Enfin une soirée calme au GCPD, pas d'appels d'urgence pour une mamie qui dénonce les vandalismes d'individus afro-américains qui auraient saccagé et brûlé des voitures, alors que ce ne sont que les barbecues des voisins aussi blancs qu'elle. Pas d'appels de détresse de cette même mamie bigleuse comme pas deux qui craint le molosse avec la rage au pied de son immeuble insalubre. Pas de balivernes, que de petites broutilles qui ne requièrent absolument pas l'intervention d'un sergent des forces de police, la bleusaille peut s'en charger sans aucun problème, ce qui m'aide à récupérer toute la paperasse en retard, que j'ai du mal à boucler avec mes horaires peu conciliants, et ma double-vie. Heureusement que Chione n'est toujours pas rentrée d'Egypte, sinon, je me ferai taper sur les doigts de ne pas passer une seconde tranquille et d'être systématiquement loin de la maison. En parlant de maison, il va vraiment falloir que je m'occupe de racheter le manoir, par définition, quand j'ai été déclaré mort, ils l'ont refilé à mes parents. Ce qui n'est pas plus mal en soit, puisqu'il y avait l'accès à ma batcave, et à des dossiers disons... sensibles. Mais je m'occuperai de ça plus tard, pour l'instant, la basse besogne de relire les rapports et de les trier et ranger dans les archives... Chiant !

Je suis de nouveau interrompu dans mon office par un signal quelque peu dérangeant sur le canal, une plainte voudrait être déposée, mais la communication est interceptée et brouillée. Je me dis que c'est une panne ponctuelle du téléphone, et que s'étant fait raccrocher à la tronche avant d'avoir terminé sa phrase, le plaignant va nous recontacter dans les minutes qui suivent, mais rien. Et ça recommence une seconde fois, le téléphone sonne, et puis hop, c'est dévié, et envoyé ailleurs que dans nos services.

Je me lève de mon bureau et pars vérifier le compteur téléphonique pour voir un peu si j'arrive à démêler cette bobine intrigante en consultant l'historique d'appels. En effet, je vois les coups de téléphone avec identifiants apparaître, ils sont enregistrés, et sont validés par l'informatique alors que personne n'a eu le temps de décrocher... C'est très curieux, c'est une anomalie qui peut coûter cher à nos concitoyens si nous ne sommes plus capables de subvenir à leurs demandes et besoin.

Alors que je m'apprête à informer nos supérieurs hiérarchiques aux étages de ce problème soudain, sur le chemin des escaliers, je demande discrètement à Upsilon de me retracer l'appel via ma montre connectée. Mais je réalise suffisamment vite que ce n'est pas nécessaire, en réalité, cet état de fait n'a échappé qu'à très peu de monde, et c'est à force de me concentrer trop sur moi-même que je suis devenu aveugle à tout ce qui m'entoure. Plusieurs collègues gradés sont déjà avertis du pot-aux-rose, j'écoute d'une oreille attentive ce qu'ils se disent, et intercepte quelques bribes de phrases relatant du Joker, d'une taupe, et d'un réseau de police clownesque parallèle qui cherche à semer le trouble dans notre ville.

Dois-je y aller en tant que Batman, ou en tant que Sergent Luke Fox ?

Dilemme, si c'est un coup du Joker, il vaut mieux que ce soit le chevalier noir qui se mette en route, mais en même temps... Je n'ai pour ainsi dire rien fait depuis mon retour en tant que représentant des forces de l'ordre, et il est grand temps que ça change aussi, les gens doivent voir que le GCPD est actif, et compétent, qu'il ne laisse pas les justiciers masqués faire tout le travail et montent au créneau sur le terrain pour défendre les habitants et leurs intérêts ainsi que leur sécurité.

Je lève la tête vers les bureaux de l'étage, et m'écrie.

- Sergent Fox au rapport, je me rends sur place en éclaireur pour vous faire un état des lieux et une évaluation du niveau de menace.

J'embarque mon gilet pare-balle, ma veste d'intervention, et courre vers le parking pour réquisitionner un véhicule blindé, qui me servira plus tard si une descente armée est à craindre, de mur pour nous protéger les hommes et moi. Les clefs sont sur le contact, je démarre, pied au plancher, et direction la sortie !

J'évite de mettre la sirène, bien que je me doute qu'ils vont s'attendre à une visite de notre part, je ne veux pas qu'ils prennent des mesures trop drastiques de représailles avant que la cavalerie lourde ne suive, il est donc primordial de jouer sur un effet de surprise en deux voire trois temps. Alors que je zigzague entre les voitures dans le trafic comme un chauffard, j'établis mon plan d'attaque et j'utilise un canal différé sur les ondes du poste pour éviter d'être entendu, j'espère simplement qu'ils n'ont pas les oreilles sur celui-ci aussi, ce qui aurait pour effet de me détruire le mien, d'effet, mais en même temps c'est la procédure, et je ne peux pas compter sur la synergie avec les collègues si j'attends d'eux qu'ils lisent dans mes pensées sans leur dire ce que j'ai prévu...

Dans un premier temps, me pointer tout seul, et paraître être une menace bidon, commencer à établir un plan de bataille sur plusieurs niveaux et en plusieurs instants capitaux pour la réussite de l'opération. Je ne sais pas combien de renforts vont me suivre, mais si j'en crois ce que j'ai déjà eu l'occasion de voir dans mon passé à la maison, le temps de s'équiper, d'être briefés par le chef, et de se mettre en route, je dirai que j'ai une demi-heure ou trois quarts d'heure d'avance sur eux pour tâter le terrain et le rendre favorable à un arrêt immédiat de leurs activités, et une arrestation massive des complices du Joker, quant à lui, je doute que nous puissions le saisir, il aura très probablement des plans B à ses plans B pour se faire la malle au moment critique, quitte à abandonner lâchement ses gars à leur triste sort.

Rejoindre Amusement Mile me prend bien plus longtemps que ce que je n'aurai souhaité, dans leur mascarade, ils ont déjà causé pas mal de tort, et c'est regrettable, je vais tenter de les ralentir en attirant leur attention, mais je crains de ne pas être suffisamment de moi tout seul pour les inquiéter plus que ça... Mais comme on dit, qui ne tente rien n'a rien !

Je suis enfin sur place, devant la Funhouse, là où ils ont été localisés. Frein à main pour mettre le fourgon de travers, et je descends pour me mettre à l'abri derrière. Je sors la tête furtivement afin d'évaluer le nombre d'hommes de main en faction devant le centre des opérations... Ils sont pas mal nombreux, et je risque de manquer de munitions et de temps avant d'être dans une situation périlleuse. Tant pis, il faut que je fasse un essai.

Je retire mon blouson de cuir, et le jette vers ma gauche, afin de faire diversion, les brutes vident leur chargeur dessus comme des imbéciles, pfeuh, amateurs... Je décale donc vers la droite, pose mes deux bras sur le capot de la camionnette, vise, et tire dans l'épaule du premier que j'ai en ligne de mire, il lâche immédiatement son arme, je bascule sur le second, et lui tire dans le genou. Il s'effondre au sol en hurlant. Parfait, j'ai attiré leur attention, ils vont commencer à paniquer et commettre des erreurs. Je me remets à couvert parce que je me fais canarder par les restant que je n'ai pas eu le temps de neutraliser.

Je dégoupille une grenade fumigène anti-émeute, et la lance en cloche par dessus, pour les disperser, ils seront plus faciles à abattre s'ils ne sont plus en formation serrée. J'entends des quintes de toux, ils sont encore trois debout. Ils vont essayer de me contourner, parfait, je vais les prendre à revers, le principe de l'arroseur arrosé, ça va être marrant. Je tourne donc autour de la fourgonnette en même temps qu'eux, pour les prendre dans le dos, après m'être équipé d'un masque à gaz, il ne faudrait tout de même pas que je me fasse piéger par ma propre manœuvre !

Un coup de crosse de mon pistolet dans le crâne du premier qui tombe inconscient sans émettre le moindre son, le second devant moi mériterait le même sort, mais il a l'idée de se tourner au moment précis où j'allais agir, je bloque son bras, lui donne un coup de coude dans le menton, il bascule vers l'arrière, je l'attrape au niveau de la gorge et par la ceinture, je le soulève dans les airs, avant de le plaquer au sol de toutes mes forces, le fracas de ses os alerte le dernier, qui n'arrive pas à me viser à cause du fumigène dans ses yeux en larmes. Je fonce, coup de poing dans son foie pour lui couper la respiration, un crochet dans les côtes pour l'accabler de douleur alors qu'il lutte pour une bouffée d'oxygène, et enfin, je saute et lui envoie mon genou dans le sternum pour l'achever.

Je ne perds pas le nord, je me retourne après avoir perquisitionné toutes leurs armes à feu, je les menottes avec du flexible de plastique, et je me remets en position défensive derrière mon véhicule.

J'attrape le mégaphone à l'intérieur du cockpit, et annonce ma présence, pour les mettre en position d'échec.

- POLICE DE GOTHAM, LE BÂTIMENT SERA BIENTÔT CERNÉ, VOUS ÊTES EN ÉTAT D'ARRESTATION POUR USURPATION ET DÉTOURNEMENT DE L'ASSERMENTATION POLICIÈRE ! SORTEZ UN PAR UN LES MAINS SUR LA TÊTE !

Allez les gars, c'est le moment d'arriver maintenant ! Grouillez-vous ! Me laissez pas tout seul ! Il ne faut pas que je sois résolu à appeler Upsilon à l'aide et prendre le risque d'être révélé en tant que Batman ! Mais je garde toujours cette option en tête au cas où...

Nuit d'enfer

Codage par Libella & Care

- "Papa, t'es pas tout seul, Bruce est entré en action ! Il est rentré dans le bâtiment, mais tout seul il va sacrément être en galère ! Faut que tu te pointes pour lui filer un coup de main !

Maryanna est arrivée, et me demande si elle peut contribuer à mettre un terme à ce fiasco. Putain, je vais quand même pas envoyer cette gosse à la mort en lui disant de rejoindre le chevalier noir, sans aucune couverture... Réfléchis Luke, réfléchis ! Il y a forcément quelque chose à faire !

- "Papa ! T'attends quoi ? Qu'il grêle ? Sors-toi les doigts du cul !"

Et avec Upsilon qui hurle dans mes oreilles et qui me met des coups de pression, je n'arrive pas à penser avec discernement, mais petit à petit, alors que j'observe l'environnement autour de moi, je commence à envisager plusieurs manœuvres qui peuvent nous donner un peu de temps et de réussite, le temps que Bruce vienne à bout du Joker.

- "Maryanna...? Pardon, Nightwish. C'est ça ? C'est le nom que tu t'es choisis il me semble. Content de te voir. Joli costume, le modulateur de voix mérite une retouche, mais ça ira si tu rencontres quelqu'un qui n'a aucune idée de qui tu es et qui n'a jamais eu à faire à toi. Et oui, y a un truc qui me vient à l'esprit. Quelque chose que toi tu peux faire, et que tu es la seule à pouvoir faire...

Dick va me tuer s'il apprend que j'ai utilisé sa fille comme une diversion, et avec ses capacités de guérison exclusivement réservée aux autres, et jamais pour elle-même, je vais devoir me surpasser si j'ai espoir de lui permettre de rentrer à la maison sur ses deux jambes pour le dîner. Bon allez, en avant...

- "Le bâtiment est rempli de clowns armés jusqu'aux dents, si ils voient quelqu'un s'approcher, ils vont vider les chargeurs sans réfléchir, et bien que tu sois très talentueuse, tu es encore loin de rivaliser avec ton père question acrobaties. Du coup, je vais te demander de te surpasser et devenir une cible invertébrée, je veux que tu te contorsionnes et que tu exagères tes mouvements aléatoires dans tes déplacements. Dés qu'ils vont te voir sortir le bout de ton nez, ils seront obligés eux aussi de se montrer pour te mettre en ligne de mire. Je vais tâcher de neutraliser autant que faire se peut, mais je ne peux pas te promettre de tous les avoir. Ecoute-moi attentivement gamine, je t'interdis de te faire ne serait-ce qu'érafler. T'as compris ? A mon signal..."

J'effectue une roulade sur le coté, et jette des grenades fumigènes en direction des fenêtres, mais ça ne suffira pas, le temps qu'elle remplissent les pièces dans lesquelles les tireurs se trouvent, ils auront eu le temps de transformer Maryanna en passoire. Du coup, je sors mon arme de service, et tire dans les grenades. Les explosions respectives provoquent un nuage éphémère mais néanmoins aveuglant qui obstrue leur visibilité. C'est ça mon signal, je continue de tirer après avoir mémorisé les emplacements des fenêtres ouvertes pour dégommer les snipers. J'entends des hurlements après certains tirs chanceux, ce qui me donne la ferveur de quitter ma position pour suivre Nightwish, qui devrait elle aussi tenter de pénétrer l'immeuble. Une fois que je suis assuré qu'elle s'en ai sorti, et qu'elle a pu entrer sans encombre, moi aussi, je passe par la porte d'entrée du rez-de-chaussée.

Je suis à l'intérieur, sur mes gardes. Dés que l'opportunité se présente, je préfère ranger mon pistolet et fracasser les membres des adversaires qui viennent me mettre hors d'état de nuire. Mes compétences en tant que chauve-souris me sont infiniment utiles, et c'est probablement à elles que je dois ma survie jusque-là. J'avance encore et encore, enchainant les combats et les blessures de plus en plus lourdes pour essayer de rejoindre Maryanna et Bruce.

Quand j'arrive enfin, ENFIN... A l'étage où le gros des opérations se déroule... Je suis exténué, je n'ai plus aucune munition conventionnelle, je suis couvert de bleus et de plaies ouvertes, je gravis les marches en boitant, puis à quatre pattes, et pour terminer, en rampant... Si seulement j'avais mon armure... Je crois que je vais opter pour la nanotechnologie, je vais développer ça, j'en ai pour des années...

NAN MAIS A QUOI JE SUIS EN TRAIN DE PENSER ? JE VAIS CREVER LA SI JE NE REJOINS PAS BATMAN !

Je m'écroule sous la douleur lorsque je me trouve devant la porte du quartier général... Fait chier...

Nuit d'enfer

Codage par Libella & Care

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