Résumé : Elio fait la rencontre d'une certaine justicière, qui lui offre une nouvelle opportunité.
Nouvelles opportunités
Azzurra
Elio n’avait jamais pensé que vivre en vagabond, dans sa Ford Falcon, lui aurait apporté une certaine sérénité. Sans doute était-ce grâce à son téléphone déchargé, duquel personne ne pouvait le joindre. Il avait toujours apprécié n’avoir aucune responsabilité et, malgré le sentiment de solitude qui s’installait progressivement, il jouissait de cette nouvelle liberté. Plus de métier, plus d’habitat non plus, puisque l’immeuble s’était effondré sous une attaque d’un criminel quelconque, marquant ainsi la fin d’une phase de sa vie. Il prévoyait de faire un saut chez Constantine, lorsque ses petites vacances l’auraient enfin lassé ; mais aussi car il commençait à manquer de ressource, à vrai dire. Le manque d’alcool et de nicotine dans son système se faisait ressentir. Et parce que sa voiture n’avait plus d’essence depuis un moment, l’obligeant à occuper la même ruelle étrangement déserte. Il aurait sans doute dû rentrer à Atlantic City, dès qu’il en eut l’occasion, ou partir à l’autre bout des Etats-Unis. Elio n’avait plus grand-chose qui le retenait à Gotham, peu d’attaches et aucun objectif, et pourtant il s’y était volontairement enfermé ; il fût alors forcé d’admettre qu’il était un brin masochiste. Une autre conclusion qu’il avait tiré de cette histoire : la barbe de deux semaines ne lui allait définitivement pas.
Ce fut avec un sourire que la brune termina sa prestation, de la façon la plus propre possible parce qu'il commençait à se faire tard et elle ne voulait pas perdre plus de temps à se débarbouiller.
- Putain, c'est comme baiser le cul d'un ange.
L'Italienne écarquilla les yeux l'espace d'une frame, mais ne dit rien pour rester polie. Elle n'en était pas tout à fait satisfaite, mais au regard du client, elle avait plutôt performé correctement. Elle ferma le poing avant de le rouvrir et s'apprêta à se redresser avant qu'une main la maintienne agenouille dans cette plus qu'inconfortable position.
- Monsieur. Votre temps est écoulé.
- Passez la nuit ici...
- Je ne peux pas, malheureusement. J'ai une soirée chargée.
- Attendez...
L'homme s'élança pour chercher quelque chose sur le meuble à côté du lit. Cara Mia roula des yeux alors qu'il avait le dos tourné pour lui sourire de nouveau - sans que son regard appuie son sourire, c'était un sourire forcé - lorsqu'il la regardât de nouveau. Il avait brandi une petite boîte qu'il ouvrit, dévoilant ainsi son contenu, une bague brillante sertie d'un joyau qui brillait de mille feux. Il bégaya avant d'ajouter :
- Cara Mia. Voudriez-vous m'épouser ?
Il y avait à présent huit émotions qui la submergeaient en même temps. Emerveillement. Colère. Haine. Dégout. Ca fait quatre, allez on en trouve encore quatre. Stupéfaction. Dépitée. Affligée. Saoulée. C'était quoi son problème à ce figlio di putanna ? Il ne connaissait même pas son vrai nom !
- Monsieur. Je ne peux accepter ces cadeaux. Vous avez déjà payé. Il vaut mieux que nous en restons au cash.
- Je parle mariage, Cara Mia. Je veux vous offrir une nouvelle vie. Fini ce travail ingrat. Vous aurez tout ce que vous voudrez, j'ai de la thune à plus quoi en faire. Vous êtes le seul truc qui compte pour moi.
Ouais, mais non. Elle se releva avant de remettre ses fringues peut-être trop échancrés comme il fallait, chercher sa veste. Encore un putain de malade mental. Elle resta polie et souriante mais elle avait envie de l'éventrer et le crever au coupe-papier.
- Monsieur. Je vous remercie pour l'offre. Pas intéressée.
- Mais... c'est la chance de votre vie ? Vous voulez pas ? Vous aurez l'argent sans rien faire !
- Je m'en fous de l'argent. Je fais ce métier parce que j'aime sucer des bites d'inconnus plus âgés.
Technique de dissuasion ultime.
- Je vous laisserai sucer toutes les bites que vous voulez ! Tant que vous seriez à moi !
Ah non il était possédé ce fils de pute.
Elle déverrouilla la porte et partit après avoir souri d'une façon sinistre, et dit :
- Bonne soirée Monsieur. N'hésitez pas à rappeler pour une nouvelle soirée inoubliable.
Il était évident qu'elle allait bloquer ce malade de partout. Elle quitta sa suite à la con avant de descendre les escaliers quatre par quatre. Plus qu'à appeler un taxi pour rentrer. Elle longea la rue pour s'éloigner de cet endroit et vit la porte du bâtiment s'ouvrir. Le type en peignoir lui fit des grands signes en hurlant son nom, il avait un martinet dans la main qu'il agitait. Oh non. Il la poursuivait.
Cara Mia marcha rapidement, bifurqua sur une ruelle et accéléra le pas. Il ne la suivait plus, ou peut-être que si ? Elle avait peur. Il y avait une voiture garée là. Y avait un type dedans. Il avait pas l'air méchant. Elle toqua à la fenêtre, ouvrit la porte tout doucement se glissa sur le siège passager à côté de lui avant de se ratatiner pour se cacher le plus possible, laissant uniquement dépasser le haut de sa tête pour observer si l'homme l'avait suivi dans la ruelle. Ca devrait pas être le cas. Toute paniquée et haletante, la brume ne dit rien, visiblement terrorisée par ce qui pourrait apparaître. Lorsqu'elle fut calmée quelques secondes après, elle tourna la tête vers le 2ème potentiel psychopathe et lui dit, en prenant sa voix d'immigrante tentant d'échapper à Trump la plus convaincante possible avec les R roulés et tout :
- C'est pas un braquage. Vous pouvez démarrer et vous garer un peu plus loin ? Y a un homme qui me suit. Il fait me très peur. Après je pars.
Après son instinct maternel reprit quand même le dessus, et elle ajouta de façon plutôt agressive comme si elle le grondait :
- Vous faites quoi dans une voiture à cette heure ? C'est dangereux y a des criminels partout ici. Vous dormez dans votre voiture c'est ça ? Votre maison s'est écroulée ?
Elle tourna la tête vers la sortie de ruelle. L'homme n'était toujours pas là.
- Il a l'air de pas venir. Il a dû comprendre que j'étais avec quelqu'un. Je m'appelle Azzurra. Enchantée. Et désolée.
Azzurra se rassied doucement sur le siège passager tout en le fixant de façon très dépitée, un peu genre de dire avec son corps "je me fais toute petite promis je casse rien vraiment désolée". Puis elle observa la voiture et rajouta en fronçant les sourcils et en balayant de ses doigts parfaitement manucurées l'intérieur de la voiture :
Il était en train d’observer un rat cherchant accès à une poubelle non loin de là, spectacle peu passionnant, mais qui avait le mérite d’être intriguant – allait-il réussir, que pouvait-il trouver à l’intérieur, un cadavre peut-être ? Elio ne le saura jamais, puisqu’un bruit à la fenêtre lui fit plonger sa main sous son imperméable, pour toucher du bout des doigts le holster contre son flanc. Finalement n’en sortit pas l’arme lorsqu’une jeune femme se glissa côté passager. Il cru d’abord à une hallucination, puis regretta de n’avoir pu prendre soin de son apparence. Ni pouvoir répondre à sa requête.
- Je n’ai pas de quoi démarrer la voiture malheureusement… Mais j’ai un badge de flic, si ça veut dire quelque chose dans cette ville. Surtout par les temps qui courent.
Il vérifia avec elle, dans son rétroviseur, que l’homme n’apparaisse pas. Elio n’était plus policier, depuis qu’il en avait décidé ainsi, cela ne signifiait pas qu’il avait rejeter l’envie d’aider autrui. Surtout les damoiselles qui s’immisçaient dans sa vie – pour en disparaître quelques semaines plus tard.
- Oui il y a des criminels partout, ça arrive parfois à Gotham. Je dors là, oui, et oui, mon habitat a été détruit.
Sans doute était-il un peu trop sur les nerfs, pour répondre d’une telle manière à une femme, et il espérait qu’elle ne se pensait pas la raison de sa frustration. Il se radoucit lorsqu’elle sembla se soucier de lui.
- Merci de demander… Vous devriez plutôt vous souciez de vous, non ? Non pas que je sois un criminel, même si l’affirmer ne rassure pas, mais rentrer dans une voiture d’un potentiel psychopathe pour échapper à un autre psychopathe c’est pas le choix le plus malin. J’aurai sans doute fait pareil, voyez…
Il observa le bois de son volant, peu certain de ce qu’il devrait dire ensuite.
- C’est le bordel à Gotham, donc non j’ai pas tellement mangé en ce moment… Mais j’ai vu un petit rat grassouillet alors peut-être…
Elio plaisantait. Plutôt mourir d’inanition qu’attraper une quelconque maladie. Puis, il supportait bien la faim ; mieux que la sensation de manque.
Azzurra s'assied confortablement à côté de lui. Il n'avait pas quoi démarrer la voiture ? Mais il était flic ? Elle passa sa langue pour humidifier ses lèvres rouges tout en le considérant de grands yeux. Encore plus grand, un peu plus et c'était le soleil, quand il déclara que ce qu'elle avait dit était vrai. Et il n'était pas du genre à rire pour le coup, plutôt l'air fortement abattu. Azzurra passa sa main sur sa bouche et répondit d'un très désolé :
- Désolée. Je... j'ai juste dit ça comme cela. Je suis désolée si c'est vrai, Monsieur...
Il sous entendit alors qu'il n'était pas du genre à faire des choix malins non plus. Il déclara, toujours avec son côté pierre tombale qu'il voulait manger le rat. Oui, il avait l'air dingue en fait. Il faisait plus que pitié, en plus d'avoir un côté assez sinistre. Elle aurait voulu lui lancer son billet de 200$ et s'enfuir en courant.
- Faites pas attention à moi. J'aime vivre dangereuse.
Cet argent était pour importer des vivres de l'extérieur dans le quartier où se trouvait la Taqueìra del Tio Lalo. Enfin, il ne payait même pas le transport des marchandises. Le salaire du passeur. Ce qui était plutôt déprimant. Alors que si elle lui lançait son billet à la gueule et fuyait, il pourrait manger un bout de temps et ça aurait un impact plus important. Peut-être garder 100$ ? Non, elle devait garder de l'argent. Inutile de lui demander s'il avait de la monnaie sur 200$ pour se partager 100$. L'inviter à manger, alors ?
- Vous êtes policier ? Ca marche bien en ce moment ? fit-elle, narquoisement pour se donner un peu plus de piquant, avant de se retourner pour voir si le type arrivait. Non, il devait être rentré chez lui. Azzurra se rassura un peu.
- Vous avez pas de quoi rouler jusqu'à la station service ? Je peux vous mettre le plein. J'ai de l'argent sur moi, un peu.
Vu l'heure et la situation, on pouvait imaginer d'où venait cet argent. Elle voulait pas être arrêtée... attendez. Elle faisait ce qu'elle voulait, le type avait même pas d'essence. Il pouvait pas l'emmener au poste de police. Sauf à pied. Azzurra souffla avant de jeter un oeil sur une voiture garée à côté.
- Sinon, si j'avais un tuyau et une bouteille... euh. Oubliez. Je...
Azzurra réfléchit en croisant les bras.
- On pourrait marcher jusqu'à la station service et revenir avec un jerrican. L'endroit est pas sûr, par contre. C'est pas à côté. Il faudrait aller quand le soleil brille. Y aller en taxi ? Y a plus à cette heure...
Il faisait froid dans cette bagnole. Elle aurait pu appeler El Padre pour qu'il vienne la chercher, mais elle n'osait concevoir sa réaction en la voyant dans cette tenue dans la voiture d'un flic. Elle croisa ses bras contre elle, frissonnant. Cette veste n'était pas adaptée à rester dans le froid aussi longtemps. C'était une situation infernale.
- On peut rester là jusqu'à ce que c'est le matin.
Mais quelque part, c'était reposant. Elle se sentait un peu en sécurité. Son regard se perdit sur la rue d'en face, il y avait des néons allumés qui représentaient un bol de nouilles avec des baguettes juste en face, dans un coin de la rue ?
Il éprouvait de la peine pour elle. C’était lui qui, habituellement, faisait ce genre d’erreur gênante pour tout le monde. Il leva une main pour effectuer un geste vague, et secoua la tête, afin de la rassurer.
- Pas de soucis, ça arrive ce genre de situation. Ça m’arrive souvent de mettre les pieds dans le plat aussi.
A sa grande surprise, la timidité de la jeune femme s’effaça pour laisser place à une raillerie dont il ne s’offusqua nullement. Quoiqu’il se demandât si elle avait une certaine hostilité à l’égard des forces de l’ordre. Elio haussa les épaules.
- Le commissariat a explosé il y a deux semaines, donc je suppose que non ça ne marche pas vraiment. De toute manière, même sans ça, on peut pas dire qu’on était bien payé pour ce qu’on devait faire.
Il n’avait jamais prétendu comprendre les comportements d’autrui, mais il n’arrivait pas à suivre ses changements d’humeur, et ne pouvait deviner son cheminement de penser. A sa proposition, il se tourna vers elle, gesticulant rapidement sa main.
- Non vous savez j'ai encore de l'argent, pas besoin de me payer quoique ce soit, le problème c'est plus que je suis stupide. Et puis que c'est vraiment le bordel à Gotham, avec les coupures d’électricité et que sais-je, donc pour trouver une station… Mais si vous en connaissez une, je peux pousser jusque là-bas.
Il soupira, appuyé contre le volant. C'était une conversation des plus déprimante, même pour lui, le roi du pessimisme. Elle avait une certaine naïveté qui le mettait mal à l'aise, non pas parce que sa présence le dérangeait mais plutôt car, associé à sa tenue, et l'homme qui la cherchait, la conclusion à laquelle il était arrivé ne lui plaisait guère. Elle lui rappelait une pauvre adolescente qu’il avait ramené chez elle, il y a des mois de cela, trop jeune pour faire ce genre de métier. Trop vulnérable. Un souffle amusé lui échappa lorsqu’elle proposa de voler l’essence d’une voiture garée près de la sienne.
- J'y avais pas pensé, c'est une bonne idée. Juste assez pour partir à la station. Puis je vous déposerai chez vous, ou pas loin si vous ne voulez pas que je sache où vous habitez. Je comprendrai.
Il l'observa un instant, avant de se tourner pour attraper un plaid à l'arrière de la voiture, dont il ne s'était finalement que peu servi, puis la laissa tomber sur les jambes de la jeune femme. Puis il suivit son regard, étonné de constater que quelques endroits de Gotham n’étaient pas touchés par l’attaque.
- C'est sans doute ouvert oui... Mais j'espère que ce n'est pas pour m'offrir à manger. Comme je vous ai dit j’ai l’argent, c’est juste que je ne suis pas tellement sortable.
Il était glauque à crever. Il avait surement perdu son chat dans l'effondrement. Elle voulut le mentionner mais se tut. Donc, ce type était un flic, et il vivait dans sa voiture parce que son lieu de travail avait explosé. Azzurra compatissait avec lui juste parce qu'il était flic. Elle n'avait rien contre les flics au final, ils faisaient leur travail, mais sa nature l'avait poussée à... s'en éloigner. Ils lui avaient plus été un problème qu'une aide pour elle.
Par contre, elle fronça les sourcils quand il déclara avoir de l'argent mais juste être un tocard.
- Mh.
Ah, bah pour le coup il avait tout à fait raison, ce con. Et dire qu'elle s'inquiétait pour lui. En plus il parlait ensuite de pousser la voiture vers la station. Ils pourraient remplir un jerrican et le ramener, tout simplement. Mais c'était trop loin. Il devait tomber bien bas, pour réagir aussi mollement alors qu'elle parlait de commettre du vol d'essence. Azzurra était plutôt énervée de la situation au final, en tout cas, tout en se blottissant dans le plaid froid, elle répondit avec agacement.
- Je connais les mauvais garçons comme vous. Vous avez cet air de petit chien pour que on ait pitié de vous. Et ensuite une imbécile comme moi a l'affection, et termine le cœur brisé. Je serai pas charmée deux fois.
Elle pesta de sa petite bouche avant de frotter la tête. En plus elle avait du mal à choisir ses mots. C'était plutôt embêtant. Azzurra l'observa avec une moue de dépit et ajouta :
- Votre problème à vous c'est que vous vous aimez pas assez. Si vous vous aimez pas vous-même, alors vous ne saurez pas reconnaître l'affection qu'a quelqu'un d'autre pour vous, et ensuite vous lui brisez son cœur. Mais bon, ce n'est pas mon problème. Vous êtes assez grand. Pour savoir quoi faire avec votre vie. Mais maintenant que je sais que vous avez faim et plus d'essence et que vous êtes trop déprimé pour vous aider tout seul, je dois vous aider. C'est comme ça.
Elle haussa les épaules.
- Sinon c'est non-assistance aux personnes en danger. Et si vous avez faim et pas d'essence vous ne pourrez pas m'emmener chez moi, et des messieurs du Gant Noir feront des choses très méchantes avec moi. C'est pas ce que font les policiers font, abandonner les princesses en détresse. Capiche ? D'ailleurs, vous m'avez même pas dit votre nom. Au pire gardez-le pour vous, je m'en fous.
Elle lâcha le plaid, et sortit brutalement de la voiture. Elle s'arrêta et dit d'une voix autoritaire bien que trop douce à son gout :
- Venez. Je vous ordonne.
Avant d'avancer très rapidement en direction du restaurant asiatique, sans vraiment l'attendre, pour s'arrêter et lui faire de grands gestes.
Le restaurant était un espèce de fastfood avec un grand bar au milieu, quelques tables autour. Il y avait des hommes âgés, beaucoup d'asiatiques, quelques jeunes également. Une ou deux femmes. Ca avait l'air plutôt familial, vu l'endroit, et les prix étaient corrects Surtout, il faisait chaud. Elle attira rapidement un regard ou deux. Azzurra s'assied à la table et se frotta les bras contre elle pour se réchauffer, scrutant les plats sur l'affiche lumineuse et commander :
- Deux Tsingtao. Mettez-moi du poulet frit avec des nouilles sautées, sauce aigre douce. S'il vous plaît, Madame.
- DU TSINGTAO ? TULÉ BIEN TULÉ BIEN. AVEC LU PULÉ FULI, COUILLE SAUTÉ ET LA SAUS NEGREUH DOUSSE. fit alors la tenancière, tout en transmettant la commande en cuisine en mandarin. Elle se tourna vers Elio :
- Et puLU MEUSIeur CA SULA ?
Azzurra s'excusa rapidement avant de marcher rapidement vers l'arrière-boutique. Elle revient cinq minutes plus tard toute contente avec un bidon d'huile vide et nettoyé et un tuyau, visiblement utilisé pour la plonge.
Il ne s’attendait pas à ce qu’elle soit aussi perspicace. Comment avait-elle réussi à deviner à quel point il était égoïste – et il allait ignorer le commentaire sur le fait qu’il ne s’aimait pas -, en si peu de temps, il n’en avait aucune idée. Elle était peut-être sorcière, capable de lire dans ses pensées, ou voir « son aura » ; un truc du genre, que Papa Midnite aurait pu sortir. Elio n’y connaissait rien. Pas plus en magie, qu’en femme. Voir en n’importe quel humain. Il se contenta de prendre la critique sans avoir l’intention de s’améliorer.
Il allait rétorquer qu’elle était celle qui s’était invitée dans sa voiture sans se présenter, mais elle changea d’avis et sorti, avant de lui ordonner de faire de même. Quelque peu capricieuse, la demoiselle. Ce n’était pas un problème ; il avait l’habitude de ce genre de caractère, et les affectionnait lorsqu’il découvrait des âmes sensibles derrière ces façades de personnes fortes. Il entra avec elle dans le restaurant, ignorant les regards où se lisaient la confusion. « Que faisait un sans-abri avec une prostituée dans un restaurant ? » devaient se demander les clients. « Ils sont probablement en train de créer une nouvelle blague. » aurait répondu Elio.
-La même chose qu’elle, s’il-vous-plaît.
Il regarda ses trouvailles lorsqu’elle revint, cette fois de bonne humeur. Lui-même ne pu s’empêcher de sourire. Ce n’était donc pas de la magie : elle était simplement maline.
Sujet: Re: Nouvelles opportunités | Azzurra Mar 2 Mai 2023 - 19:57
Nouvelles opportunités
Deux chiens battus.
Il sourit. Il était vraiment au fond du gouffre, silencieux comme une tombe en tout temps. La maman chinoise arriva avec deux assiettes très vite. Y avait pas à dire, ça sentait bon à en faire crever tout Addis-Abeba. De toute façon elle avait faim. On apporta les deux bières également alors qu'elle avait commencé à manger, sans les décapsuler. Elle se servit du décapsuleur de son porte-clé sans vraiment y faire attention et décapsula les deux bières. Il y avait sur son porte-clé la clé de chez elle, une petite peluche de 5 centimètres la représentant ainsi que le décapsuleur. Elle remit le porte-clé dans sa poche de veste et commença à manger.
- Pas très causant, le monsieur.
Azzurra releva la tête, enroulant les nouilles autour de ses baguettes et commençant à manger. La fin lui tiraillait l'estomac. C'était très bon et ça avait l'air d'être du porc. Ses yeux scrutèrent le pauvre hère qui semblait être en souffrance perpétuelle. Elle mangea tranquillement et dit :
- Je peux vous raconter ma vie, du coup. Ca vous intéresse peut-être pas, mais c'est pas si grave. Vous n'avez qu'à écouter. Je raconte pas souvent ma vie. Pourtant j'ai vécu plein de trucs, mais en vrai c'est pas vraiment très drôle. Donc je vous ai dit que je m'appelais Azzurra... Azzura Falcone.
Azzurra attrapa quelques morceaux de porc qu'elle mit dans sa bouche, sourit et marqua une pause.
- J'ai pas vraiment de lien avec Carmine Falcone, je crois que c'est un oncle, ou un grand-oncle à moi. J'ai vécu à Rome toute ma vie. Ca fait que quelques années que je suis à Gotham City. C'est pour ça que mon anglais est un peu bizarre parce que j'ai appris en venant. J'avais eu des cours à l'école mais j'étais pas très bien. Maintenant : toujours pas très bien mais je me fais comprendre. Je crois ?
Elle reprit de manger, et en parlant de son anglais, il devenait un peu plus tordu au fur et à mesure que des souvenirs compliqués lui revenaient dans sa narration. Elle expliquait en faisant de grands gestes en appuyant ce qu'il y avait à appuyer comme le ferait une Italienne très exubérante, chose qu'elle était quand elle ne se retenait pas.
- Mes frères étaient un peu des... vilains. Moi ça va. J'ai eu quelques ennuis avec des gangs. C'est un peu triste. Ils m'ont fait faire des choses pas bien. J'ai tué personne, je promets. Mais c'était pas bien. C'est pas un aveu, c'était légal. C'était eux que c'était pas légal, et maintenant ils sont emprisonnés et aussi morts. C'est à cause de eux que je suis ici. Oui, c'est à cause d'eux que je ils m'ont amenée ici et ensuite j'ai travaillé pour eux. Et je suis pas rentrée parce que ma famille est plutôt en colère contre moi, mais maintenant que j'ai beaucoup d'argent ils veulent que je rentre pour aider à payer les dettes.
Elle soupira :
- Je sais pas quoi faire. J'ai une nouvelle famille ici, des amis à la Taquerìa del tìa Lalo, je suis sérieuse et je cuisine des spaghettis, qui sont les meilleurs de Gotham City parce que c'est ma nonna de Rome qui m'a appris. Je suis serveuse*. J'ai dit quoi ? Si vous êtes gentil je peux vous cuisiner.
Elle avala son repas rapidement :
- Avec le Gant Noir, c'est très dur. Le restaurant où je travaille a du mal à avoir à manger, et on l'utilise pour nourrir le quartier parce que ils ont pas beaucoup à manger et ils sont en danger. On a aussi des monsieurs avec des armes - LEGALES - pour nous protéger. On est en sécurité pour le moment mais il faut l'argent. Alors je fais des extras.
Azzurra dodelina de la tête en terminant d'expliquer.
- Je crois j'ai tout dit ? Il faut pas avoir pitié de moi pour ce que je fais. Je fais ce que j'ai à faire et c'est très bien comme ça. Aussi, mais c'est un secret, mais j'ai des pouvoirs.
Azzurra après avoir trinqué (une deuxième fois, y a eu une première mais elle a oublié), poursuivit d'avaler ma bière.
- Enfin, je crois. J'aimerais bien prendre contact avec Carmine Falcone, peut-être. Mais j'ai peur que il me tue ? J'espère que je vous parais moins menaçante comme ça. Vous, vous pouvez me raconter votre histoire- SEULEMENT SI VOUS AVEZ ENVIE-. Sinon on peut retourner s'occuper de la voiture quand on a fini ?
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Sujet: Re: Nouvelles opportunités | Azzurra Jeu 25 Mai 2023 - 17:17
Nouvelles opportunités
Azzurra
Il s’installa à table sans broncher, et ouvrit la bouche seulement pour remercier la serveuse. L’ancien flic observa la jeune femme ouvrir les bières avec un décapsuleur, appréciant de voir quelqu’un prêt à boire en toutes circonstances. Par politesse, il se retint de boire sa bouteille comme un homme ayant erré toute la journée dans le désert. Ce fût avec des mouvements contrôlés, mais la main tremblante, qu’il s’occupa à apporter les baguettes jusqu’à sa bouche afin de se nourrir.
Il l’écouta parler, intéressé par son histoire bien qu’il n’en montrât rien. Sa posture était moins tendue que lorsqu’elle avait débarqué dans sa voiture, appréciant ce moment de sociabilisation, qui l’aidait à oublier le chaos régnant en ville. Il était aisé de prétendre avoir encore une vie stable ; un appartement, un travail, un entourage.
Elle révéla beaucoup d’informations qu’il retint sans forcément le vouloir ; il n’avait au moins pas perdu sa bonne mémoire. Une maigre consolation. Elio termina son repas, puis, enfin, descendit la bouteille de bière, reprenant sa respiration qu’une fois le liquide disparu.
- Difficile pour moi de pas avoir pitié, mais j’admire votre courage. Votre secret est entre de bonnes mains… J’ai l’habitude des gens à pouvoirs. Je suis déjà allé au restaurant dont vous parlez, il y a longtemps… J’aimerai bien goûter vos spaghettis, ça m’arrive d’en cuisiner avec la recette italienne, mais ça ne doit pas être pareil. Pourquoi vouloir prendre contact avec Falcone ? C’est pas une bonne idée de côtoyer ce genre de gens, famille ou non. Surtout s’ils ont une dent contre vous. Parfois vaut mieux passer à autre chose. Et votre anglais est vraiment pas mal.
Il regardait les gouttes rouler sur le verre à l’intérieur de la bouteille, réfléchissant un moment à un moyen de résumer sa vie mouvementée.
- J’ai grandi à Atlantic City, mes parents sont croupiers, et je les soupçonne de bosser avec des mafieux là-bas. Y avait toujours des gens trop bien habillés à la maison. Maison trop grande, trop bien décoré... Ils avaient la folie des grandeurs. C’était louche. Bref. On avait une bonne relation malgré tout, j’ai jamais vraiment manqué de rien, je crois, même s’ils ont jamais approuvé certaines choses. Depuis quelques années se sont devenus des étrangers, ça arrive, on est tous les trois responsables. A mes dix-neuf ans j’ai atterri à Gotham par hasard, vraiment. J’ai commencé par bosser dans un cinéma. J’ai fait la rencontre de quelqu’un avec qui je me suis fiancé bien plus tard. Puis je l’ai perdu dans un accident il y a… Trois ans. Peut-être quatre. Donc j’ai décidé de devenir flic. Avant le Gant Noir j’étais simple sergent, dans les stups, car on m’a proposé de rejoindre les stups et j’ai dit oui. J’ai été consultant pour Wayne aussi, mais j’ai jamais remit les pieds là-bas après avoir été engagé. Pas eu le temps.
Elio posa finalement le récipient vide pour s’appuyer contre la table, le regard tourné vers la jeune femme, un léger sourire étirant alors ses lèvres.
- Puis ma vie a été un enchainement de rencontres, séparations et imprévus. Trop long à raconter, puis je crois qu’on s’en fout de mes déboires sentimentaux, et de la fois où quelqu’un est mort par ma faute et du fait que Black Mask risque de vouloir me faire souffrir un jour ou l’autre. Vous avez des messieurs avec des armes ? Je peux aider. Notamment financièrement, comme je l’ai dit dans la voiture : j’ai encore de l’argent. J’ai toutes mes économies, je fais pas confiance aux banques alors j’ai toujours planqué les billets chez moi.
Sujet: Re: Nouvelles opportunités | Azzurra Sam 27 Mai 2023 - 15:44
Nouvelles opportunités
Deux chiens battus.
Son projet machiavélique avait réussi et il avait décidé de se confier à elle. Azzurra joint les mains et fait une petite tête sournoise laissant présager un léger "hé hé je t'ai eu". Il déclarait avoir l'habitude des gens à pouvoirs. C'était intrigant. Peut-être Azzurra ne voulait pas en savoir plus. Il avait raison pour les Falcone. Peut-être était-ce illusoire ? Pour tout dire, Azzurra était perdue.
- Vous me dites rien. J'ai pas une mémoire des visages extraordinaire. fit-elle poliment lorsqu'il déclara avoir déjà visité son restaurant. Elle avait beaucoup de clients, dans tous les cas. Elle baissa la tête quand il déclarait que sa fiancée avait été tuée, lâchant un "Condoléances", sans vouloir en dire plus. Elle savait ce que c'était, mais n'en parlerait pas. Il y avait bien assez de pathos dans cette conversation pour cela.
Elle eut un léger sourire en terminant son plat alors qu'il déclarait avoir rejoint les stups. En fait, c'était très intéressant. Black Mask ? Elle en avait entendu parler. Un homme à problèmes, et forcément, quelqu'un qui attirait toute son attention. Elle sourit encore lorsqu'il déclarait cacher son argent chez lui.
- Et vous habitez où ? ... je plaisante. Non, le souci n'est pas beaucoup l'argent, ni les hommes. Mais plutôt logistique. On fait venir des ressources de dehors de la ville, mais le Gant Noir intercepte. C'est difficile.
Elle soupira.
- C'est très fatigant. Je suis fatiguée. Je suis tombée sur beaucoup de tarés, il y en a trop. Pas assez des gens normaux. Pourquoi on fait cela ? Quelle récompense ? On aide les gens, on est une usine à gens cassés et ça nous casse aussi.
La jeune femme toisa longuement le brave policier désigné volontaire par la vie. Puis, elle se leva.
- Je vais payer. J'aimerais m'entretenir avec vous sur quelque chose, mais dans la voiture.
Elle lui sourit, avant de le rejoindre dans la voiture, à l'abri des oreilles indiscrètes. Là, elle lui dira alors :
- En fait, vous auriez pas entendu parler d'une drogue appelée "Sole Nero" ?
Visiblement très concernée, la brune plongea son regard dans le sien.
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Sujet: Re: Nouvelles opportunités | Azzurra Sam 27 Mai 2023 - 22:00
Nouvelles opportunités
Azzurra
Il gesticula vaguement de la main pour lui signaler qu’il n’avait besoin de ses condoléances. Lorsqu’elle demanda où il habitait, Elio ne put s’empêcher de ricaner. Une bonne compagnie, un bon plat et une bonne bière ne pouvaient que remonter le moral. Il ne s’attardera pas sur le fait que ce n’était que passager, et volontiers accepta l’illusion que sa vie s’était soudain améliorée.
L’ancien flic n’avait pas la réponse à ses questions, ni les mots pour la consoler, il se contenta de la fixer, tandis qu’elle faisait de même. Si ses paroles, qui résonnaient bien trop en lui, étaient une manière de l’embrigader dans une secte, il n’avait aucune chance de refuser. Acceptant son destin, quel qu’il soit, il se leva de sa chaise et l’attendit à l’extérieur de restaurant. Il profita de l’attente pour vérifier que le type louche auquel elle avait échappé plus tôt ne rode dans le coin. De retour à la voiture, Elio s’installa à nouveau derrière le volant de sa fidèle Ford, dans laquelle il faisait toujours aussi froid, mais le repas l’avait un peu réchauffé. Sourcils froncés, il prit un moment pour chercher le nom dans sa mémoire, puis secoua finalement la tête.
- Non, pas celle-ci. J’ai seulement rencontré le Froid Blanc, et la cocaïne rouge. Le reste n’était que les drogues habituelles.
Ses yeux clairs rencontrèrent les siens. Intrigué, il l’encouragea à poursuivre :
- Mais je suppose que vous allez m’en dire davantage.
Sujet: Re: Nouvelles opportunités | Azzurra Dim 28 Mai 2023 - 16:04
Nouvelles opportunités
Deux chiens battus.
Le froid blanc, Azzurra connaissait. C'est passé sous son nez plusieurs fois bien qu'elle ait toujours résisté d'en prendre. Quelque chose qui désensibiliserait, qui effacerait toute la peine. Elle ne voyait pas comment ça ne la transformerait pas en légume. Cette opportunité l'effrayait. Azzurra préférait ne pas y penser. Elle haussa les sourcils lorsqu'il indiquait vouloir en savoir davantage. Oserait-elle lui faire confiance ?
Au point où elle était, Azzurra s'en fichait. Elle voulait des réponses. Azzurra s'étira longuement sur le dossier de son siège tout en clignant des yeux une dizaine de fois, signe qu'elle réfléchissait.
- C'est un secret que je vous confie. Enfin. Je préfère que ça ne sait pas. Sait pas ? Peut-être que des mauvaises personnes savent ça et moi je meurs. Donc ne dites rien à personne sinon je dirai que vous avez eu recours aux services d'une prostituée dans votre voiture si on vient me poser des questions et je sais que vous les policiers vous aimez pas trop ça.
Elle dit ça sur un ton un peu taquin. Elle s'en fichait complètement, elle voulait juste l'embêter. Mais pour les policiers carriéristes, c'était extrêmement dissuasif surtout quand ça avait été vrai. Et qu'ils étaient mariés. Que leur femme avait été une cliente elle aussi sans qu'il le sache et du coup c'est embêtant ils auraient pu profiter de la réduction familiale wait
- J'ai vécu à Rome et là-bas il y avait aussi une influence des Falcone, et d'autres mafias, et aussi les cartels mexicains. J'ai dû apporter une drogue ici pour l'analyser, c'était appelé "Sole Nero". C'était une petite sphère noire avec des pointes, plutôt joli. Après j'ai paniqué et je l'ai mangée.
Azzurra tira une drôle de bouille avant d'acquiescer longuement.
- J'ai eu mal à la tête quelques semaines et j'ai pensé mourir, mais après c'est passé. Les membres du cartel qui ont pas trop aimé que je les mange ont... longue histoire, longue histoire, ensuite morts ou en prison. Entre parenthèse : je les ai pas tués. Mais ils savaient rien sur ce que c'était. Et personne ne sait. Je pense que c'est lié aux Falcone, c'est une des raisons de pourquoi j'aimerais les retrouver.
Azzurra croisa les bras contre sa poitrine.
- Vu que j'en ai plus entendu parler je pense que j'ai mangé le seul exemplaire et que j'ai sauvé l'humanité, peut-être ? En tout cas ça a l'air de faire des effets. Je peux prédire l'avenir.
Elle ouvrit grand les yeux :
- Par exemple, Jeffrey Epstein va mourir en Août prochain. Ils diront que c'est un suicide mais il sera tué par les élites pour pas se faire dénoncer parce qu'ils allaient dans son île avec des enfants. Affaire classée, personne d'arrêté alors qu'on a tous leurs noms !
Après avoir constaté sa réaction, elle eut un petit rire.
- Je plaisante. Je plaisante ! Je prédis pas l'avenir, je dis de la merda. Non, en fait j'ai un grand instinct, je vois les gens ce qu'ils vont faire plus vite que les autres. Et je crois que c'est tout. Je suis pas trop sûre du reste. C'est pratique parce que quand on me frappe je vois les coups venir à l'avance alors du coup je peux serrer les dents plus vite. Vous pouvez croire ou pas me croire. Mais c'est pourquoi j'aimerais enquêter un peu plus pour savoir ce que c'est, quand je vais mourir, est-ce que je vais avoir le cancer ? Si seulement on aurait pu étudier ce que c'était mais je l'ai mangé alors on a pas pu.
Elle haussa les épaules, puis se dit que pour l'amuser un peu elle pourrait jouer un peu avec lui.
- Si vous me croyez pas je peux vous le prouver. Essayez de me mettre une claque !
Son projet était bien évidemment de ne pas essayer d'esquiver pour voir s'il allait s'excuser, avant de lui faire une vraie démonstration. Après, il n'était pas du genre à jouer, alors peut-être il refuserait la proposition.
Il ne savait trop ce qui la poussait à se confier à lui. Il aurait pu mentir sur le fait d’avoir été flic afin d’avoir sa confiance. Puis même sans cela, il en avait été témoin, tous les flics n’étaient pas des bonnes personnes. Il ne put s’empêcher de sourire lorsqu’elle menaça de détruire une réputation inexistante avec un scandale, mais l’idée était bonne. Son expression joyeuse retomba rapidement dans une mine dégoûtée, quand ensuite elle évoqua cette histoire qu’il ne préférait pas entendre. Pas besoin d’être devin pour savoir que l’argent permettait de commettre les pires atrocités sans répercussions, et qu’il arrivait que la mort de certains arrangeaient d’autres.
- Hmm, non je n’ai pas envie de vous frapper, même pour tester.
Il la fixa un moment, puis finalement leva sa main pour la pousser gentiment au niveau de son bras, d’un geste définitivement joueur, retrouvant alors son sourire.
- Et puis je préfère croire volontiers que vous êtes plus forte que moi, qu’avoir la surprise quand vous déciderez de vous venger. Puis en étant côte à côte, l’angle n’est pas terrible pour mettre une claque. Plus sérieusement, de ce que je comprends, cette drogue est toujours en circulation… ? Et s’il n’y a que des avantages… Enfin, je suppose que les inconvénients ne sont pas encore connus, et j’espère pour vous qu’il n’y en aura aucun, cela peut être dangereux mis entre les mauvaises mains.
Avec un soupire, il s’adossa au fauteuil, puis entreprit d’entortiller ses doigts dans un fil qui pendait de sa manche. Le pauvre imperméable avait connu des jours meilleurs ; rien qu’un tour à la machine et une aiguille ne pouvaient fixer. Il regrettait la qualité de celui qu’il avait autrefois porté, dont il s’était impulsivement séparé après que Black Mask l’avait eu taché de sang et liquide cérébrale. Elio préférait finalement ne pas y penser ; le repas avait été si bon, il valait mieux le garder dans son estomac.
- Dans tous les cas votre secret est bien gardé avec moi.
Il n’avait, de toute manière, plus personne à qui se confier.
Sujet: Re: Nouvelles opportunités | Azzurra Mar 30 Mai 2023 - 1:49
Nouvelles opportunités
Deux chiens battus.
Azzurra fit la moue lorsque Elio refusait de la frapper. Bon. C'était normal, même elle n'aurait pas osé. Il avait pas tort, c'était quelqu'un de plutôt sage. Maintenant c'était elle qui avait envie de le frapper. Elle n'aurait pas eu besoin d'angle spécifique pour lui en retourner une. Enfin, dans l'optique où elle le pensait vraiment, avec son air de chien battu, elle le regretterait trop vite. Toutes ces pensées tournaient dans sa tête et se lisaient un peu sur son visage. Par contre, elle frissonna lorsqu'il parlait d'inconvénients pas encore connus.
- Je ne sais pas, j'ai vu personne en parler. J'aimerais croire que je suis la seule. Enfin.
Elle pouvait lui faire confiance. Elle marqua un moment de silence avant de croiser les bras.
- Bon. Travailler !
Azzurra ouvrit la porte et se saisit du bidon d'essence qu'elle avait laissé à l'entrée, et s'approcha d'une voiture d'un modèle assez récent qu'elle voyait à côté. Elle sortit son téléphone, pianota dedans pour se connecter à un interférenceur (merci Tégénaire) qu'elle avait dans son sac à main et brouilla l'alarme, avant d'un coup de tournevis ouvrir une trappe et glisser le tuyau dedans, de façon plutôt décontractée. Elle faisait ça plusieurs fois par semaine lorsqu'elle cherchait de l'essence en ville pour protéger le quartier, surtout lorsque le ravitaillement était intercepté par le Gant Noir, elle avait l'habitude. Après avoir lâché un "BEUAH" caractéristique, elle cracha au sol et laissa le bidon se remplir. La vieille méthode buccale à défaut d'avoir l'outil adéquat pour faire ça proprement qu'elle ne prenait évidemment pas sur elle tout le temps.
Azzurra s'assied ensuite, lâchant de façon décontractée :
- Il a fait fait le plein ce cazzo, il va avoir une mauvaise surprise en revenant. Mais je crois qu'il en aura assez pour aller jusqu'à la station service... c'est des modèles avec des gros réservoirs, non ?
Lorsque le bidon fut plein, elle laissa Elio le ramasser :
- Je vous laisse porter ça et charger ça. Ensuite... raccompagnez-moi chez moi. Je tombe de fatigue, et c'est dangereux dehors.
Vu qu'il était un homme fort malgré lui, Azzurra se contenta de le suivre, et de l'aider à transvaser depuis le bidon jusqu'à son réservoir. Lorsque le tout fut chargé, elle remonta sans demander son reste sur le siège passager. Elle sortit son téléphone et lui demanda directement :
- Puis-je avoir votre numéro de téléphone ? Vous en savez trop sur moi, on est obligés d'être des amis maintenant. Je peux vous ajouter directement. Et je veux collaborer avec vous dans le futur, une femme comme moi a toujours besoin d'un homme comme vous à ses côtés.
Sans oublier de cligner les yeux très vite et faite une moue de dioui parce que son égo finirait très loin dans une benne s'il refuserait.
Il regarda faire l’experte, notant dans un coin de sa mémoire de lui demander comment faire. Cela pouvait toujours se révéler pratique ; notamment dans les situations comme celle-ci, où il avait été trop stupide pour vérifier son niveau d’essence. Elio daigna finalement sortir de son véhicule, ignorant la culpabilité qu’il ressentait lorsqu’elle annonça que leur victime avait fait le plein. Tant pis. C’était Gotham. Il retint tout de même sa plaque d’immatriculation, histoire de le rembourser si un jour il venait à le recroiser – sauf s’il s’agissait d’un criminel. Dans ce cas, c’était mérité.
- Ouais. Il devrait pouvoir. Merci en tout cas...
Tout en parlant, il récupéra le bidon et alla désaltérer sa propre voiture, puis rangea l’objet dans son coffre, avec le reste de ses affaires.
- J’ai plus de téléphone, mais si vous me donnez le vôtre je pourrai vous appeler quand j’en aurai trouvé un nouveau. Pas besoin de me l’écrire, je retiendrai. Je sais pas si je vous serai réellement utile, mais je suis partant... J’ai rien d’autre à foutre de toute manière.
Il ferma le coffre et regagna le côté conducteur, démarrant seulement lorsqu’elle fut bien installée, afin de les conduire jusqu’à la station essence.
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