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 Sing for the laughter, sing for the tears || Dick R. Grayson/Nightwing

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MessageSujet: Sing for the laughter, sing for the tears || Dick R. Grayson/Nightwing   Sing for the laughter, sing for the tears || Dick R. Grayson/Nightwing EmptyDim 14 Avr 2024 - 21:19




  • Type de RP : normal
  • Date du RP : début mars 2020
  • Participants: Dick Grayson et Arold Maligait
  • Trigger warning: Allusions à des troubles neurologiques
  • Résumé: Confusion, verre de trop et karaoké entre amis.





Sam Manta-Ray était un nom de drag queen tout à fait respectable. Ray à la ville, Samanta en soirée. Tout était clair et précis. Et Arold pouvait apprécier la recherche du maquillage, un hommage au "kabuki" selon Faye Dunaway : Mommy Dearest. Ce n'était pas Halloween mais pour plus d'une personne ici à Gotham, c'était Halloween toute l'année, et son numéro avait un succès fou au cabaret burlesque du bout de la rue.

Le père d'Arold était un grand fan, du film comme du numéro. Avec un bouquet de roses, il avait invité Sam à boire le thé un jour pour lui présenter son fils. Qu'est-ce qu'il espérait ? Rien n'était moins sûr, il avait parfois un côté un peu imprévisible. Et toujours cette manie de l'appeler Ari devant des inconnus ! C'était ainsi que ses parents l'appelaient au tout début de sa vie, il n'était pas à l'aise d'entendre à nouveau ces syllabes sans avoir donné son accord pour cela.

Ce soir, il s'était perdu dans la rue après avoir acheté une nouvelle cravate dans les belles boutiques, pour le travail. Il était spartiate sur ses dépenses mais tenait à rester correct. Son errance l'avait conduit sous une lanterne rouge, et un parking un peu trop fréquenté pour cette heure avancée se déployait maintenant sous ses yeux incertains. Au moins il allait pouvoir demander son chemin. Il resta interdit quand une silhouette montée sur talons aiguilles s'avança en se dandinant, et l'appela "Ari".
Damned.

"On se connaît ?"

Il était gêné de ne pas situer ce visage à contre-jour, mais ça lui arrivait, ceux qui le connaissaient vraiment ne s'en offusquaient pas. C'était un signe de lassitude sociale à la fin d'une longue journée de travail, et en même temps, un test.

"Sam ! Je suis Sam, bien sûr qu'on se connaît ! J'ai bouffé tes derniers shortbreads sous ton nez, y a pas deux jours."
Une amie, donc. Parfait.

"...tu fais le trottoir ?" Morsure des lèvres. "Pardon, je veux dire... Enfin, je me suis..."

Perdu. Le mot ne se présentait pas. Il y avait entre lui et ce mot un gouffre de terreur qu'il était incapable de franchir. Un geste lui vint automatiquement, fouiller dans sa poche, en tirer un étui - des cigares ? Une petite flasque plate ? Non, c'était un petit livre. Il se demanda si c'était religieux. En l'ouvrant, il constata que c'était une sorte d'agenda marqué de dates et de notes à main levée. Il fronça un sourcil curieux, et commença à le parcourir. Sam, en face de lui, s'impatientait.

"Tu me fais quoi, là ? Eh, fais pas la gueule. Tu veux savoir si ton père m'a payé pour te déniaiser, c'est ça ? Sérieux, t'as presque quarante ans et t'as jamais..."

"Hm-hm," répondit Arold en tournant les pages. Il n'écoutait rien. Il était fortement préoccupé. Ce qu'il lisait là était proprement alarmant. Il perdait l'esprit... et il était le détenteur d'une sorte de trésor d'information dont personne n'hériterait, s'il se trouvait incapable d'en user lui-même. Son coeur battait trop vite, il se sentait mal, presque nauséeux.

"Je suis malade," dit-il rapidement en reculant contre un mur pour s'y adosser. Il sentit vaguement une vieille affiche mouillée de pluie adhérer au dos de son pardessus. Cette sensation fixa son attention quelques secondes. Sam le traitait de tous les noms : c'était pas des façons de réagir ! Il n'allait quand même pas lui vomir sur les grolles, si ?

"Je suis atteint de quelque chose qui n'est pas très bien connu par la médecine,"
rectifia-t-il, en reprenant les mots du carnet. "On ignore comment ça va évoluer. -Pourquoi tu fais le trottoir ?"

Quelques minutes plus tôt, il avait pourtant pris la bonne résolution de ne plus aborder le sujet. En ce moment il était en proie à un brouillard qui tournait en rond sur ses propres traces. Quelque chose dans son expression mit la puce à l'oreille de Sam, qui reprit une expression plus douce, plus indulgente. Il avait surtout un coup dans le nez, ce pauvre Arold, c'était pas le premier qui prenait du courage liquide avant de venir traîner dans ce district, et c'était pas le dernier.

"Parce que j'ai des dettes pharaoniques, mon chou. Je suis une reine, je mérite de me faire belle... Et pas sûr qu'ils seraient gentils avec moi en prison. La liberté ou la mort !"

Arold leva la main pour interrompre sa tirade. "Tu veux m'épouser ? Comme ça, tu toucheras une pension pour moi quand je ne pourrai plus travailler. Tu pourras faire ce que tu voudras de mes affaires, quelque chose de bien, d'utile. Et mes parents pourront revivre ensemble et... Je peux faire ça pour une personne ici. Ce serait mal de ne faire ça pour personne." Le vocabulaire lui manquait pour exprimer sa pensée exacte.

"Un mariage blanc ?" Sam éclata de rire. "Je veux une robe meringue, alors. Non mais, on se débrouille sans toi ici, petit Jésus. Tu crois quoi ? On avait une vie avant que tu te pointes. On en aura une quand tu seras parti. Mais merci, ça me va droit au coeur."

Ses talons pirouettèrent sur place et il n'y eut plus que ses cheveux noirs flottants, dans la brume bleue du soir. Il fallait bien qu'elle retourne bosser, elle ne pouvait pas raccompagner chez elles toutes les âmes perdues qui racontaient n'importe quoi au lieu de lui faire des propositions honnêtes... Il en ferait une bouille, le papa Maligait, quand il saurait que son fiston avait demandé une femme fatale en mariage sur un parking, et qu'elle avait dit non. Famille de paumés, mais ils n'étaient pas méchants, au moins. Quelqu'un descendit la vitre de sa portière et lui fit signe. Arold était déjà oublié.

Il resta appuyé au mur à l'entrée de la ruelle, la tête vide, le carnet entre les mains. Soudain il eut peur de le voir lui échapper et disparaître dans ce nuage qui formait le monde. Il le rangea précipitamment dans sa veste. Son regard cherchait autour de lui, et s'arrêta sur une autre affiche ; une flèche sous un message effacé pointait vers la droite. Il se dirigea donc vers la droite, s'éloignant du parking, de sa faune bigarrée, et de ses lumières.

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Dernière édition par Arold Maligait le Dim 21 Avr 2024 - 13:06, édité 2 fois
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The Flying Grayson
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MessageSujet: Re: Sing for the laughter, sing for the tears || Dick R. Grayson/Nightwing   Sing for the laughter, sing for the tears || Dick R. Grayson/Nightwing EmptyLun 15 Avr 2024 - 14:05

Dick Grayson icone personnage

Sing for the laughter, sing for the tears
FT. Arold Maligait
Si grandir aux côtés de Bruce a bien apprit une chose à son ainé, c’est qu’il est important de garder un équilibre entre identité civile et secrète. Et si Dick n’a pas toujours été le plus brillant au maintien de cette délicate balance, avoir dû être Batman lorsque son père était perdu dans le temps lui a bien remit les pieds sur terre.

Comment oublier le poids de la cape sur ses épaules ? Comment oublier cette sensation de se fondre dans les ténèbres du Batman au point de s’y perdre ? Comment oublier l’importance de son Robin à ses côtés pour tenter de le maintenir malgré tout hors de cet abime qui avait semblé vouloir le consommer jusqu’à en ronger son âme ?

Et pourtant, oublier, Dick l’avait fait, l’espace de quelques horribles mois. Une perte de mémoire qu’il n’aborde jamais, préférant de loin prétendre que cette période n’a jamais existé, l’intériorisant comme il le fait toujours avec ses traumatismes. Il les range dans des petites boites et se les garde précieusement pour lui, espérant que s’il les laisse suffisamment longtemps prendre la poussière, ils lui paraitront moins difficile à affronter.

Alors, ce soir, Dick a laissé le masque chez lui et s’est autorisé une nuit de repos, une nuit pour son identité civile. La nuit est encore jeune quand il quitte le bar avec ses collègues. Si lui s’est contenté de boire deux bières, il ne peut pas en dire autant de Brandon qui s’est assommé aux shots de tequila pour tenter d’oublier la scène de crime particulièrement glauque sur laquelle ils ont été appelés aujourd’hui. Ashley, elle, avait choisi le whisky comme poison et Dick n’est pas trop sûr de si c’est leur journée particulièrement éprouvante émotionnellement parlant ou bien le fait qu’elle ait des soucis dans son couple qui l’avait poussée à se mettre minable le plus vite possible.

Le lieutenant ne peut que comprendre. Alors, quand ils sortent du bar, l’air frais semblant frapper ses collègues ivres en pleine face, le justicier prends ses responsabilités. Il porte la cape depuis tellement d’années que des horreurs, il en a vu plus que nécessaire. Ça ne rend pas les choses plus facile, une fois le soir venu, mais il serait mentir que de dire qu’il n’a pas construit une résistance au fil du temps.

Alors il charge ses collègues dans des taxis, leur donnant la bonne adresse à chacun, payant en avance pour la course, ajoutant un généreux pourboire à chaque fois pour s’assurer que ses amis finiront bien chez eux et non pas embarqués dans de sombres histoires. Gotham reste Gotham, après tout.

Une fois seul, il s’autorise une balade. Les mains enfoncées dans les poches de son jeans, l’ainé des Wayne soupire lourdement. Son regard escalade les buildings à l’architecture si caractéristique de la ville. Sa famille est sans doute déjà de sortie à cette heure-ci. Peut-être que s’il ne traine pas trop, il pourrait faire quelques petites heures de patrouilles pour chasser la tension dans ses muscles.

Évoluer dans la ville en tant que piéton est tellement différent que de voler au-dessus de celle-ci. Parfois, cela lui fait du bien de se retrouver au même niveau que ses habitants. Cela a tendance à lui rappeler ce pour quoi il se bat depuis toutes ces années.

Il reporte son attention sur les rues tortueuses. Il n’est clairement pas dans un bon quartier mais il n’est pas inquiet. A cette heure de la nuit et la capuche de son hoodie à l’effigie de Black Canary jetée sur son crâne, il a peu de chance d’être reconnu. Et, en cas d’agression, est sûr de pouvoir se défendre… tant qu’il n’est pas identifié comme Richard Grayson-Wayne.

Il contemple l’idée de se faufiler dans un nouveau bar pour y boire quelques bières en solitaire, ou peut-être d’aller danser et boire dans une boite de nuit jusqu’à l’épuisement quand une silhouette qui lui dit quelque chose attire son regard. Des instincts gravés dans son âme par les années d’expériences, il abandonne ses plans pour prendre l’homme en filature. Ce n’est qu’au détour d’un lampadaire clignotant qu’il se rend compte de qui il s’agit. Un sourire monte sur ses lèvres alors qu’il trottine pour rejoindre son ami.

« Arold ! » appelle-t-il pour ne pas surprendre l’homme alors qu’il arrive à son niveau.

Une main amicale vient se poser sur l’épaule d’Arold. Dick a toujours été comme ça, créature tactile, friande de contacts comme s’il risquait de perdre son essence vitale s’il ne pouvait pas sentir la présence de ses proches sous ses paumes.

« Tu aurais dû me dire que tu étais de sortie en ville, on aurait été boire un verre ensemble ! Allez, je t’invite. »

Il y a longtemps qu’il ne demande plus à son distant collègue comment il va. Du moins, pas casuellement au début d’une conversation. C’est une question qu’il conserve pour les moments où leurs conversations se teintes d’un moment d’intimité, de confession. Après tout, il sait ce que cela peut faire que d’être soumis à des amnésies. Et tout comme Arold a été un soutient infinis pour lui pendant cette dure période de sa vie, il est important pour lui de lui rendre la pareille. Après tout, ils sont amis, non ? C’est ce que les amis font l’un pour l’autre.



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MessageSujet: Re: Sing for the laughter, sing for the tears || Dick R. Grayson/Nightwing   Sing for the laughter, sing for the tears || Dick R. Grayson/Nightwing EmptyLun 15 Avr 2024 - 16:26

En se tournant vers le propriétaire de la main, le greffier aurait pu s'attendre à n'importe qui. David Lynch ? Pourquoi pas. Le motif de la main le fascinait assez. Et dans cette ville tout était possible. C'est pourquoi il marqua un temps d'arrêt en observant le visage connu. Un visage, ce n'était jamais qu'un masque.

"Comment tu sais que c'est moi et pas quelqu'un qui a pris mon apparence ?"

Et inversement. En ce moment il savait que sans traitement, il aurait oscillé entre penser qu'il était l'Alchimiste pris dans un voyage temporel particulièrement lugubre, ou que cette vie qui était la sienne ne constituait qu'un rêve récurrent que faisait l'Alchimiste, dont la vie était la "vraie vie". Même le mot "je" avait perdu de son sens. Qui était-il ? Avait-il un soi fixe ? Les philosophes trouvaient ça marrant de poser ces questions juste pour se passer le temps. Qu'ils aillent se faire voir chez les Grecs.

Le regard de son ami restait posé sur lui sans gêne et sans impatience ; il décida de s'y raccrocher.

"Pardon. Fais pas attention." Un haussement d'épaule, et le délire était balayé. Il était là en bruit de fond mais il était possible de l'ignorer. Et s'il l'ignorait assez longtemps, ça s'éteindrait de soi-même, comme une torche de sapin au puissant parfum de résine, lueur tremblante dans la nuit, qui ne veut pas mourir mais qui meurt un peu plus à chaque seconde, chaque centimètre de bois dévoré. "Je sais pas si c'est une bonne idée de te faire boire, tu es déjà assez exubérant au naturel. Mais bien sûr, je te suis."

Il avait envie d'exprimer qu'il l'avait suivi dans des spirales bien plus inquiétantes et qu'il le ferait dans tous les cas, quelle que soit la spirale visée ; mais il n'arrivait pas à élaborer un raisonnement aussi compliqué. Emboîtant simplement le pas à Dick en observant les environs, aussi curieux que s'ils avaient visité un musée, il dit simplement :

"Compte sur moi... Jusqu'à la faim des dents."

Il avait du mal à trier les syllabes qui lui venaient en tête et à choisir les bonnes, quand il était dans cet état à mi-chemin entre le stone et l'éveillé. Souvent, il employait une expression pour une autre, un mot pour un autre. Tant que ça restait compréhensible, il laissait courir. Il n'était pas en contexte professionnel même s'ils s'étaient penchés plus d'une fois sur les mêmes affaires. Inutile de préciser qu'il était sobre, également. Ha, c'était tout de même pratique de si bien se connaître.

"Tiens, j'ai demandé quelqu'un en mariage ce soir. Heureusement, elle m'a... ri au nez." Les mots "riz au lait" lui étaient venus à l'esprit spontanément, mais quelque chose lui avait suggéré que ça ne pouvait pas être l'expression qu'il cherchait. Lui-même avait eu envie de rire et son esprit s'était éclairci. Ah oui, le riz au lait, c'était écrit sur cette publicité placardée au mur quelques minutes plus tôt, c'est là qu'il avait ramassé le concept.

"Je ne faisais rien d'intéressant, tu sais. Je me suis acheté une cravate," se rappela-t-il tout à coup. Précipitamment, il tâta ses deux épaules, et fut infiniment soulagé de s'apercevoir que l'une d'elles portait toujours la lanière de sa sacoche de travail, où il portait également ses courses quand ce n'était pas trop volumineux. Son médecin l'avait averti qu'il finirait par faire une scoliose, mais il ne pouvait pas se résoudre à aller au boulot avec un sac à dos. Un jour, il se trouverait un holster pour le strict nécessaire, comme les collègues policiers. Avec un demi-sourire, il sortit du sac la cravate encore attachée à une attache cartonnée, marquée d'un logo auquel il n'avait lui-même pas fait attention. Effet satin, rouge foncé qui paraissait noir sous cette lumière, fines rayures plus pâles en biais, un classique.

"Tu vois, je ne vais pas t'inviter pour ce genre de grande aventure. D'ailleurs, toi aussi tu es- en civil."


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MessageSujet: Re: Sing for the laughter, sing for the tears || Dick R. Grayson/Nightwing   Sing for the laughter, sing for the tears || Dick R. Grayson/Nightwing EmptySam 20 Avr 2024 - 22:29

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« Comment tu sais que c'est moi et pas quelqu'un qui a pris mon apparence ? »

Il est un peu tôt pour les grandes questions philosophiques mais Arold a toujours eu cette manière de le surprendre de par ses mots et ses réactions. Un souffle de vent frais dans la vie du justicier qui ne s’étonne plus de grand choses depuis un moment maintenant. Il faut dire qu’il en a vu des vertes et des pas mures, depuis le temps qu’il porte le masque.

« Pardon. Fais pas attention. »

Un haussement d’épaules de la part de son ami, un sourcil levé de la sienne. Est-ce vraiment une question à laquelle il ne doit pas porter attention ? Il n’a pas envie d’être celui qui s’invite dans la vie privée d’autrui, encore moins s’il doit y forcer le passage pour obtenir une confession. Ce genre de traitement, il le réserve à sa famille. Il faut dire qu’ils sont tous aussi butés les uns que les autres et leur faire rentrer un peu de bon sens dans le crâne ne peut pas toujours se faire dans le respect de leur intimité. Mais sa famille n’avait pas vraiment les meilleurs repères sociaux au monde et ils allaient souvent beaucoup trop loin entre eux.

Sérieusement, il lui a fallu beaucoup trop longtemps et une intervention des Titans pour qu’il comprenne que poser des traqueurs sur les gens qu’on apprécie pour s’assurer qu’ils ne sont pas en danger était considéré comme quelque chose de déplacé, voire carrément un comportement de détraqué. Pour les Wayne, il s’agit juste d’une manière efficace de s’assurer que leurs proches sont trouvables en cas de besoin ou en cas de danger, rien de plus.

« Je sais pas si c'est une bonne idée de te faire boire, tu es déjà assez exubérant au naturel. Mais bien sûr, je te suis. »

Un léger rire lui échappe. Un rire chaud et chantant dont il a le secret, l’un de ceux qui ont illuminés le Manoir Wayne après son arrivé dans la bâtisse.

« Désolé, j’ai déjà deux bières d’avances. On a eu une sale journée, aujourd’hui. Une scène de crime particulièrement glauque, même d’après les standards de Gotham. On est sorti boire un verre pour essayer de se vider la tête avant de rentrer chez nous avec Ashley et Brandon. Ils ont choisi un poison différent du mien. Je les ai chargés dans des taxis en direction de chez eux. Après ce qu’ils se sont mis, ils devraient dormir sans problème.
- Compte sur moi... Jusqu'à la faim des dents. »

Dick ne relève pas le mélange de mots. Pour ce qui l’en est, c’est même amusant comme manière de formuler la chose.

« Tiens, j'ai demandé quelqu'un en mariage ce soir. Heureusement, elle m'a... ri au nez. »

Et c’est au tour du Wayne de rire à cette déclaration. Arold vit toujours tellement de choses extraordinaires. Il pourrait passer des heures à l’écouter simplement parler de ses journées et de ses interactions avec le monde qui l’entoure. Peut-être même qu’un jour il pourrait le convaincre de se laisser tenter par l’idée de se faire publier.

« Je ne faisais rien d'intéressant, tu sais. Je me suis acheté une cravate. »

L’objet du crime est sorti de la sacoche et Dick ne peut s’empêcher de venir la saisir. Son pousse caresse le textile. C’est loin de la garde-robe de luxe à laquelle Bruce a pu l’habituer malgré lui mais cela reste quand même de la bonne qualité. Il lève le vêtement, venant le placer à côté du visage d’Arold alors que ce dernier continue son explication.

« Tu vois, je ne vais pas t'inviter pour ce genre de grande aventure. D'ailleurs, toi aussi tu es- en civil.
- Ouais, on préfère laisser l’uniforme au commissariat quand on va boire pour oublier quelques horreurs. Tu devrais plutôt t’acheter des cravates bleues, ça irait mieux avec tes yeux. »

Barbara l’entendrait donner des conseils de mode à quelqu’un qu’elle se moquerait de lui. Après tout, personne ne semble avoir compris le génie de sa chemise à polka dot ou même simplement du discowing. Un costume qu’il se surprend parfois à ressortir juste pour le plaisir de la nostalgie… et aussi parce que c’est amusant de regarder les réactions de sa famille quand il porte cette réelle œuvre d’art. Parfois, sa femme lui assure qu’il serait incapable de ne pas commettre d’impair visuel en créant une tenue même avec sa vie en jeu.

La vérité est quelque part entre les deux. Il est vrai que Dick est conscient d’avoir des gouts vestimentaires… discutables. Mais il a aussi appris aux côtés de Bruce pendant toutes ces années comment se mettre à son avantage et avoir l’air tiré à quatre épingle pendant les différents galas auxquels il a toujours dû assister contre son gré.

Il rend à Arold sa cravate avant de dégainer son téléphone. Il connait pratiquement Gotham comme sa poche mais il a plutôt l’habitude d’en avoir une vue aérienne que piétonne. Il tapote un peu dessus.

« Bon… Un endroit pas trop craignos pour aller boire un coup dans le quartier… Si on peut éviter les coupes gorges, ça serait plutôt bien. »

La majorité des gothamites ont des exigences en matière de sécurité bien moindre que la majorité des américains. Il faut dire, il vaut bien ça pour vivre dans cette ville où les attaques sont tellement fréquentes que les masque à gaz ont été objet de mode à une époque. Finalement, il trouve un endroit pas trop loin de là où ils se sont croisés et qui n’a pas l’air si mal famé que cela. Avec un peu de chance, son badge pourra rester dans la poche de son jeans pendant toute la soirée.

« Je crois que j’ai trouvé un endroit qui fera l’affaire ! » chantonne-t-il.

Il prend alors le lead de leur duo impromptu. Avant de ranger son téléphone, il prend malgré tout la peine d’envoyer un message à Barbara pour la prévenir qu’il va boire avec ses collègues un peu plus tard que prévu. Après tout, ce n’est pas comme si elle n’avait pas accès en tout temps à sa localisation. Les caméras de la ville ne lui ont jamais opposé la moindre résistance non plus. Si elle veut savoir où il est, cela ne lui prendra que quelques secondes une fois derrière son ordinateur. Il la prévient surtout parce que la communication, c’est important et qu’il a déjà bien assez merdé avec elle lorsqu’il avait perdu la mémoire.

« Et voilà, Barbara est prévenue que je rentrerais plus tard que prévu. » conclu-t-il en rangeant son téléphone à nouveau dans la poche de son jeans.

Et, surtout, il est important qu’elle sache que Nightwing ne pourra pas déployer ses ailes ce soir. L’oiseau bleu restera attaché au sol en tentant de concilier une vie civile et héroïque malgré tout. Il espère quand même que sa femme le préviendra si jamais il y a une urgence qui nécessite des mains supplémentaires. On ne sait jamais. Après tout, le Joker a repointé le bout de son nez récemment.

Ils arrivent devant un établissement à l’air fatigué. Une bannière verte foncé annonce le nom de l’établissement au-dessus de la porte. Écrit en gras et probablement en arial, les mots ‘Chez Larry’ avaient dû un jour être blancs. Aujourd’hui, au contact des années sous la pollution dense de Gotham, les lettres sont jaunies et un grisées.

Le reste de l’établissement donne cette même sensation de fatigue et d’essoufflement. Un sourire radieux aux lèvres, le Wayne rentre dans l’établissement d’un pas léger. Quelques têtes se tournent vers eux et le lieutenant ignore les regards curieux avec panache. Il choisit une table et se laisse tomber dans une banquette. Le tissu expire un petit nuage de poussière sous le poids soudain.

Il y a une odeur de cendre froide qui doit dater de l’époque où l’on pouvait encore fumer dans les bars qui semble imprégner les murs. L’endroit est relativement calme, bien loin de ces bars à la mode où il faut pratiquement crier pour se faire entendre. Les conversation autours d’eux reprennent, devenant un doux ronronnement de fond.

De toute évidence, ils sont dans un lieu qui n’a pas l’habitude des nouvelles têtes. Et, tant qu’ils ne manquent de respect à aucun habitué, - ce que Dick ne compte pas faire – il n’y a aucune raison pour que la soirée ne déraille.

« On sait tous les deux que ma journée a été plutôt merdique… J’espère que la tienne s’est un peu mieux passée, si on oublie qu’on a refusé ta demande en mariage. » taquine-t-il ‘un sourire.

Un serveur à l’air blasé et fatigué approche de leur table et Dick ne se fait pas prier pour se commander une bière blonde, la troisième de sa soirée. Il n’a pas envie de se mettre minable. Après tout, à tout moment son téléphone pourrait vibrer. Il aurait l’air fin si quelqu’un avait besoin de Nightwing alors qu’il est rond comme une queue de pelle.



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MessageSujet: Re: Sing for the laughter, sing for the tears || Dick R. Grayson/Nightwing   Sing for the laughter, sing for the tears || Dick R. Grayson/Nightwing EmptyDim 21 Avr 2024 - 10:18

Si le lieutenant n'était attendu nulle part, c'est que c'était une nuit relativement calme ; cela dit elle ne faisait guère que commencer, à l'entendre. Traîner en ville était peut-être sa manière de garder l'oeil sur le pouls de la ville même alors que celle-ci paraissait, pour cette fois, ménager les nerfs de ses habitants. Parfois, Arold pensait à cette ville comme à une matrone névrosée, capable de plonger soudainement sa progéniture dans les affres d'un stress intense sur une simple saute d'humeur. Il emboîta le pas de son ami en se demandant vaguement quelque chose d'imprécis, qui se perdit dans les volutes floues de sa réflexion alors qu'ils franchissaient le seuil.

"Une cravate assortie à tes couleurs, hm ? Les gens vont jaser." Il retrouvait en tout cas son art de la plaisanterie qui tombe à côté de la plaque, c'était bon signe. Une chaise pour reposer sa tension vacillante et il n'y paraîtrait plus.

Comme souvent, le simple fait de passer une porte transforma l'angoisse passée en un souvenir, récent certes, encore sensible, mais qu'il pouvait maintenant archiver dans la grande bibliothèque bordélique de sa mémoire. Il avait repris pied plus facilement qu'il ne l'aurait cru. La présence de Dick qui avait toute sa confiance désamorçait l'un des principaux moteurs de son repli mental : la terreur d'affronter les maux de la réalité. Et finalement, tout bien pesé, c'était effectivement une bonne journée et une bonne soirée.

C'était un grand soulagement de n'être pas réellement engagé dans un jeu de fiançailles. Plus il retrouvait ses esprits, stimulés par la fine pluie froide qui faisait mine de les accompagner au bar tout à coup, et plus Arold réalisait à quel point il avait été inconscient. Il fit le geste de remercier le ciel, portant deux doigts à ses lèvres en levant les yeux avec dévotion. Sans pratiquer un culte plutôt qu'un autre, il avait adopté le langage corporel associé à la religion dans son entourage de jeunesse.

Il constata, une fois assis, que l'endroit était calme, un peu morne, dénué d'agitation particulière. A l'autre bout de la salle, quelqu'un tentait une chanson en demi-teinte dans un micro. Rien de trop envahissant, plutôt un bruit de fond. Sa concentration en dents de scie allait pouvoir se rétablir sans être à nouveau détournée. - Et il n'allait sûrement pas presser de questions ce pauvre Dick qui, de son propre aveu, n'avait rien de bon à dire sur sa journée réelle. C'était beaucoup plus tentant de se construire des journées imaginaires, ça ne coûtait rien et ça accompagnait très bien une bière.

"Imagine si elle avait dit oui ! Je serais peut-être dans un avion pour Las Vegas en ce moment. Je louerais un faux prêtre déguisé en Elvis pour faire la cérémonie, entre une magicienne en string Playboy et une piscine de bulles... En tant que témoin, je compte sur toi pour me dissuader."

Il laissait errer son attention, confiant dans la présence de Dick pour la ramener à leur table régulièrement. Il y avait un flipper dans un coin, plutôt pour décorer que pour l'utiliser sans doute. Ce bon flic avait-il joué au flipper déjà par le passé ? Dans les films, on voyait toujours cet accessoire dans ce genre d'endroits, pour l'atmosphère. Arold n'y avait jamais fait une partie, c'était trop public, il aurait eu peur de se ridiculiser. Vint son moment pour passer commande, et il lui fallut quelques secondes pour renouer avec Gotham, tant ce bar aurait pu être basé dans n'importe quel quartier semi-mal famé à travers le monde.

"Vous avez du karamalz ? Non ? Root beer ? Canada dry, parfait, je prendrai ça."


Sa voix s'était éteinte, de gêne ; il ne voulait pas déranger. Un petit signe de tête pour remercier et s'excuser. Il se tourna vers Dick en expliquant, pour ne pas être soupçonné d'avoir prononcé une incantation satanique :

"Tu goûteras un jour chez moi. Le karamalz, c'est une fausse bière pour enfants qui a un goût de caramel. C'est juste du malt, sans alcool. Ma grand-mère m'en envoyait à côté des bons vins pour mes parents, pour que je ne me sente pas exclu."


Elle avait épousé en secondes noces un vigneron superbe aux cheveux blancs ondulants sous un grand chapeau d'artiste, sous des cieux plus vastes et plus cléments qu'ici, où personne n'avait besoin de voler comme l'éclair et où seuls les rapaces s'abattaient sur leurs proies. Arold se laissa emporter dans cet univers qu'il n'avait connu qu'à travers des photos, envoyées avec une régularité religieuse à l'époque de la rentrée des classes, "pour lui donner du courage"... Ou des envies de fuguer pour faire l'école buissonnière, qui sait. Il était un enfant sage, il ne s'était jamais posé la question et maintenant il était un peu tard, la vieille dame et son vigneron reposaient côte à côte dans le caveau du village.

"Pourquoi on reste dans cette ville, dis-moi ? On est fous, toi comme moi. On pourrait partir n'importe où et racheter un petit coteau ensoleillé et faire pousser des vignes. Dessiner un beau logo d'étiquette avec une femme aux longs cheveux noirs... Je m'emporte. C'est toi qui bois et c'est moi qui suis saoul. Si ça c'est pas du beau travail d'équipe !"

Dans un petit rire discret - Arold n'aimait pas son propre rire - il posa la main sur le bras de Dick quelques instants. Il était contagieux, l'oiseau de nuit, avec ses attitudes tactiles ! Est-ce qu'ils se ressemblaient assez pour qu'on les suppose être de la même famille ? Oh, ils auraient pu l'être par accident, pour le peu qu'ils en savaient, et ça n'aurait même pas été une surprise. Tout le monde a un cousin extraordinaire ; tout le monde a un cousin gris souris.

"Vas-y, à toi, parle-moi de cette femme, dis tout ce qui te passe par la tête. Je suis sûr que tu serais bon à ce jeu."

Pour le réconcilier avec la réalité, son psychiatre lui avait enseigné autrefois que l'esprit humain la peuplait de rêves, et en faisait des réalités à leur tour, et que c'était le pouvoir des gens ordinaires. Eh bien, il n'y avait pas plus ordinaire que lui, alors il pouvait en user et en abuser.


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MessageSujet: Re: Sing for the laughter, sing for the tears || Dick R. Grayson/Nightwing   Sing for the laughter, sing for the tears || Dick R. Grayson/Nightwing EmptyDim 28 Avr 2024 - 21:36

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Sing for the laughter, sing for the tears
FT. Arold Maligait
« Imagine si elle avait dit oui ! Je serais peut-être dans un avion pour Las Vegas en ce moment. Je louerais un faux prêtre déguisé en Elvis pour faire la cérémonie, entre une magicienne en string Playboy et une piscine de bulles... En tant que témoin, je compte sur toi pour me dissuader. »

L’image tire un rire à Dick qui ne peut s’empêcher de se l’imaginer. Et certains disent que c’est une bonne chose d’avoir esprit créatif. Parfois, il est des images qui n’ont rien de bon à se dessiner dans un esprit. Et, pour être parfaitement honnête, le lieutenant ne peut qu’être heureux de voir cette scène cocasse remplacer celle des corps décharnés qu’ils ont trouvés plus tôt dans la journée.

Depuis les années, il a développé une certaine désensibilisation aux scènes d’horreurs que son métier de nuit l’emmène à observer sur une base régulière. Mais cela ne veut pas dire que Dick n’en reste pas moins humain. Et s’il a réussi à se construire une carapace par rapport à ce genre de scènes, cela laisse malgré tous des traces dans sa psyché. Après tout, il y a autant d’horreurs auxquelles on peut faire face avant que cela ne commence à réellement nous atteindre.

« Elvis, c’est pas mal mais en tant que témoin je suis obligé de te proposer le faux prêtre déguisé en Superman. Ou Batman, à la rigueur, si tu te sens d’humeur à honorer Gotham. » chantonne-t-il presque entre deux rires.

Quand il avait appris l’existence de ces personnes officiant des mariages en costume de superhéros de la Justice League, Barbara avait dû sérieusement manœuvré pour l’empêcher de les trainer là-bas. Il y a juste quelque chose de terriblement drôle à l’idée de se faire marier par quelqu’un portant une copie de mauvaise facture du costume de son père ou de l’un de ses collègues.

Dick laisse son ami commander, se disant que, définitivement, il devrait reparler à sa femme de l’idée d’un mariage à Vegas. Juste pour l’amour de la blague… et pour pouvoir envoyer les photos à Clark, Bruce ou peu importe quel costume ils choisiraient pour l’officier de cérémonie. Dick a cependant la sensation que Clark le prendrait avec bien plus d’humour que son père.

« Tu goûteras un jour chez moi. Le karamalz, c'est une fausse bière pour enfants qui a un goût de caramel. C'est juste du malt, sans alcool. Ma grand-mère m'en envoyait à côté des bons vins pour mes parents, pour que je ne me sente pas exclu.
- Ça sonne comme quelque chose qui pourrait me plaire, en effet ! » après tout, Damian lui dit souvent qu’il a un palet d’enfant quand cela touche à sa consommation de sucre « Ta grand-mère avait l’air d’être quelqu’un de très avenant. » continue-t-il d’une voix plus douce.

La famille a toujours eu un endroit spécial dans le cœur du premier Robin. Sans doute est-ce d’avoir grandi dans un cirque, d’avoir toujours eu cette immense famille de cœur qui s’est petit à petit reconstruite aux côtés de Bruce au fil du temps.

« Pourquoi on reste dans cette ville, dis-moi ? On est fous, toi comme moi. On pourrait partir n'importe où et racheter un petit coteau ensoleillé et faire pousser des vignes. Dessiner un beau logo d'étiquette avec une femme aux longs cheveux noirs... Je m'emporte. C'est toi qui bois et c'est moi qui suis saoul. Si ça c'est pas du beau travail d'équipe !
- Il n’y a pas de mal à s’arrêter à rêver de temps en temps. Après tout, j’ai moi-même quitté Gotham quelques années. Je ne suis pas sûr d’avoir vraiment gagné au change, avec Blüdhaven mais j’imagine que si je suis revenu, c’est bien parce que c’est ici que je dois être. »

Et tant de choses qu’il ne peut pas partager avec un civil. L’inquiétude constante pour le bien-être de sa famille, tout en sachant qu’il ne pourra pas être là pour les aider si une patrouille tourne mal, la solitude étouffante des immeubles de Blüdhaven qu’il a tenté de redresser à bout de bras totalement seul, isolé de sa famille et de ses proches, les mois passés à Gotham à porter le masque de Batman, la sensation libératrice de, enfin, revivre, depuis qu’il peut interagir quotidiennement avec ses frères et, en de plus rares occasions, avec son grincheux de père.

Gotham a ce petit quelque chose qu’il ne peut s’empêcher d’identifier comme un foyer. Lui qui a grandi sur les routes sans attaches particulières à une localisation, tant qu’il était avec les personnes qu’il aimait s’est retrouvé charmé par l’architecture gothique de la ville, par la sensation d’appartenance qui a grandi au fil des années aux côtés de Bruce.

Gotham est tordue, Gotham est brisée. Mais Gotham l’a accueilli et s’il ne l’est pas de sang, il est fier d’être un gothamite. Et il sait que beaucoup d’habitants de la ville se montrent farouches quant à leur origine. Une ville presque alien dans le paysage américain tant son taux de crime explose le plafond… Il faut être fait d’un cuir particulier pour grandir dans ses rues. Ce n’est pas pour rien que peu d’extérieurs arrivent à s’installer définitivement dans la ville du crime.

« Vas-y, à toi, parle-moi de cette femme, dis tout ce qui te passe par la tête. Je suis sûr que tu serais bon à ce jeu.
- Pour une marque de vin ? Mmmh… Je dirais donc, cheveux noirs, regard tout aussi sombre, tout comme ses lèvres. Peut-être une tenue élégante ? Genre, robe fendue ? Je ne sais pas, je n’ai pas l’impression d’être un génie du marketing. » qu’il rigole, se prêtant malgré tout au jeu.

Le serveur placide dépose leur commande sur la table et Dick dégaine un billet pour couvrir leur addition en plus d’un généreux pourboire. Avec ses actions dans l’entreprise de son père, on ne peut pas vraiment dire que l’argent soit un souci pour lui. Aucune raison de ne pas se montrer généreux, du coup.

Le lieutenant ne traine pas trop pour savourer quelques gorgées de bière fraiche. Il s’essuie les lèvres d’un revers de la main alors qu’il se sent fondre un peu plus dans la banquette en fin de vie du bar. Son verre trouve repos sur le bois de la table alors qu’un nouveau chanteur prend place dans l’espace karaoké du bar, attirant son regard et le faisant lever son verre à nouveau pour saluer le chanteur qui, de toute évidence, a du mal à tenir sa liqueur, entreprenant de chanter une chanson de country qui est inconnue à l’ainé des Wayne.

« C’est cool qu’ils aient un karaoké ! Viens, on va chanter du ABBA une fois qu’il aura fini ! Ça fait longtemps que je n’ai pas chanté en duo avec quelqu’un. »

A raison. Il n’a jamais réellement été capable de chanter juste. Et sa famille a rapidement déserté le poste quand il venait leur proposer de pousser la chansonnette ensemble. Cela ne l’empêche pas de se laisser aller quand il prend sa douche ou lorsqu’il est seul en voiture. Il pourrait prendre des cours de chant. Sincèrement, Barbara serait même probablement plus qu’heureuse de les lui payer. Mais il manque déjà cruellement de temps et, en plus, il doit bien avouer que cela l’amuse de voir la réaction des gens autour de lui quand il chante comme une casserole. C’est un peu la même chose qu’avec ses gouts vestimentaires, en vrai. S’il veut, il peut faire un effort… Mais où est le fun là-dedans ?

Il sait son ami du genre timide et réservé. Et ce n’est clairement pas son choix de boisson non alcoolisé qui va l’aider à se désinhiber un peu. Dick sait qu’il se lance dans une bataille perdue d’avance. Il sa apprit à les reconnaitre, avec le temps. Cela ne l’empêche pas de sortir l’un de ses sourires les plus radieux à son ami.

« Allez, ça va être fun ! Et puis, ce n’est pas comme si quelqu’un ici sait qui nous sommes ! »

Peut-être une vérité pour Arold mais Dick sait pertinemment que son visage est dans les journaux depuis son enfance. Quand on vit sous le même toit que Bruce Wayne et que l’on porte partiellement son nom, il y a certaines choses dont on ne peut se soustraire. Et l’attention médiatique en fait partie. Il avait même dû régler un petit soucis d’image récemment quand il a été reconnu en train de manger une glace dans un bar avec une jeune orpheline qui avait fugué.

Une partie d’internet s’était enflammée, se divisant en deux groupes, ceux qui l’accusaient d’être un pointeur et ceux qui le défendait corps et âme. Par chance, il avait pu réduire les dégâts au minimum en passant une interview qui a révélé son don généreux à l’orphelinat de la jeune femme et du fait que, en tant que policier, il n’avait pas pu juste tourner les talons et la laisser errer seule dans les rues.



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MessageSujet: Re: Sing for the laughter, sing for the tears || Dick R. Grayson/Nightwing   Sing for the laughter, sing for the tears || Dick R. Grayson/Nightwing EmptyLun 29 Avr 2024 - 9:05

Superman. C'était encore pire.
A aucun moment, Dick n'incarnait l'archétype du témoin raisonnable et organisé, qui allait assurer le bon déroulement de la cérémonie. Au contraire. C'était un désastre qui attendait d'arriver, et pour le coup, Arold regrettait presque que ça ne se fasse pas, juste pour voir ce qui arriverait. Comme il aurait aimé regarder Dick faire des crêpes et comment elles choisiraient de retomber. Il appréciait assez de pouvoir lâcher prise, il ne s'autorisait pas ça souvent même s'il était attentif à ne pas se surmener, de peur de se déclencher une crise. En ce moment, il était ailleurs. Il imaginait totalement cette étiquette et l'artiste en train de bosser d'après leurs requêtes, et le design prenant forme. Gotham avait cette autre qualité d'être pleine de très jolies dames et il y en avait certainement une, quelque part, qui aurait pu poser avantageusement.

"Des lèvres noires ? Ou rouges. Quoique les bouteilles de rouge sont plutôt noires, en fait, et les lèvres rouges ça fait un peu... elle boit salement, quoi. Oh ! Une femme vampire, tiens."

Il se nota, mine de rien, une petite alerte sur son téléphone : ramener du karamalz au commissariat pour laisser traîner quelques bouteilles en salle de pause. Il n'aimait pas tellement se perdre dans ces considérations, cette sorte d'addiction bizarre qui les liait à la ville et à ses méandres, ce que cela signifiait pour eux. Il en avait trop parlé avec des inquisiteurs en blouse blanche. L'idée de partager une boisson sucrée comme deux gamins l'attirait bien davantage, et le bercerait mieux pour trouver le sommeil tout à l'heure. Dick, de son côté, réclamait de l'action. Ils ne pourraient pas faire pire qu'une chanson de country noyée dans l'alcool ; Arold avait découvert la country en Afrique, où elle était le domaine de reconstituteurs steampunk ou gothiques avec leur propre mythologie et leur charisme incroyable, et qui faisaient automatiquement hocher la tête et frapper du pied. Cet ectoplasme à côté, c'était un scandale.

"No more fucking ABBA,"
murmura Arold en se reculant prudemment dans son siège, avec un petit air amusé toutefois. La complémentarité était ce qui fonctionnait bien dans leur dialogue, et il n'aurait jamais juré si la proposition n'avait pas immédiatement suggéré dans son esprit une citation de film comique. Quand c'était une citation, ça ne comptait pas. "...bon, à la rigueur Mamma mia, et c'est moi qui choisis la prochaine chanson."

Pas de défi sans revanche. C'était un autre détail réconfortant : il n'avait jamais l'impression de devoir se modérer, laisser les autres s'amuser et rester dans les gradins. Dick l'emmenait dans son délire et il n'était pas question de se dérober. Il n'aurait même pas su dire comment il appellerait cette impression. Peut-être simplement de la sécurité. Le Canada Dry avait infusé un peu de sucre dans son organisme et il se moquait bien de ce qu'allaient penser les piliers d'un bar moisi des mauvais quartiers. Ils n'allaient pas être menacés ou frappés, peut-être insultés un peu mais il suffisait de ne pas écouter. Au pire ce serait un moment très gênant et ils partiraient sans demander leur reste. Cette bêtise ferait plaisir à Dick et ne coûterait pas cher. Mais quand ils firent signe et virent le micro s'approcher, Arold perdit courage.

"Tu démarres. Je l'ai pas dans la tête. Je vais manquer le début."


S'il l'avait pu, il se serait caché derrière son ami pour se faire oublier. Il n'était pas bien impressionnant mais depuis qu'il vivait à Gotham et faisait de la muscu, c'était fini de se fondre dans le décor en mode brindille. Il aurait pu plaider la maladie mais il était maintenant remis de son accès, et il n'aurait pas voulu faire de cette condition un sujet de blague, ressorti à toutes les sauces. Eh bien, il allait falloir chanter. Ah, pas danser, attention ! Il en était physiquement incapable. Mis à part le frappement de mains et de pieds précédemment cités, son corps ne réagissait pas au rythme. La seule chose à laquelle il réagissait, c'étaient les chatouilles, et c'était de manière complètement désorganisée, comme tout le monde.
C'est la seule motivation qu'il avait. Il était comme tout le monde, tout simplement. Il n'allait pas faire mieux, mais il n'allait pas faire pire.

"Pour Gotham,"
dit-il dans le micro avant de commencer. Un peu pour tester le son, pour apprivoiser la présence de ce truc devant son visage. Un peu pour se donner du courage. Ils étaient tous d'accord sur ce point au moins, même les criminels les plus monstrueux qui erraient dans ces ruelles restaient là pour une raison. Ils respiraient tous le même air vicié et certains, il en était persuadé, oeuvraient à leur façon pour le rendre plus respirable ; ils n'avaient simplement pas la même définition du problème et de ses solutions.

Puis les premières notes résonnèrent et Arold se sentit chuter dans un abîme de stress, et il ferma les yeux de toutes ses forces pour ne plus voir ce petit groupe d'inconnus, tétanisants, quoique plutôt indifférents. S'il ne les voyait pas, il pouvait se convaincre qu'ils n'existaient pas. C'était parfois pratique d'avoir un cerveau aussi malléable que le sien, il avait appris à en tirer son propre avantage. Et comme prévu, les premières secondes lui échappèrent. Malheureusement, ce n'était pas le genre de tube entraînant du moment avec lequel toute la salle allait beugler en leur compagnie. C'était une sorte de classique, mais pas cette sorte de classique.

"...cheated by you since I don't know when,
So I made up my mind : it must come to an end.
Look at me now, will I ever learn ?..."


Pas grave, tout le monde connaissait l'histoire. Un joyeux aveu d'incapacité à sortir d'une relation toxique, mais étrangement addictive. Bah, ce qui était addictif était généralement toxique de toute façon. Et Arold n'avait jamais été un grand philosophe, c'est ce qui l'avait empêché de devenir aussi un grand historien. Il aimait faire des recherches et rédiger des comptes-rendus mais il n'apportait aucun raisonnement personnel, aucune considération morale.
Tout lui revint automatiquement après ça, mais il n'était pas si sûr qu'il chantait pour Gotham.
Il chantait pour l'Alchimiste. Et il espérait sincèrement qu'il n'y avait pas de télépathe dans la salle. Dick le connaissait bien mais pas si bien, il ne dépassait pas certaines bornes et n'aurait pas souhaité le faire de toute façon.

Il était bon prince. Il lui ferait ensuite chanter cette chanson à propos d'être Superman. Avec ça, la salle chanterait. Et celle-là était faite pour beugler de toute façon. Arold pourrait l'accompagner, on ne l'entendrait plus. Est-ce que c'était sournois de sa part ? Non, voyons, c'était altruiste, et un tout petit peu stratégique éventuellement.


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