en écartant les cheveux et en détachant la  bande de gaze qui maintenait les fibres de carboxyméthylcellulose, mais elle sentait les muscles se tendre lorsque le désinfectant brûlait la plaie.


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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyDim 13 Nov 2022 - 17:13

Another one bites the dust

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John a tenté de glisser le long du siège arrière pour trouver une issue de secours juste à sa droite. Tout son corps le faisait souffrir le martyr mais son instinct de survie le suppliait de quitter le véhicule endommagé avant qu’il n’arrive une autre catastrophe. Son esprit est embrumé, dans un état de choc. Il n’était pas réellement conscient de l’état catastrophique dans lequel il se trouvait physiquement. Sa vision était troublée et son ouïe était obstruée par un sifflement continue qui l’empêchait de cerner les personnes qui essayait de l’en dissuader.

Malheureusement, John finira par se retrouver à bout de force. Il perdait du sang, beaucoup de sang. Ses paupières devenaient beaucoup trop lourdes et il luttait désespérément contre l’inévitable. Le britannique clignait ses yeux à un rythme de plus en plus lent et tout ce qu’il pouvait discerner c’étaient des silhouettes humanoïdes qui s’approchait de lui pour venir lui offrir les premiers secours. John n’est pas parvenu à répondre aux questions de cette même personne, laissant échapper que des légers gémissements en guise de réponse avant de sentir son corps le lâcher pour plonger dans une profonde inconscience.

Tout était beaucoup plus agréable lorsqu’il a fermé les yeux une dernière fois. Il se sent beaucoup plus léger, ne ressent aucunes blessures, aucun dégâts collatéraux, juste de la sérénité. Lorsque John redresse ses paupières, il put être spectateur de la scène. Une voiture complètement renversée, le chauffeur avait réussi à rester coincé sur son parebrise brisé, mort. Des passants sont venus l’extirper pour cacher sa dépouille sous un linge blanc. Une foule d’inconnu s’était agglutiné autour de l’arrière du véhicule. John observe la scène à quelques mètres de là, cigarette entre ses lèvres. Il s’est permit de l’allumer avant de se rapprocher doucement de cette dernière par simple curiosité morbide.

« Eh ben, j’aimerais pas être à la place de ce mec. » marmonna-t-il entre ses lèvres.

C’est lorsqu’il se rapproche d’assez près pour observer l’un des rares survivants de cet incident qu’il prend conscience que la personne qui était en train d’agoniser dans cette voiture n’est autre que sa propre personne. La semelle de ses chaussures écrase les débris de verre ou du moins en donnait l’illusion. John se plie en deux pour pouvoir s’observer de plus près en laissant échapper une grimace de dégoût à la vue de tout ce sang qui s’échappait de son corps, de ses os brisés qui mettrait probablement des mois à se ressouder.

« Merde. J’ai vraiment une sale gueule. »

Les sirènes de l’ambulance invitaient la projection astrale de John Constantine a reculé d’un pas pour les laisser agir, comme si sa simple présence suffisait à bloquer le chemin. Les deux ambulanciers n’auraient eu aucun mal à passer à travers son fantôme. La sensation de se faire transpercer de part en part n’a rien d’agréable et John préfére l’éviter. Ce n’est pas la première qu’il est le spectateur de sa propre mort, d’où son incroyable sérénité face à un accident aussi grave. Il est conscient d’avoir eu énormément de chance qu’un médecin soit à proximité, une chance toujours aussi insolente.

« Hey ! Fais gaffe où tu mets les mains toi, j’ai pas envie de crever aujourd’hui. T’as vraiment pas envie que je vienne te hanter pour les restants de tes jours, crois-moi. »

Constantine avait suivi son corps comme un chien suit son maître. Il embarque à son tour dans l’ambulance en s’étalant sur les bancs du véhicule, la clope toujours au bec. Cette dernière étant fictive, elle ne se consumait pas entre les lèvres du magicien. John est resté silencieux et spectateur pendant tout le trajet en plus de son petit passage au bloc opératoire.

« Vous pouvez en profiter pour me refaire le nez, ça m’arrangerait. »

John essayait de rire de la situation comme il le pouvait avant de se permettre une petite visite de l’établissement pendant que les médecins essayaient de relancer son cœur. Il sait qu’on l’attend, au bas de la porte de la mort. Ils sont nombreux à attendre son âme et ils devront encore attendre quelques années de plus. Au fil de la visite, Constantine avait retrouvé un état de santé stable, assez stable pour permettre à son spectre de retrouver son corps. Il profita d’être enfin de retour à la maison pour terminer sa sieste et se reposer un peu.

Le lendemain, lorsqu’il ouvre les paupières, la douleur est revenue et seul le matelas à peine confortable du lit d’hôpital est là pour le soulager. La morphine est également présente mais pas assez importante pour atténuer le mal qui rongeait John. Une femme est entrée dans sa chambre, une silhouette qu’il semblait déjà avoir croisé auparavant. C’était elle, la médecin qui avait donné les gestes de premiers secours. Le sorcier baladait doucement ses pupilles de gauche à droite pour examiner un peu plus en détail son environnement avant de répondre.

« Hmm… Comme après un lendemain de soirée trop arrosé, je crois. »

John la regarde s’approcher pour venir changer les pansements et faire quelques vérifications. Le regard du blessé continue de se balader pour voir ses affaires et vêtements en lambeaux pliés sur une chaise juste à côté de son lit. Il peut également apercevoir son portefeuille, sa cartouche de cigarette et son briquet à proximité. Bon sang, qu’est-ce qu’il aimerait s’en griller une en ce moment même. Il grimace, grogne de frustration avant de reporter sur attention sur l’employé qui essaye de lui faire la conversation pendant qu’il peste intérieurement.

« Gnh… John, John Constantine. C’est vous, je vous ai vu me porter secours, vous étiez là, au bon endroit, au bon moment. C’est… gnih… dingue non ? »

Oh non, c’est loin d’être dingue pour Constantine, mais il aime jouer les naïfs pour voir la réaction de son interlocuteur.





Dernière édition par John Constantine le Sam 11 Fév 2023 - 18:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyJeu 17 Nov 2022 - 11:22

« J'ose espérer que vous ne finissez pas toutes vos soirées avec une fracture ouverte au tibia, un poignet foulé et deux côtes cassées. Ne le prenez pas personnellement mais vous n'êtes pas le seul patient dans cette ville et je n'ai pas que ça à faire. »  Déclara la jeune médecin aux vêtements bleu sombre pince sans rire, un petit sourire sarcastique ornant ses lèvres tandis qu'elle passait sur la blessure la compresse imbibée d'un liquide qui malgré la douceur de ses gestes, était d'un piquant bien plus douloureux que ses mots.

« Gnh… John, John Constantine. C’est vous, je vous ai vu me porter secours, vous étiez là, au bon endroit, au bon moment. C’est… gnih… dingue non ? »

La docteur constata avec un soulagement professionnel certain que les fonctions mnésiques ne semblaient pas affectées, même pour la mémoire des événements très proches de l'accident. La remarque, très juste quoique ne cassant pas trois pattes à un canard boiteux, paraissait également montrer que les capacités intellectuelles n'avaient pas été altérées.

« C'est exact. » répondit-elle, calmement factuelle. « Vous avez eu, dans votre malheur, triplement de la chance : de la chance qu'il y ait quelqu'un à proximité qui sache pratiquer les gestes de premiers secours, de la chance que lorsqu'ils ont été pratiqués il n'ait pas déjà été trop tard, de la chance enfin que votre état n'ait pas été suffisamment grave pour que les opérations suivantes les révèle vains. » Le ton était calme et grave, mais sans affect. Pendant que des mains habituées à leur métier manipulaient machines et bandages, des yeux bleu observent visage et gestes du patient. La douleur crispaient par à-coups les traits de l'homme aux cheveux blonds, mais elle voyait surtout vers où le regard de l'homme se dirigeait. Entre un sourire mi-blasé, mi-amusé, et la grimace désolée de celle qui avait trop vu de cancer de la gorge et du poumon, le docteur Grandt soupira d'un agacement qui avait reconnu que la soirée allait potentiellement être longue.

« Là s'arrête plus ou moins votre chance, car je crains que la suite ne vous plaise moins. Vous avez deux côtes cassées, ce qui a pour conséquence que respirer est douloureux, je ne vous apprends rien je crois... » Elle croisa un regard qui lui confirma, sans surprise, qu'elle ne se trompait pas. « La conséquence tout à fait normale et logique est que vous allez avoir involontairement tendance à vous retenir de respirer. Il ne faut surtout pas faire cela. Cela peut entraîner des complications respiratoires graves, pneumonies notamment. »

Si le patient tourne la tête vers elle, feignant avec plus ou moins d'habileté de l'écouter, la manière dont il regarde avec insistance la cartouche de cigarettes et le briquet posés sur une chaise à côté des autres effets personnels d'un air beaucoup plus intéressé par ceux-ci que par ce qu'elle lui explique le trahit.

« La première conséquence, c'est que vous allez devoir faire des exercices de respiration profonde et de toux. Un quart d'heure toutes les heures. Cela peut sembler énorme, j'en ai conscience, et je mentirais si je vous disais que cela ne sera pas douloureux. Mais c'est absolument indispensable. » D'un rapide coup d’œil à travers la pièce, elle cherche à vérifier la présence dans la pièce du carton spiromètre d'incitation utilisé pour aider le blessé à réaliser les exercices respiratoires en question, mais sans parvenir à le trouver.  

« La seconde conséquence, c'est que cela » ajouta-t-elle en désignant le paquet de cigarettes. « va vous être interdit durant toute la durée de votre convalescence.» Le ton n'était pas vraiment celui d'une sentence, mais elle eut l'impression que ce fut comme telle qu'elle fut reçue, comme une sentence de mort. « Je sais que ça n'est pas facile à entendre, mais ce dont vos poumons ont besoin, ce n'est pas de monoxyde de carbone, de goudron de plomb ou d'arsenic mais de dioxygène... La bonne nouvelle, c'est que vous en avez pour six semaines et que les effets physiques de la dépendance à la nicotine commencent théoriquement à s'estomper au bout d'un mois. C'est une excellente occasion d'arrêter avant de mourir d'un cancer.... » Le sourire et le ton de la jeune femme contenaient un peu d'un sarcasme modelé par les années de métier, et la récurrence de cas semblable, mais elle avait le regard doux de ceux qui ont tant eu l'habitude de composer avec la souffrance et l'absurde qui jalonnent la vie de leurs semblables qu'ils en ont tiré une universelle tendresse pour le genre humain, et la raillerie était plus complice que méchante.

Consciente de la difficulté qu'il y avait à lutter contre un telle addiction, surtout quand la douleur fait encore plus que d'ordinaire crier les récepteurs dopaminergiques après leur dose de nicotine, elle ajouta, plus sérieusement, plus compatissante aussi : « Si vous passer de vos cigarettes vous est trop difficile à supporter, je peux vous prescrire de ses substituts nicotiniques qu'utilisent les gros fumeurs pour arrêter. »


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Dernière édition par Katheleen Grandt le Dim 4 Déc 2022 - 14:27, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptySam 3 Déc 2022 - 21:58

Another one bites the dust

I'm not the nicest bloke you've ever met but i do my best

C’est l’histoire de la vie misérable de John Constantine, beaucoup de chance dans un océan de chaos. Il se redressa légèrement dans son lit, profitant de son élan de courage pour constater les dégâts. Il est branché à plusieurs machine qui l’empêche de gesticuler dans tous les sens. Un rictus se dessina sur son visage lorsque la médecin lui dressa la liste des miracles qui lui était tombé sur le coin de la gueule. Il aurait pu rire un bon coup si ses poumons n’étaient pas endommagés. Effectivement, sa respiration est douloureuse, à chaque bouffée d’oxygène, il avait la sensation d’avoir son propre enfer à l’intérieur de ses poumons tellement la brûlure était intense. Peu importe, il s’y habituera, comme il l’a fait toutes les fois où il a fini dans un lit d’hôpital à force de jouer au con.

La chirurgienne continue d’expliquer son état de santé catastrophique tout en listant ces nombreux conseils pour la rééducation de ses poumons, incluant l’interdiction de fumer pendant plusieurs semaines. John lève un sourcil alors que sa main s’était stratégiquement glissée en direction de la table de chevet où se trouvait ses affaires personnelles. Oui, rien de vaux une clope post-accident en guise d’antidouleur. Il n’aura probablement pas son mot à dire sur la question. Sa main s’arrête en plein élan pour finalement retourner s’allonger le long de son corps entre deux grimaces de douleur.

« J’ai déjà entendu ce genre de discours plus d’une fois. » John se redresse avant d’hausser doucement les épaules d’un air nonchalant. « C’est vous le boss ici, madame. »

La remarque concernant le possible sevrage à la nicotine aurait pu le faire pouffer de rire si ses poumons n’étaient pas en feu. Beaucoup ont essayé de lui retirer la cigarette qui l’accompagnait quotidiennement entre ses lèvres. De l’ancien être aimé jusqu’à Cheryl, personne n’était réellement parvenu à lui faire lâcher la clope, surtout pas un cancer des poumons qui lui étaient déjà tombé sur le coin de la gueule il y a des années.

« Pour le cancer des poumons, c’est un peu tard. » Il laisse échapper de nouveau, un rictus moqueur. « Pour celui-là aussi, j’ai eu de la chance, mais c’est une autre histoire. Oubliez les patchs de nicotine, on va essayer de faire sans, pour commencer ? »

Oh il trouvera bien un moment où les infirmières ont le dos tourné pour ouvrir la fenêtre et s’en griller une pour prendre le temps d’observer la vue panoramique pollué de ce trou à rat qu’est Gotham City. La nicotine n’est pas ce que John apprécie le plus dans le faite de contaminer progressivement ses boyaux de goudron. Il apprécie probablement provoquer la mort, tout simplement. L’addiction est juste un effet secondaire qu’il pensait pouvoir surpasser par le simple pouvoir de la volonté.

« Je suppose que mes poumons endommagés ne sont qu’un grain de sable à côté de ce qu’il reste à réparer ? »

Il sait également que son sang de démon l’aiderait à se remettre de ses blessures beaucoup plus rapidement qu’avant. Cela prendra des jours, peut-être des semaines pour les zones les plus atteintes comme ses poumons si fragiles, mais il parviendra à sortir de cet endroit en quelques jours s’il se tenait à carreaux.

« …autant me faire toute la liste tant que j’ai encore un peu de lucidité, vous ne pensez pas ? »




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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyLun 9 Jan 2023 - 22:59

Sarcastique, moqueur, ironique…

Cet homme a la nonchalance insolente des gens trop sûrs d’eux, et en même temps s’accroche à sa cigarette comme un enfant à l’ours en peluche qui ne se transformera jamais, quoiqu’il puisse espérer, en vrai ours capable de le protéger. Ou peut-être plus qu’à la clope elle-même aux gestes dangereux et rassurants qui lui sont associés comme s’il cherchait dans sa mortelle habitude le confort des repères. Inconscient jusqu’ à l’aveuglement mais lucide quant à son inconscience, il semble être de ces improbables consciences qui voient leur aveuglement…Ce type m’a l’air d’être un trésor de paradoxes et d'autocontradictions assumées… constata la médecin avec un brin prononcé d’amusement.

A la bonne heure ! Encore un qui n’est pas banal !


«Lucide ? Vous en êtes certain ? » demanda-t-elle, ouvertement railleuse, mais sans méchanceté.

«Pour la faire courte, vous êtes salement amoché. Je ne vous apprends rien, d’une part parce que vous le sentez, d’autre part parce que je vous soupçonne sérieusement d’en avoir vaguement l’habitude. Je me trompe ? »

Elle ne pris pas le temps d’attendre sa réponse, juste celui de s’accorder un petit soupir entendu, moqueur et vaguement blasé.

«Fracture du tibia, soit trois mois d’immobilisation, de la rééducation, six mois avant de pouvoir remarcher normalement. Il faudra faire suivre la cicatrisation et que vous preniez des anticoagulants. Injections d’héparine, aussi, pendant trois mois pour éviter que vous ne développiez des phlébites. » Elle enchaînait les préconisations avec le ton traînant de la banalité et le rythme saccadé d’une averse de mauvaises nouvelles.  « Poignet foulé. Pareil, vous êtes bons pour des séances de rééducation. C’est moins grave qu’une fracture ouverte, naturellement, et vous devriez avoir nettement moins mal dans trois ou quatre semaines, et peut être plus d’attelle dans 2 mois si tout va bien. Par contre, ne vous attendez pas à pouvoir vraiment réutiliser votre main avant 5 mois. » L'intonation était redevenue sérieuse, précise et un peu détachée, celle de quelqu’un qui en a vu d’autres, et des pires. Elle avait conscience que son patient risquait de passer des jours prochains difficiles, conscience qu’il souffrait, et comme toutes les souffrances qu’elle devait voir au quotidien, cela lui était intolérable. Et en même temps, elle ne pouvait s’empêcher de penser que pour la violence de l’accident qu’il venait de vivre, il s’en sortait tout de même franchement bien.

« Lésions diverses un peu partout. »  ajouta-t-elle afin de compléter la liste des courses. «Vous allez grincer des dents quand il faudra les désinfecter, mais à part celle au niveau de la tête, vous ne risquez pas grand-chose en termes de complications… » dit-elle histoire de compléter le festival des bonnes nouvelles. «Arrangez vous pour ne développer ni méningite, ni atrophie cérébrale, et ça ira !» annonça finalement la médecin avec un grand sourire ironique.

Autant sa lassitude que sa goguenardise attendaient qu’il lui demande comment faire. Car si la réponse ne lui était pas hors de portée, elle doutait qu’il l'accueille avec plus d’enthousiasme que la recommandation précédente.



C’était le genre de scène, si absurde et si banale, qui la plongeait dans la perplexité, et de la perplexité vers l’angoisse, et de l’angoisse vers la mélancolie.

Pourquoi y a-t-il tant de gens pour consumer ainsi leur temps ? Pour se suicider ainsi lentement ?

Parce qu’à quinze ans la cigarette leur a vendu qu’elle les rendrait séduisants et que la désillusion passée, ils n’ont jamais trouvé le courage d’arrêter parce que dans le fond, à quoi bon ? Est-ce que les espoirs vains de ses amours avortés d’adolescents valent vraiment le sacrifice de ses années d’adultes enlevées avant l’heure ? Ou est-ce les vieilles années qui n’attendent plus rien qui ne valent pas  l’abandon de l’euphorie des jeunes illusions ?

Pour occuper leurs mains et leur temps  parce qu’il est moins douloureux de travailler sciemment à l’écourter que de le laisser couler à ne rien en faire faute de savoir à quoi l’employer ou en faire quelque chose ? Pour vivre comme un personnage de Julien Gracq, dans un temps étiré comme un chewing-gum à travers les rues brumeuses d’une vie oisive et floue dans l’attente oppressante d’un événement absurde souvent, tragique toujours, et le causer parfois, faute de ne plus savoir l’attendre ?

Pour oublier dans l’euphorie chimique les douleurs de la vie, et croire voir se disperser ses démons dans le smog que l’on recrache alors qu’on ne fait qu’en installer un nouveau dans celui que l’on inhale ? Pour que les effets antianxiolytique de la nicotine calment l’angoisse du vertige de l’absurde, la liberté ou l'ambiguïté selon comment on préfère le nommer ?

Pour être celui qui fait apparaître dans le décor la fumée à laquelle la nuit, les enseignes et les phares donnent une lumière bleutée et qui flotte dans dans les airs comme un air de jazz et nous plonge dans l’angoisse irisée de la nostalgie et de cet air provisoire qu’ont les choses ? Pour regarder l’étincelle qu’on a fait jaillir du briquet consumer progressivement le papier à tabac comme le temps consume nos vies que l’on soit fumeur ou non, en se demandant ce que l’on a fait de ses chaotiques journées d’un temps où l’on en avait encore à revendre et qui n’est plus déjà ?


Est-ce pour lui le symbole du mode de vie qu’elle ne peut s’empêcher de lui imaginer ? Celui d’un homme qui vit pour éprouver la vie plus qu’un bonheur ou une paix pour lesquels il n'a pas l’air bien doué. Jouant avec le vie et le temps un jeu pas moins perdu d’avance que ne l’était son combat à elle, mais avec l'ivresse de n’avoir rien à perdre puisqu’on a déjà perdu contre la mort dès l'instant de sa naissance et de se sentir si vivant en attendant. La vie d’un aventurier, escroc ou tricheur professionnel - pas comme métier, elle n’avait pas la moindre idée de quelle pouvait être sa profession et s’en souciait d’ailleurs fort peu, mais comme mentalité - promenant au fil de sa vie, de situations en situations et probablement de bars en bars. Elle avait presque autant que diagnostiqué reconnu en lui ce que le docteur Stoppard, qui malheureusement parlait d’expérience, appelait “l’air rêveur et usé de ceux qui boivent trop”.  

Une vie intransitive et absolue, presque nietzschéenne,  bien différente de la sienne, guidée par les principes qu'elle s’était donnés, par et pour lesquels elle vivait. Pour lesquels seulement elle vivait désormais. Sans espérer, même le repos et le calme dans une ville qui ne voyait pas de raisons de laisser même les innocents être tranquilles. Même aimer envers et contre tout son métier ne la garantissait ni du vertige écœurant qui consiste à se demander si ce à quoi l’on occupe son existence fait sens, ni de sentir dans les relents de l’épuisement qui ne laissait de ses jours qu’un trognon décharné qu’elle défendait la vie au détriment de vivre. Pour celle qui avait quitté sa ville natale au départ parce qu’elle voyait que la vie était ailleurs, ce destin était sans doute une étrange et cruelle ironie. Mais si c’était le prix à payer pour ne pas laisser des Hommes crever sans soins, alors il n’y avait peut-être rien à regretter.




« Je suppose qu’on vous a aussi dit plus d’une fois qu’avoir déjà été guéri d’un cancer du poumon ne vous garantissait ni du risque de rechute, ni du risque de récidive. Surtout si vous n’avez rien changé à votre hygiène de vie…» Malgré une légère hésitation sur le mot, elle n’avait pas dit “absence d’hygiène de vie”, même si ce terme était plus proche assurément de ce qu’elle pensait vraiment. Elle pouvait se montrer moqueuse, elle n’était pas non plus là pour l’insulter. Néanmoins était assez clair ce qu’elle pensait. « Et j’imagine que de même vous avertir qu’avoir déjà dû subir une ablation d’un morceau de poumon vous fragilise et qu’en conséquence vous feriez mieux de prendre mes recommandations au sérieux atteint à peu près le même degré de parler dans le vide que le reste... »

Blasée avec le sourire, un sourire entendu qui est toujours mieux que de se laisser aller à penser tristement à tout ce que ce genre d’attitude a de consternant en général, et de décourageant pour elle en particulier.

« Vous savez, le récit de Théramène du tabac et de ses dangers, vous l’avez peut-être entendu des dizaines de fois, mais moi j’ai dû le réciter quelques centaines de fois. Sur ce point, nous sommes quittes. » Le coin des ses lèvres s'étirait en un sourire railleur.

« Enfin… vous n’en ferez qu’à votre tête, n’est-ce pas ? »  conclut-t-elle avec une ironie piquante


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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyJeu 9 Fév 2023 - 18:26

Another one bites the dust

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Curieusement, le chirugien doutait de la lucidité de son patient, un détail qui laisse échapper un rictus sur le coin des lèvres de Constantine. Ce n’est pas sa première fois dans une chambre d’hôpital et ça ne sera clairement pas la dernière fois. C’est à croire qu’il se sentait immortel, qu’il n’était pas conscient de sa résistance humaine très limité. Il vivait comme si sa vie n’avait aucune importance, une manière de vivre difficile à concevoir pour une grande partie de la population. John essaye de se repositionner un peu plus confortablement dans son lit après avoir abandonner l’idée de fumer devant son médecin.

« Ouais, j’en suis plus que certain. »

John sait quand il perd la tête et il s’estime plus lucide que la plupart des gens dans cette foutue ville de dégénéré. Heureusement pour lui, son cerveau n’a pas été atteint durant l’accident et il n’avait que des os brisés d’après le rapport qu’elle lui fait. Le sang de Nergal qui s’écoulait dans ses veines lui permettra de guérir plus vite mais il était malheureusement bloquer pour quelques semaines dans cet hôpital, ce qui était loin de l’arranger.

« J’ai la fâcheuse tendance à attirer les mauvaises personnes autour de moi, si vous voyez ce que je veux dire. »

Constantine pouvait se faire passer pour un petit criminel, quelqu’un qui joue avec le feu auprès des gangs de rues, qui négocie avec les mauvaises personnes. C’était beaucoup plus facile pour lui de se faire passer pour un simple malfrat que de dire ouvertement qu’il joue et provoque des forces bien supérieur à lui et à la race humaine. Il pourrait lui parler des heures de démonologie, d’arts occultes et de toutes les conneries possibles qu’il avait fait pour arriver à ce jour où un démon provoque un accident de voiture dans les rues de Gotham en espérant assassiner Constantine. Avait-il réellement prévu de le tuer ? Si son seul but avait été de renvoyer John en enfer, il aurait été plus simple de le poignarder en plein rue, réduire toutes les chances de survie.

« Ne vous habituez pas trop à ma présence. Même si le bilan a l’air plutôt alarmant, je me suis sorti de situation bien plus compliquée que ça et je ne parle pas de ce satané cancer. » Une longue histoire dans laquelle John avait fait plus que jouer avec le feu, il avait joué avec son âme, avec les anges déchus. « Je ne suis pas prêt à chopper le cancer de sitôt mais merci de vous inquiéter pour mes poumons mais ils sont intactes et mon hygiène de vie est irréprochable. »

Des paroles qui sonnent presque ironique venant de Constantine. John a une hygiène de vie discutable, préférant laisser les cadavres de bières trainer sous le lit entre les mégots de cigarette et les cendriers qui ne demandaient qu’à être vidé et j’en passe. Si elle connaissait réellement en détail l’hygiène de vie de Constantine, elle serait surprise de le savoir encore en vie. Ses artères n’ont même pas commencé à se boucher ? Si John avait l’humeur un peu taquine, il aurait également pu parler de médecine alternative qui avait miraculeusement guérit son cancer. Cela aurait de quoi la mettre de mauvaise humeur ou l’inviterait à remettre inutilement en question toutes ces connaissances en matière de médecine. Malheureusement, il est bloqué dans ce lit, chaque mouvement et elle était la seule personne qui pouvait atténuer la douleur et pratiquer les premiers soins. Même si John avait quelques capacités, il a toujours besoin d’un médecin pour lui prodiguer les premiers soins.

« Dans cet état, je vais pas jouer les casse-cous et essayer de sauter par la fenêtre pour fuir les séances de rééducation, les premiers jours. Pour le reste, je ne peux rien garantir ma belle. »

Un peu d’humour, même si John était clairement capable de sauter par la fenêtre si son instinct le suppliait de le faire. Pour l’instant, le britannique se tordait de douleur à chaque fois qu’il essayait de changer de position dans son lit. Même s’il avait un esprit têtu, il allait se contenter de rester sage pour cette fois, peut-être seulement pour quelques jours.

« Si on doit se côtoyer autant de temps, je peux t’appeler autrement que Miss… Grandt ? »

John s’était rapproché pour distinguer le petit badge présent sur sa blouse. Ses os n’étaient pas en bon état mais sa vue était encore assez perçante pour lire à travers les petits caractères. Il ne cherche pas réellement à faire du charme, il cherche seulement à faire passer le temps, se sentant déjà condamné dans cette chambre d’hôpital.





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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyVen 10 Fév 2023 - 17:28

« J’ai la fâcheuse tendance à attirer les mauvaises personnes autour de moi, si vous voyez ce que je veux dire. »

Le docteur Grandt voit bien, oui. Celle qui a été médecin à Arkham et à Blackgate les connaît vaguement, oui, les mauvaises personnes de Gotham, merci pour elle. Elle en connaît même sans doute qui sont malheureusement là-dedans un cran au-dessus du genre de personnage que le ton insinuant du blessé sous-entend fréquenter.

Ce point l’intrigue un peu, d’ailleurs. Qu’il soit un petit malfrat, un petit trafiquant, pourquoi pas. Ce n’est pas forcément ce qu’elle aurait supposé si elle s’était posé la question, mais ce n’est pas comme si elle avait imaginé quoique ce soit de précis à cet endroit, cela ne la regarde pas. Qu’il le laisse entendre si clairement, cela c’est plus étonnant. Si véritablement son activité joue avec les limites de la légalité, ce n’est pas très fin de s’en vanter. Certes, ce n’est pas comme s’il risquait quoique ce soit. Il n’y a rien qu’il ait clairement affirmé et la délation n’est pas le genre de la maison, laquelle a plutôt l’habitude de ne jamais déroger à la règle d’absolu secret médical qu’elle s’est depuis toujours fixée. Mais de son côté, il n’y a rien non plus que pourrait lui apporter le fait de s’en vanter. Surprenant. Elle l’aurait intuitivement pensé plus intelligent.  

« Eh bien soyez rassuré, ce n’est pas à Gotham que vous allez manquer de compagnie. »  ironise-t-elle, ayant bien repéré dans les intonations du britannique l’accent étranger du nouveau venu qu’elle-même a perdu depuis longtemps.  

Le flegme quasiment surnaturel de cet homme dépasse toutes les bornes qu’on puisse imaginer, observe-t-elle sarcastiquement devant l’optimisme presque délirant de son patient. C’est à hésiter entre se réjouir qu’il ne se laisse pas aller à désespérer sous l’ampleur de la souffrance physique et que le traumatisme psychologique de l’accident n’ait pas semblé outre mesure le marquer, et chercher les mots pour lui expliquer à quel point il risque vite de déchanter. Il est quand même sérieusement blessé, et d’autre part la possibilité d’une récidive de cancer, surtout s’il n’a pas cessé de fumer ne s’élimine pas comme ça. Elle pourrait lui en parler des heures, des tumeurs malignes, de mutations cellulaires et de métastases, lui raconter de toutes les souffrances auxquelles ses conneries risquent un jour de le condamner.  Cela n’aurait pour effet que de l’agacer inutilement sans lui faire remettre en question le mode de vie qu’il semble avoir décidé d’adopter.  Elle l’a déjà mis en garde, le reste ne dépend que de lui.

« Vous ? Une hygiène de vie irréprochable ? N’espérez pas que je vous croie. »  se contente-t-elle de constater, d’un ton définitif et désabusé dans lequel pointe la nuance sarcastique de son esprit blasé.


« Dans cet état, je vais pas jouer les casse-cous et essayer de sauter par la fenêtre pour fuir les séances de rééducation, les premiers jours. Pour le reste, je ne peux rien garantir ma belle. »

Si l’humour cynique et railleur du britannique aux côtes cassées lui fait esquisser un sourire franchement amusé et presque complice, elle n’a pas le temps de finir de réfléchir à la réponse sur le même genre de ton qu’elle comptait lui rétorquer que les derniers mots de l’homme blond brisent brusquement cette vague sympathie, la fait se raidir et se fermer, agacée. Et les mots suivants ont le don de faire grimper d’un cran son exaspération. Katheleen a horreur des séducteurs.

« Docteur Grandt. Et non, vous ne le pouvez pas. » Sa voix est toujours très calme et posée, mais en lieu et place de la raillerie sympathique et du sourire d’une bienveillance emprunte de malice se trouve désormais un visage fermé et un ton sec, pincé, presque sur la défensive. Peut-être un peu trop d’ailleurs, cette attitude révélant un peu plus qu’elle ne voudrait à quel point elle s’est sentie insultée par ses petites appellations pour que cela ne risque pas d’inciter le chieur que semble être cet individu à recommencer.  

Longue et désagréable journée ! Elle soupire l’instant nécessaire pour reprendre le parfait contrôle de son calme avant d’ajouter plus froide et plus neutre :  « Dans un autre registre, y a-t-il quelqu’un a qui vous avez besoin de faire savoir ce qu’il vous arrive et où vous vous trouvez ? »


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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyLun 22 Mai 2023 - 23:59

Another one bites the dust

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Plus le temps passe et plus John peut sentir les effets de la morphine. Il commence à se mouvoir un peu plus facilement dans son lit, même s’il sent les limites de ses os brisés et de ses muscles meurtris. C’est aussi douloureux que la fois où il s’est jeté d’un train en marche pour fuir les fantômes qui le hantent. Ils ne sont plus aussi présent qu’avant, mais le poids de leur mort pèsera toujours sur ses épaules, quoi qu’il en pense. Aujourd’hui ce ne sont pas les fantômes de proche défunt mais des démons qui voulaient ma peau. La menace n’est pas différente mais l’attaque est plutôt originale.

John retrouve ses idées claires au fur et à mesure de la conversation avec le médecin. La réalité de la vie l’avait probablement rattrapé et elle semblait aussi cynique que l’était Constantine. C’est à peine si elle esquissait un sourire lorsque John se moquait de sa situation. Contrairement à ce que son rapport de santé pouvait citer, ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait dans un piteux état à l’hôpital. C’est seulement sa première fois à Gotham City, une sorte de baptême après quelques jours de vie dans cette ville corrompue. John a connu des quartiers de Londres bien plus crade que cette ville.

Le blessé laisse échapper un rictus sur le coin de ses lèvres, un soufflement de nez lorsque le docteur lui confirme que la ville ne manquait pas de mauvaises compagnie. John l’avait senti à la seconde même où il avait posé son pied dans ce trou à rat. Il savait que Midnite n’était pas loin, que certains mystique et culte sacrifiait en ce moment même des nourrissons à la gloire de Satan dans les bas-fond de ce taudi. C’est probablement toute cette magie cachée qui avait ramené les démons sur Terre. John hocha légèrement la tête, montrant qu’il était déjà conscient de cette mauvaise réputation et de la toxicité de cette population. C’était peut-être leur toxicité mutuelle qui avait convaincu John de poser ses bagages.

L’hygiène de vie de Constantine est déplorable aux premiers abords, mais les bilans de santé ne sont pas aussi catastrophiques qu’ils auraient dû être. Ces poumons, fraîchement réparé par voie divine, sont aussi rose que ceux d’un nouveau-né. Ses artères sont en bon état, sa vue est excellente mais il n’est pas aussi souple qu’avant. Le docteur Grandt aura d’agréables surprises lorsqu’elle observera les bilans de santé de John dans les prochains jours. Peu importe, d’ici quelques semaines, John sera déjà loin des murs de l’hôpital, enfin il l’espère.

« Je vous laisse le droit d’en douter. » répondit simplement John.

Il a commencé à glisser sa colonne vertébrale vers le haut du matelas pour le décoller de ce dernier et se tenir assis. C’est laborieux mais après quelques minutes de lutte, il parvient à rester assis sur son lit. Il espérait que dans les prochaines heures, son corps se retrouvait sur le bord du lit et qu’il ne lui resterait plus que quelques efforts pour se détacher du lit et partir de cet endroit. John avait prévu des activités bien plus intéressante que des séances de rééducation avec miss coincé du cul. Le docteur refuse tout langage familier avec son patient et ne lui offre pas l’occasion d’être un peu plus familier avec son médecin. Peu importe, John laisse échapper un petit rire.

« C’est toi qui vois boss. »

Puis elle lui demande si elle n’a pas une personne à contacter. En une seconde, John a pensé à une personne en particulier qui errait également à Gotham City. Il aurait pu répondre par ce nom qu’il avait sur le bout de sa langue mais le britannique reste dans un mutisme profond suite à cette question. En sachant que sa vie avait été menacé par des forces démoniaques, ces proches seraient aussi en danger.

« Je préfère que ces personnes ignorent ma présence, c’est mieux pour eux et vous avez probablement d’autres patient à soigner, malfrat à recoudre ? Les os d’un meurtrier à resouder ? Je ne suis qu’une péripétie dans votre calvaire à Gotham. »



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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyDim 2 Juil 2023 - 15:33

Amusée par cette peinture somme toute assez réaliste de ce qu’est son travail et sa vie, la médecin ricane en s’entendant dire qu’elle a sans doute à soigner un meurtrier dont les os sont à ressouder. Encore qu’elle le trouve bien un peu trop optimiste. Plus optimiste qu’elle en tout cas.

« Juste un seul ? » ironise la jeune médecin, un sourire en coin, feignant plus ou moins de n’avoir pas remarqué ce que révélais les mots précédents. Mais ce n’est pas comme si elle n’avait pas l’habitude de la tristesse qui se laisse entendre dans les voix et les silences sous le verni de l’ironie. Il lui suffirait pour cela de s’écouter. Ce n’est pas comme si elle n’avait pas l’habitude de rencontrer des patients qui lui ressemblent plus que les apparences ne le crient, des gens aux vies, caractères et idéaux différents, mais au même destin. Des gens qui mourront seuls, comme elle.

« Navrée, de vous décevoir, mais si vous espérez être le plus odieux, le plus cinglé, le plus dangereux, le plus insupportable, le pire des patients que j’ai pu avoir, je crains que ce soit raté. » raille la directrice de la clinique, qui a travaillé à Arkham et Blackgate avant de fonder son propre hôpital. Autant dire que de l’expérience en termes de patients dangereux, difficiles ou juste simplement superlativement énervants, elle en a un morceau.

« Je vous laisse, j’ai encore quelques malfrats à recoudre ! » annonce-t-elle en ouvrant la porte d’un ton sarcastique perclus d’une ambigüité dans laquelle nul ne saurait dire où s’arrête la blague et où commence la cynique description de la réalité de son métier.

Voyant que l’homme parvient, quoique laborieusement, de dresser sur son séant, elle se décide à considérer qu’il semble aller suffisamment bien pour pouvoir être laissé seul comme un grand garçon, attendre plus ou moins patiemment sa rémission. De toute façon, attendre, il le devra bien qu’il le veuille ou pas. Des côtes cassées, ça ne se répare pas en trois jours. Ça se saurait si c’était le cas.

« Tâchez de vous reposer et d’éviter de faire trop n’importe quoi si vous voulez récupérer correctement, et, je ne sais pas, éviter de moisir ici une demi-éternité ?  A titre personnel, je vous le conseille, vous finiriez par vous y ennuyer. L’éternité, c’est long surtout vers la fin. Et puis, comme ça, moi ça me permettra de libérer un lit d’hôpital dont auraient besoin… qui sait ? un drogué en overdose ? un mafieux et son cancer ? un psychotique avec une balle dans le corps ? » lâche la jeune femme dans un dernier conseil, qu’elle sait aussi sûr d’être écouté que les précédents. Mais ce n’est pas comme si elle n’en avait pas l’habitude de parler pour les murs à tous ceux qu’elle voit foncer dedans avec un fabuleux enthousiasme à s’auto-détruire n’est pas le dernier de ce qui a forgé son ironie.

Son rire désabusé, moqueur et gentiment sarcastique résonne encore dans la chambre lorsqu’elle referme la porte, laissant l’exorciste seul avec ses douleurs et ses démons, s’en retournant s’occuper de ceux des autres patients, des autres médecins, des autres humains, de tout le monde sauf d’elle-même.


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Dernière édition par Katheleen Grandt le Ven 18 Aoû 2023 - 19:19, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyMer 9 Aoû 2023 - 21:47

Another one bites the dust

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Malgré ces os qui grincent, sa peau meurtri par de nombreux hématomes, John ne rêve que d’une chose, se lever de son lit pour en griller une. Elle aurait beau lui faire mille menace concernant l’interdiction de la cigarette dans un établissement hospitalier, il n’entendrait que son addiction. C’était peut-être un moyen comme un autre de se rassurer, ou plutôt de se sentir bien vivant. La fumée toxique qui traversait ses poumons pour remonter jusqu’à sa trachée et se dissiper entre ces deux narines. Une sensation folle et relaxante qui permettrait à Constantine de digérer tout ce qu’il s’était mangé en l’espace de 48 heures. Cette ville recelait son lot de surprise et surtout sa dangerosité. Même un homme prétentieux comme lui ne pouvait pas se mesurer au karma de Gotham City.

Le docteur Grandt avait un sacré caractère qui semblait distraire le fourbe et malicieux occultiste. Même si son sang de démon lui permettait de guérir plus vite, il était bon pour rester coincé dans cette chambre plusieurs jours voire semaines. La nouvelle lui a laissé un goût amer en travers de la gorge. Elle n’est pas la seule employé dans cet endroit mais il n’est pas impossible que leurs chemins se croisent à nouveaux, qu’elle lui fasse une énième remontrance sur cet odeur de tabac froid qui collait à la chemise médical de John. Lorsqu’elle lui certifie qu’il ne faisait pas partie du gratin de ses patients, John laissa échapper un rictus sur le coin de ses lèvres. Son visage et son apparence lui permettait presque de se faire passer pour un ange.

« Vous me mettez au défi de le devenir ? » rétorque John avec un sourire taquin, difficile de déterminer si cette demande de défi était de la pure ironie pour rejoindre le mouvement ou une arrière-pensée sincère de relever cette épreuve.

Car il aura besoin de distraction. Constantine est seul dans une ville qu’il ne connait à peine. Il n’était pas grand lecteur et encore moins amateur de smartphone dernier cri. Il pouvait toujours faire comme les petits vieux qui attendent la mort et zapper les chaînes jusqu’à trouver un semblant d’intérêt pour l’une d’entres elles. Le docteur Grandt a quitté la pièce et John se retrouve seul avec sa conscience à peine lucide. Malheureusement, John allait devoir prendre son mal en patience s’il voulait avoir une chance de sortir de cet endroit.

Les jours ont défilé, avec son lot d’ennui. Les premiers jours, il ne pouvait même pas se lever de son lit et devait obligatoirement être assister d’une infirmière. L’idée était à la fois humiliante et satisfaisante, une sensation difficile à assumer, même pour John. Le simple fait de rester allongé 24 heures sur 24 le frustraient. Il sentait son corps s’enfoncer chaque jour un peu plus sur le matelas peu confortable de cet hôpital. Il commençait à devenir familier des soins et se permettait même de faire un peu la conversation lorsqu’il était d’humeur. Le plus délicat était de convaincre la personne qui le soignait de limiter ces examens médicaux, non pas parce que la mutuelle du magicien était plutôt médiocre voir inexistante, mais surtout pour éviter que le personnel hospitalier ne se pose trop de question.

John disposait de faculté qui lui avait été donné par son ennemi juré lui-même. Le sang de Nergal coulait dans ces veines, rendant ce dernier corrosif et mortel pour tout être humain qui aurait la mauvaise idée de s’en injecter. Le plus difficile à dissimuler, c’est sa capacité de guérison surhumaine. Au fil des jours, les médecins avaient remarqués, lors d’une radiologie, que les os du britannique avait déjà commencé à se resouder. Ils essayaient de comprendre ce qu’il s’était passé, de poser des questions à leur patient, mais John parvenait toujours à esquiver cette discussion. Moins ils en savent, mieux ils se portent.

Au bout d’une semaine et quelques jours, l’occultiste avait décidé qu’il avait passé la nuit de trop dans cette chambre qu’il détestait temps. Elle était reconnaissable d’entre tous par cette odeur de tabac qui embaume la pièce. Les infirmiers ont eu beau fouillé dans tous les recoins de la pièce, ils ne sont jamais parvenus à le prendre en flagrant délit, ni à récupérer les preuves qui aurait pu incriminer le patient. John s’était débarrassé de sa blouse pour renfiler ses vêtements. Ces gestes sont lents, il ressent encore la douleur mais pouvait miraculeusement se tenir debout. Sa cicatrisation est encore instable alors Constantine essayait de faire les gestes les plus lents possibles. Tout son corps le faisait souffrir depuis qu’il avait retiré l’aiguille qui lui injectait sa dose quotidienne de morphine.

Enfilant son trench, John se retrouve dans le premier couloir. Quelques regards familiers le dévisageaient. Le britannique ne s’était pas fait beaucoup d’amis. Ces voisins de chambré avaient un avis très partagé sur la question. Ils l’adoraient, soit ils le détestaient, il n’y avait pas vraiment de demi-mesure. Comme si de rien n’était, le mage avait traversé tout le bâtiment pour se tenir devant la porte d’entrée. Il ignorait encore comment il allait pouvoir descendre les quelques marches d’escalier, qui le guidait vers la liberté, sans crier de douleur. Il y repensera quand il sera dos au mur.


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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyVen 18 Aoû 2023 - 22:34

Petite musique qui va bien avec l'ambiance, je trouve :




Dans un flottement de trench coat qui sent la cigarette et le cynisme des rêves passés, le britannique traverse les couloirs hygiéniquement glauques de l’hôpital. Sa démarche douloureuse et lente, est étonnamment fluide pourtant, de la part d’un homme qui depuis le temps qu’il a passé blessé devrait à peine être en mesure de se lever. Tout aussi curieusement, il atteint sans encombres la porte arrière de l’hôpital, celle qui débouche sur de petites ruelles misérables et sombres par un escalier un peu raide que d’ordinaire l’on ne recommande pas aux blessés d’emprunter.

Dehors, le ciel est pâle de bleu et l’on sent le vent de l’aurore mal réveillée insuffler à l’air une fraicheur libératrice. Le froid relatif de la brise matinale presque dure en comparaison de la pesanteur de chaleur molle et moite qui s’abattra dans quelques heures sur la ville. Au loin, le ciel pollué donne un mauve romanesque et désespéré à la tristesse de ses buildings et de ses cheminées d’usine. Derrière la laideur banale et sordide des rues et le spleen naufragé de l’horizon se cache peut-être une forme de liberté pour qui parvient à fuir ce port, chirurgical et accueillant, aux odeurs moins d’algues que de sang et de désinfectant qu’est la clinique. Sans doute est-ce en tout cas ce que doit espérer l’homme à l’allure de flic de roman noir qui fait face à l’abîme périlleux des marches d’escalier.



« Ça vous amuse beaucoup, ce petit jeu, n’est-ce pas ? »


La longue et mince silhouette tourne le dos à celui auquel elle s’adresse. Elle a bien dû le voir sortir pour le reconnaître. Pourtant, imperceptible a été ce mouvement de maîtresse d’école que les cancres soupçonnent d’avoir des yeux dans le dos. Et puisqu’elle l’a reconnu, elle devrait peut-être se mettre en colère contre celui dont le cache-cache borné avec le personnel hospitalier détruit depuis dix jours son propre corps, et tous leurs efforts au fur à mesure qu’ils les font, dans une méthodique et cynique autodestruction. La voix, sarcastique, est pourtant sans reproche, dépourvue de l’accent agacé qui sous-entendrait que la docteur est à la limite de l’envie de lui mettre une gifle ou au bord de la crise d’apoplexie. Le ton est tout juste blasé et doux, perdu dans le lointain de ses pensées .

Robe bleu océan, blouse blanche à laquelle l’heure matinale n’épargne pas de porter déjà des taches de sang comme si la médecine essayait de se montrer à la hauteur du mal et de la fatalité en ne dormant jamais, la silhouette est immuable comme le cynisme, la tristesse et le spectre de la mort, immuable comme toutes les choses ennuyeuses, désespérées et pourtant rassurantes, immuable comme le haussement d’épaule fatigué qui ajoute des points de suspensions à son affirmation. Devant elle s’élevait en volutes le souffle mélancoliquement pensif d’une légère fumée.

La médecin n’a pourtant ni l’anesthésique de l’alcool ni le stimulant du tabac pour donner à son existence l’illusion de ressembler à une vie. Dans sa main lorsqu’elle se retourne, l’on ne peut voir que la tasse de café qui a défaut de lui offrir la force qu’elle ne sentait plus et l’espoir qui s’était flétri, la maintient éveillée contre la fatigue qui la ronge. A chacun ses démons, à chacun ses addictions.

Les yeux bleus détaillent longuement le magicien, avec un sourire vague, vaguement complice, vaguement désolé. Elle ne semble pas outre mesure surprise de  le voir se trouver là où il n’a rien à faire, comme si elle avait compris depuis longtemps que c’est là l’endroit où il a toujours le plus de chances de se trouver.


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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyMer 27 Sep 2023 - 21:30

Another one bites the dust

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Un pas après l’autre Constantine. Sa petite voix le guidait mais chaque centimètre qui le rapprochait de la porte était plus douloureux que le précédent. Trop tôt, même les dons de Nergal ne lui permettent pas de guérir aussi rapidement qu’il le souhaiterait. John se donne du mal pour ne pas rester trop longtemps dans cet hôpital. Ce n’est pas réellement le fait d’être logé, nourrit blanchi et assisté qui le dérangeait le plus dans cette histoire. Le problème était bien plus compliqué que cela. Le personnel avait déjà remarqué cette capacité particulière qui maintenait le britannique en vie. Ses os se ressoudent rapidement, sa chair cicatrise. Le plus énigmatique restait les rares prélèvements sanguins qu’on effectuait pour vérifier son état de santé. Aux premières observations, rien d’ordinaire mais lorsqu’on se penche un peu trop sur sa composition, on finit par comprendre toute la toxicité des globules rouges.

Moins ils en savent, mieux ils se porteront, c’est la devise de Constantine. Les innocents se foutent souvent dans la merde en voulant en apprendre trop et les scientifiques sont probablement les plus agaçant de tous. Ils s’accrochent à ce qu’ils ne connaissent pas jusqu’à avoir obtenu les réponses à leur théories farfelus. John s’en lasse rapidement et il préfère prendre les devants. Un pas après l’autre, il se rapproche de la sortie. Parfois, la voix de la raison lui demande pourquoi il se donne autant de mal pour fuir. Où est-ce qu’il allait aller une fois qu’il serait sorti dehors ? Est-ce qu’il était encore là ? Cette créature qui avait provoqué cette accident ? John n’a pas la force pour se défendre d’eux, il en est conscient, mais il marche, un pas après l’autre vers la sortie.

Des escaliers, il se trouve à plusieurs mètres devant eux mais il les voit déjà. Une ultime douleur soudaine l’a ralenti dans son élan. Il s’est arrêté, la main posé sur ses côtes. Elles sont encore fragiles, il est resté trop longtemps debout.  John se voile la face autant qu’il peut, mais il est encore faible. Ces marches, aussi banales soit-elle, relève plus du parcours du combattant qu’autre chose. Il cache une grimace en attrapant une cigarette pour la mettre dans ses lèvres. Elle n’est pas encore allumée mais il rêve d’en brûler le bout. Un mélange de frustration, de raison et de crainte avait envahi son esprit. Il ne sait pas combien de temps il était resté dans ce couloir à attendre que ses os se répare toute seule. Il était encore sous une faible dose de morphine, mais le produit faisait assez effet pour éviter au patient de s’écrouler sur le sol.

Une voix s’extirpe du silence de ce couloir aseptisé. John pivote légèrement sa tête pour apercevoir une silhouette familière. Il ne l’avait pas vu depuis un moment. Les nombreux médicaments ingérés n’ont pas impacté sa mémoire et il se souvient des personnes qui se montre aussi borné que lui. Il laissa échapper un léger sourire en secouant légèrement la tête. Il se sent encore légèrement courbaturé après avoir passé trop de temps dans son lit.

« Le jeu du chat et la souris ? A moins que vous parler d’un autre jeu plus hardcore du genre : quel nouveau os je vais pouvoir briser en descendant ces marches ? »

John se montre taquin, mais la raison finit par lui faire prendre conscience qu’il est encore trop tôt pour franchir la porte de sortie. Elle en est probablement plus consciente que Constantine lui-même. Il n’avait pas réellement envie d’allonger son séjour plus longtemps en se créant de nouvelles fracture. Il devait prendre son mal en patience, prendre des risques futiles.

« Loin de moi l’idée de vous faussez compagnie mais plus je m’éloigne de ce genre de bâtiment, mieux je me porte. Vous comprenez l’idée ? » Il tourne légèrement les talons, comme pour faire comprendre qu’il renonçait à cette éventualité. Il préfère se tourner vers elle. « Que me vaux cette visite ? Ma présence vous manquait à ce point. A moins que ça soit l’odeur de la cigarette qui vous titille les narines ? »



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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyVen 6 Oct 2023 - 10:30



« On peut regarder tout ça de haut et en rire, comme d’une pub foireuse qui ce veut fine, mais l’ironie c’est du pipeau. C’est ce qu’on fait pour arrêter la douleur avant qu’elle se déclare, c’est une ironie préventive contre la vie. »
James Hawes, Une Mercedes blanche avec des ailerons, 1999
 




Le rire de la jeune femme perce le relatif silence de l’aube, s’envolant un court instant avec un pigeon surpris. Le son de ce bref amusement est limpide mais il y a toujours cette même tristesse dans sa voix, qui se mêle à chaque note de son rire et à chacune de ses paroles. Même dans la légèreté d’une simple réaction à des paroles comme celle-ci, l’humour de la jeune docteur est toujours un peu de l’ordre de l’ironie. Il contient la dérision du monde et de sa vie, dont il vaut mieux rire. Mais pour sincère que soit l’amusement devant le trait d’humour british, la légèreté et le pétillant de la manière d’y répondre est une façade. Car son ironie et le résultat de ce qu’elle a vu de l’absurde et du désespoir de la vie, et de ce qu’il est impossible de revenir en arrière. Impossible lorsque le filtre de l’illusion s’est déchiré dans l’œil de ne plus voir.  

« Je conçois bien que les hôpitaux ne soient pas les endroits les plus sympathiques à visiter à Gotham. Ni nulle part, d’ailleurs. » reconnait-elle, sincère mais sur le ton de l’ironie.

Quelques pas font flotter un pan de blouse blanche derrière elle et elle fait soudain face au britannique. Une main se pose sur la rambarde de l’escalier. L’autre porte la tasse de liquide tiède à ses lèvres. Une odeur de café vient remplacer dans la brise matinale celle de vieux tabac du blessé. Le regard de la médecin est amusé, ouvertement moqueur. Et fatigué, aussi.

« Archives des souffrances de l’existence, dernier résultat tangible des combats de chacun pour s’extirper du monde un peu plus haut que son voisin, dernier et sans doute seul endroit où l’on se préoccupe encore un peu des gens, enfin dernière étape avant le néant pour ceux qui ont moins de chance que vous n’en avez eu, et rappel à tous de son inéluctabilité, pour toujours et de tout temps, voilà ce qu’est un hôpital. »  Un sourire d’une énigmatique ambiguïté se dessine sous le regard bleuté de la trentenaire. La chaleur de la boisson d’échappe en légères volutes dans la fumée de l’air.


« Qui serait assez fou pour ne pas avoir envie de fuir pareil endroit ? » ajoute-t-elle avec douceur, et un rien d’autodérision. De toute façon, qui n’a pas envie de fuir la plupart du temps ? Elle qui a bien vu l’humanité depuis les couloirs de la clinique et les années de métier, connaît la réponse : bien moins de gens qu’ils ne veulent bien se l’avouer, et probablement pas la personne à laquelle elle fait face. Car sinon, qu’aller chercher dans les buildings hostiles, les rues polluées et les dédales hostiles de Gotham City ?

« Quelqu’un qui n’a pas envie d’aggraver ses blessures au point de revenir à la case au bout de deux jours peut-être ? » suggère-t-elle, inéluctablement médecin, reprenant un propos moins abstrait et plus professionnel, sans y sacrifier le rien de sarcasme que lui inspire immanquablement celui qui depuis son accident passe le temps en se distrayant à leur dépends, ce qui rend folle de rage Helen, et elle, l’amuse autant que la dépite, dans cette même ironie qui met au moins un peu de distance entre l’hideux désespoir du monde et elle.

« Quelqu’un qui malgré des capacités de régénération que je reconnais extraordinaires n’en demeure pas moins humain, c’est-à-dire mortel et d’une solidité épuisable, et qui ferait mieux de reconnaître que faire attention quelques jours de plus lui évitera de s’étaler en bas des marches avec quelques fractures supplémentaires ? » Poursuit-elle avec une moue cette fois ouvertement railleuse. Après tout, au nom de quoi serait-il le seul autorisé à se moquer !


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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyMer 18 Oct 2023 - 15:38

Another one bites the dust

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John baladait sa tête de gauche à droite. Son esprit était torturé entre son envie de quitter cet établissement au plus vite et l’idée de ressortir en un morceau. Il ne lui reste plus grand-chose pour sortir. Le problème n’était pas les quelques marches d’escaliers qui l’attendaient à la sortie, Constantine a une bonne tolérance à la douleur à force de fréquenter le pire de l’être humain et les pires créatures du monde des enfers. Le problème, c’est une incertitude, l’incertitude du monde extérieur et de qui l’attendait à la sortie de l’hôpital. Ces journées à l’hôpital ont permis à John de recoller les morceaux et de comprendre ce qui lui était arrivé. Un démon avait pris le contrôle d’un innocent pour tenter de le tuer, ou plutôt d’attirer son attention. Si l’entité avait réellement décidé de le tuer, il s’y serait pris autrement. Il aurait fait en sorte que ces chances de survie ne soit pas aussi élevé.  

La femme qui s’était occupé de lui était à proximité. Il a commencé à échanger avec elle. Il ne la connaissait que depuis quelques jours mais il savait déjà ce qui lui traversait l’esprit. Il mourrait d’envie de s’allumer une clope mais il prenait sur lui. Après quelques phrases cyniques, il laissa la docteure prendre les devants, rétorquer, se moquer de la situation. Il ne lui en veut pas, il estimait presque qu’il le méritait dans une situation pareille. Elle était un peu la voix de la raison, ce petit être qui essaye de te faire comprendre que se casser deux os de plus pour essayer de fuir l’hôpital était une idée complètement stupide.  

« Je dois dire que je ne m’habituerai jamais à la sensation de os qui craque et qui se brise en deux. Donc non, l’idée ne me paraît pas complètement intelligent non plus. »

Mais il y avait pensé, l’idée était toujours là, dans un coin de son esprit. Elle était toujours là et elle ne partira pas. Le docteur Grandt confirma les craintes de Constantine en mentionnant ses capacités régénératrices. Les hommes de science ne sont pas dupes face aux talents guérisseurs de Constantine. Le voilà face à un autre problème un peu plus délicat à régler. Il ne veut pas devenir une bête de foire, encore moins qu’on se sert de lui pour des expériences médicales un peu louche. Pour le bien de tous, il fallait que tout cela soit jeter au placard.  

« Ce ne sont pas des capacités, ce n’est pas non plus une bénédiction, ni une malédiction, encore moins un pouvoir de méta-humain ou je ne sais quoi. Je suis tout ce qu’il y a de plus humain. »  

John ne cherche pas à s’enfoncer dans le mensonge, cela pourrait rendre la situation encore plus dangereuse qu’elle ne pourrait l’être. John s’éloigna quelques instants de son interlocutrice pour aller batailler avec la machine à café. S’il ne pouvait pas fumer de cigarette, alors il allait devoir palier son addiction avec une autre forme addictive. Cette machine était capricieuse, elle avait besoin de quelques coups de pied pour fonctionner et lui délivrer un gobelet en plastique remplis d’un jus de chaussettes sans sucre.  

« C'est pour ça que je déteste les hôpitaux, ils ont tendance à poster trop de questions. Si cela vous intrigue tant, je vous conseille de garder votre esprit curieux à l’abris. Mon sang est corrosif, mais mon corps se guérit vite. Il paraît que c’est une maladie génétique rare ou une connerie dans le genre. »

Il fallait bien inventer un mensonge, un scénario plus crédible que d’expliquer au médecin qu’il avait, il fut un temps, collaborer avec un démon qui lui avait offert son sang. John soupira. En avalant une première gorgée de ce café, il venait de renoncer à quitter l’hopital, du moins pour aujourd’hui.  

« Je suis sûr que vous vous en remettrez. Ce n’est pas la première fois que vous avez affaire à quelque chose... d’aussi atypique. »



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MessageSujet: Re: " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt]   " Another one bites the dust " [Katheleen Grandt] EmptyJeu 14 Déc 2023 - 19:31



« - Vous n'avez jamais envie de fuir ?
- Bien sûr...la plupart du temps.»

Grazia Verasani, Vite et nulle part, 2006
 


Fuir, qui ne le souhaite pas ? Qui peut prétendre n’avoir jamais ressenti la tension violente de cet appel d’un ailleurs indéterminé mais bien plus souhaitable que l’amertume tragique de cette dérision qu’est la réalité ? Qui peut prétendre n’avoir jamais souffert cette angoisse teintée de dégoût qui se reproche pressamment chaque minute perdue dans le présent comme une insulte à cet altérité fantasmatique que son indétermination, son ineffable absence de forme et de nom rendait plus désirable encore, si elle n’en était pas tout simplement la clé ? La pression d’un présent insupportable et la sensation de lourdeur et de vide cumulé d’en être prisonnier n’est que la moitié de cette aspiration asphyxiante et nostalgique à s’en aller. Il y a au contraire en arrière de celle-ci, parfois dissimulée, toujours désespérée, la certitude que la vie peut – et doit – être mieux que cette souffrance ou cette monotonie là. Mais les rêves d’ailleurs inconnus sont toujours trop informes ou pas assez.  Pas assez pour être assez beaux pour valoir la peine de tout quitter pour eux, trop flous pour que les espoirs de sens, de valeur et de bonheur puissent être réalité. En fin de compte, cette sorte de rêve se nourrissait lui-même en nourrissant un dépit existentiel de ce monde et de cette vie.

De toute façon, abstrait ou non, chimère réalisable ou idéal sans substance, on ne partait que rarement, qu’importe combien on le rêvait. Le quotidien et ses cruciales et médiocres échéances savait être une bien efficace prison, habile à lessiver les rêves. A cela s’ajoutaient, s’accumulant, toutes les contraintes et les obligations de l’existence auxquels les plus heureux ou les plus malchanceux pouvaient ajouter le poids des attachements, lorsqu’ils avaient la chance d’en avoir pu contracter et la félicité de les avoir pu conserver. Tout le monde ou presque rêvait de fuir, en somme, mais personne ne la réalisait, parce qu’elle était impossible.

Elle l’avait fait pourtant, il y avait désormais bien longtemps. La prison sèche et étouffante de chaleur et de vide, d’une vie sans perspective et sans existence, faite de croyances sans foi, d’interdits sans raisons, de mesquineries sans pertinence, de lendemains sans avenirs, elle l’avait quitté. Elle cherchait une vie qui valait la peine d’être vécue, un autre monde où elle serait libre, un endroit trop loin peut-être pour exister… Et ironie du sort, elle s’était retrouvée peut-être encore plus coincée dans cet hôpital qu’elle ne pouvait lâcher un instant sans risquer de le voir s’effondrer, dans ce maximum des possibles qui ne la rendait ni vainqueur de l’absurde ni heureuse. Elle ne regrettait rien, ni son exil, ni son engagement, ni son métier, mais parfois lorsque le quotidien l’écrasait de sa maladive répétition de douleur et de sang, elle se sentait des envies de partir en courant. Elle restait pourtant, immuable comme la mort. N’eusse-t-elle voulu que souffler un moment, une invisible chaîne toujours l’empêchait de s’éloigner. Elle était prisonnière de son rôle et de son rêve passé, il y aurait toujours quelque part un patient que son absence aurait mis en danger. Et surtout, elle n’avait nulle part d’autre où aller.


Le regard bleu, lointain comme les vagues ou le scanner d’une radiographie se porte une nouvelle fois sur son patient. La ressent-il, lui, cette envie de fuir et cette impossibilité d’aller quelque part ? L’éprouve-il, lui, a vacuité de ce désir de départ ? Sans doute. Mais en ce qui le concerne, l’impossibilité de fuir sa vie et surtout l’endroit – et l’état, il faut bien le reconnaître peu plaisant - dans lequel les voies de l’existence l’ont mené, se trouve être assez littérale. Et à ne pas mentir, elle n’est pas fâchée qu’il le reconnaisse, et surtout lui épargne par-là la perte de temps de ces bien drolatiques et tragiques minutes à lui courir après.  

Une mine dubitative accueille les explications curieuses, pour ne pas dire foireuses. D’un œil ouvertement sceptique, elle le regarde lui débiter des bobards. Est-ce qu’il y a quelque chose de vrai dans tous cet étalage de menteries cousues de fil blanc ? Elle ne sait pas s’il lui ment. Elle sait seulement que c’est probable. Une maladie génétique rare qui rend le sang corrosif et les blessures plus rapides à se soigner ? Elle connaît tout de même relativement son métier, elle en aurait entendu parler.

Mais justement, elle connaît son métier, et quoique son esprit scientifique soit fiévreux d’interrogations et de curiosité, elle est médecin avant tout. La science qui veut la vérité, veut savoir, veut connaître, jusqu’à en être intrusive ou indiscrète se déchire souvent dans son cœur avec l’éthique rigide de son métier. Les secrets des patients ont un droit imprescriptible à leur intimité. Le combat est rude quelquefois, entre ses deux passions, sœurs et opposées. Mais la médecine, toujours, en elle finira par gagner.

« J’ai déjà eu l’occasion de voir des choses… atypiques. J’ai aussi eu l’occasion de m’entendre assez souvent débiter des contes plus ou moins crédibles bâtis pour me cacher ce que l’on ne souhaite pas révéler… »

Son regard mélancolique détaille des traits de l’anglais d’un regard si placide qu’il en est presque scrutateur, mais comme de loin.  Plus qu’à quel point il se paye sa tête, elle se demande si lui aura en sortant de l’hôpital quelque part où aller, quels démons il ne peut fuir où qu’il aille… Elle ignore bien sûr qu’il faudrait prendre ces mots au pied de la lettre en leur sens le plus littéral. Elle a vu bien des choses, et pas que des plus ordinaires, dans son hôpital, mais non plus au point de se l’imaginer. Personne ne peut s’imaginer un truc pareil.

« Je m’excuse si vous étiez sincère d’avoir douté de vos… explications… Mais vous savez, même si vous ne l’étiez pas… » Elle a un haussement d’épaules doucement désinvolte et une voix calme et paisible. « Je ne vous demande pas vos secrets. Je suis peut-être curieuse, il est vrai. Mais je connais assez mon métier, je crois, pour savoir quand quelque chose ne me regarde pas. »


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