On ne peut pas vraiment dire qu'Alaya ait une vie heureuse.
Gotham n’est pas vraiment une ville facile si l’on est pas milliardaire - ou bien adopté par l’un d’eux, mais c’est rare. Avec l’ombre d’une mère toujours occupée à subvenir aux besoins de la famille et un père qui a essayé de régler leur problème de l’autre côté de la loi et se retrouve maintenant de l’autre côté des barreaux, personne n’a de temps pour elle. Sa grande soeur s’est trouvé un copain aussi stupide qu’elle et va sans doute pondre tout un tas de neveux et de nièce dont elle sera incappable de s’occuper et son petit frère a besoin de tout le temps qu’on peut lui accorder.
Des vêtements de seconde main, achetés en friperie, récupérés dans des bacs de dons ou bien volés sur les étals des marchés couverts de la vieille ville. Une langue un peu trop pendue pour s’entendre avec l’autorité et un peau un peu trop sombre pour que les badges l'ignorent. Des cicatrices de matraque sur son visage, des souvenirs de rasoir sur ses poignets, des courbes tremblantes récupéré de la plume d'apprentis tatoueurs une histoire écrite sur sa peau de souvenir et de regrets.
De la tristesse qui lui donne la nausée, du dégoût d'elle-même récupéré des remarques de sa sœur, de la nonchalance de sa mère et des regards des mecs dans la rue. Une oreille un peu trop tendue pour ne pas entendre, des sentiments trop volatiles pour ne pas réagir. L’humiliation de ses camarades de classe, l’envie brûlante de se ramener avec un flingue au lycée, de pouvoir leur sourire juste une dernière fois, de leur montrer ce qu’elle vaut.
Les yeux perdus de son frère lorsqu’il la regarde.
Le besoin dévorant de revanche, d’argent, de changement… de contrôle.
Avec un sourire sauvage, des larmes au coin des yeux, elle appuis sur la gâchette de sa manette, un set up qu’elle n’aurait même pas pu rêver de se payer.
“
CREVEZ BANDE DE CAPITALISTES DE MERDE !”
Sur l’écran se dessine une ligne de mort sanglante.
Le plastique vibre dans sa main pour simuler le recul de son arme automatique alors qu’une pluie de plomb déchire la chair de la foule en panique.
Un mélange de redbull et de whisky volé lui brûle le fond de l’estomac, se mélangeant a la rage habituellement impotente qui s’y cache, l’alchimie d’un courage haineux et brutal, qui lui donne envie de rire à gorge déployée lorsqu’elle voit une petite fille se faire coupée en deux par une rafale qui décime les jambes des imbéciles trop lents pour sortir de son champs de vision.
“
HAHAHAHAHAH ! VOUS NE POURREZ PAS ÉCHAPPER AU TIGRE !”
Les cartouches forment une cascade d’or fumante, le tintement métallique qu’elle font en rebondissant sur le carrelage inaudible sous les fracas de la poudre et de l’agonie qui résonne sous les hauts plafonds du centre commercial.
* * *
“
Il semble que le fauve soit des plus réveillés aujourd’hui ! Ecoutez le rugir !”
Le public est subjugué par l’explosion soudaine d’ultraviolence.
L’objectif avide des caméra capturant la marée de panique qui se répand soudain dans le centre fermé, des vagues humaines venant s’écraser sur les rideaux de sécurité, l’écume de la panique jaillit, les plus faibles se faisant piétiner par les courants alors que des rapides séparent amis et famille dans le flot chaotique du cerveau reptiliens face à la mort imminente.
“
Nous aurons sans doute besoin d’une étude détaillée des victimes de chacun pour donner un score final, mais c’est une magnifique performance que nous offre notre nouvelle joueuse !”
Ce n’est pas si facile de trouver du sang neuf pour le show.
Il faut une certaine manière de pensée pour pouvoir s’amuser du massacre, se sentir à l'aise à l'idée de piloter un autre être humain pour commettre les pires atrocités. Tout le monde n’est pas capable de tenir le rythme et si beaucoup de déchets se laissent prendre à l'expérience, trop peu y reviennent.
Mais le désespoir peut être un moteur incroyable.
Qui serait Strings de priver une jeune fille désespérée d’une chance de se sortir de sa condition ? De
gagner pour une fois dans sa vie, de ne plus être le dindon de la farce, mais bien celle dont le rire résonne à la fin de l’histoire.
“
Oh, mais on dirait que Lex Mobile va avoir tout un tas de nouveaux consommateur !”
Une vingtaine de personnes ont pris refuge derrière les tables métalliques et les larges plans de travail de la boutique, le décor futuriste offrant des couverts solides même si le minimalisme n’aide pas vraiment à dissimuler les silhouettes prostrée des consommateurs devenus proies.
Un jingle de guitare sèche se joue sur le chat.
“
Oh non, il semble que la joueur 4 n'ait pas envie d'entendre les dernières offres de données mobiles illimitées…”
Un tube métallique sombre vole à travers les airs, une goupille partant rejoindre le parterre grandissant de souille.
Sur le côté du projectile, une personne a collé un sticker en forme de flamme souriante avec les mots “Too Hot for You” inscrit en dessous. Une jeune femme agrippant son sac avec assez de force pour le déchirer a tout juste le temps de se demander qui à bien pu faire cela alors que la grenade incendiaire roule jusqu’a toucher ses louboutin hors de prix.
Boom.Un flash, comme un éclair tombé dans le magasin puis, soudainement, tout est en feu.
Le métal, le béton, les chaises designer, les téléphones… les gens. Certains sont morts sur le coup, d’autres n’ont pas cette chance, essayant de hurler simplement pour offrir au brasier un chemin jusqu’à l’oxygène de leur poumon. Les vêtements synthétiques se transforment en une seconde peau en ébullition alors que les cheveux se font torches et que la solution hautement inflammable se répand partout. Une demie douzaine de silhouettes englouties de flammes jaillissent du brasier, agitant leur membres en tous sens alors que douleur et panique les empêchent de se rendre compte qu’ils sont déjà morts.
L’eau croupie du système incendie arrive de longue seconde après, laissant le temps au public du show de réchauffer leur petit cœur de psychopathe alors qu’au moins une douzaine de personne est soudain garantie de ne plus jamais avoir froid.
“
Voilà un début d’émission fracassante ! Que nous réserve la suite ?!”