Dying is easy, it's living that scares me to death.

Dying is easy, it's living that scares me to death.Solo

(I Return By Death → Re:Zero ) ••• Les événements du dix-sept février avaient prouvé une chose, le temps n'était pas absolu, il était relatif. Depuis ce jour, chaque seconde durait des heures et les heures duraient des années. Le regard souvent perdu dans le vide, le regard d'émeraudes scintillantes s'était transformé en un regard de jade opaque et vide de tout sentiment. Plusieurs fois, l'adolescent s'était usé les doigts à tourner les pages des journaux afin de trouver le moindre indice sur l'irréalité de la situation. Non, ce n'était pas possible, il refusait de croire en un monde où un tel événement devait arriver. Le garçon avait sacrifié tant de choses, tant d'ambitions pour cet homme qui venait de jouer sa scène finale. Était-ce seulement l'acte final ? Non, cet homme était un symbole que nul ne pouvait réussir à détruire. Le Joker n'avait pas su le tuer. Ni Bane. Ni les assassins... Il avait survécu à Darkseid et pouvait se mesurer à Superman. Était-ce là la fin d'un justicier ? Une fin ordinaire qui aurait pu arriver à n'importe qui ? Cela devait être un plan. C'était ce qu'avait pensé Damian, le sourire suffisant cherchant à cacher les tremblements de ses lèvres sous le coup de l'incertitude. Tous ces gens qui pleuraient son père étaient des idiots qui ne voyaient pas clair dans son jeu. Cette idée l'avait aidé à tenir le choc, caché dans son arrogance, lui qui savait toujours mieux que tout le monde. Néanmoins, cette protection subissait de plein fouet l'érosion face aux vagues du temps qui la rendait de moins en moins solide. Avril était déjà arrivé et aucun signe de son père. La confiance laissait place à la peur. Son cœur tremblait, entaillé encore et encore par l'incertitude, ce refus de la réalité qui semblait s'imposer à cet enfant qui voulait encore se cacher derrière ses rêves et ses illusions. Tournant en rond, seul, loin de tous ses proches, seuls les mannequins de la salle d'entraînement lui permettaient d'oublier cette solitude qui lui pesait.

L'impassibilité se brisa en la fin de ce mois. Il n'arrivait plus à passer à autre chose. Comment le pouvait-il ? Son père était mort. Cette phrase résonna dans son esprit pour la première fois depuis le mois de février. C'était la première fois que cette vérité s'imposait à son esprit. Les mains de l'héritier tremblèrent au point de lâcher son arme. Le fracas de l'acier contre le sol masqua le bruit des genoux du garçon qui s’effondrèrent. Sa tête tournait, incapable de voir clair au travers de la brume dans son esprit. Sa vision n'était pas plus dégagée perdue dans les flots des larmes qui coulaient, voguant le long de ses joues pour finir leurs courses sur le plancher qu'il regardait s'humidifier durant les longues minutes. L'ancien Robin peinait à respirer, haletant de plus en plus, ne parvenant plus à respirer. C'était comme si sa gorge était nouée et ses poumons remplis d'une panique qui remplaçait tout oxygène. Le cœur serré, il porta sa main vers sa poitrine comme s'il avait peur que ce dernier en sorte tant il battait à tout rompre. Damian payait des jours, des semaines et des mois sans avoir accepté la réalité et elle venait de le frapper fortement en retour. Le lendemain, suite à une nuit sans sommeil, l'ancien Robin décida de quitter l'endroit où il était retenu. Il n'était pas retenu contre sa volonté. Il avait juste promis à son oncle de ne se faire voir par personne, personne ne devait le reconnaître. Tel était ce marché déchirant. Pourquoi ne pouvait-il pas voir Dick, Jason, Stéphanie ou Emiko ? Ces quatre personnes étaient les seules à Gotham avec qui il voulait être en cet instant précis. Certes, il connaissait la réponse du pourquoi. Et si tout devait se passer selon son plan, il devait en effet rester discret, loin des regards. Le plan avant tout. Avant ses relations, ses valeurs, ses sentiments... Mais de quel plan parlait-il ? Il n'en était même pas sûr. Celui qu'il avait eu à l'esprit lors de sa première rencontre avec son oncle n'était plus le même qu'il avait maintenant. Sa résolution avait faibli sans qu'il ne sache pourquoi. Peut-être comprenait-il en partie ses ambitions. Peut-être sentait-il enfin une affection réelle. Non... Sans doute aucun des deux, car même son père lui avait récemment montré une certaine affection. Mais son père ne pourrait plus lui en donner.

Vêtu d'une tenue noire, avec une casquette et des lunettes masquant son visage, il voguait le long des rues de Gotham. Ce n'était pas un navire sans cap ni horizon, au contraire. Sa destination était la tombe de son père et le phare le manoir. Il était bien sécurisé, mais cela faisait désormais des années que l'ancien assassin avait appris à passer les défenses de son ancienne maison avec une facilité déconcertante. Et maintenant que Batman était mort... Il n'y avait plus de raison de renforcer autant la sécurité. Sur le trajet, l'adolescent regardait autour de lui dans l'espoir de voir Emiko. Il n'avait pas eu l'occasion de lui parler depuis ce qui était arrivé... Il savait que c'était une volonté frustrante, car s'il la voyait, il ne pourrait lui parler. Une partie de lui rêvait qu'elle vienne le voir, prenne son visage entre ses mains et lui dise de partir avec elle. Et il serait sans doute bien parti. Non. Il ne serait pas parti. Aussitôt, cette idée lui avait traversé l'esprit, aussitôt, elle se perdit dans la brume qui entourait ses pensées. Il n'avait pas à être heureux. Ni un Wayne, ni un Al Ghul n'avait le droit au bonheur, seulement le devoir. Une fois au manoir, il se rendit sur la tombe de son père, prenant le soin d'éviter Alfred ou Selina. Le ciel était nuageux. Il aurait été cliché de dire qu'il pleuvait. Non, le ciel était juste gris, aucune pluie ne tombait. Les nuages devaient être à l'image de ses yeux. À force d'avoir trop pleuré, aucune larme n'aurait pu de nouveau couler sur sa joue. Il n'y avait plus que l'amertume grisâtre qui couvrait son cœur comme ces nuages couvraient le ciel empêchant les rayons du soleil jusqu'à lui. Un long silence s'installa. Qu'attendait-il ? Il ne savait pas lui-même. Il aurait sans doute aimé voir au premier coup d’œil que la tombe était factice. Visiblement, elle ne l'était pas. Son père aurait sans doute déterré la tombe prenant des échantillons, vérifiant les données génétiques, la morphologie, etc. « Mais je ne suis pas toi, père. » La voix était amère. « Tu as survécu au Joker. Tu as survécu à ce qu'aucun homme ni alien n'aurait survécu. » L'adolescent serra les poings, les yeux remplis de haines. « Tu étais un surhomme. Et tout ça pour quoi ? Pour mourir d'un crash d'avion ? » La voix vacillait de colère, mais restait contenue dans sa détermination de rester discret. « On dirait un mauvais gag d'un mauvais cartoon où le personnage meurt en glissant sur une peau de banane. Pathétique. C'est ça le chevalier noir ?! » Un petit rire amer sorti sans qu'il ne s'en rende compte. La froideur de son ton fit frisonner le garçon qui voyait en lui grandir l'éclat de glace qu'il avait au fond de son cœur. « C'est ça l'homme qui se disait être mon père ? Après m'avoir utilisé pour TES combats, après m'avoir appris TES valeurs, après m'avoir fait porté le poids de TES ambitions, tu crois avoir le droit de partir ?! » Ses mots étaient égoïstes et ignoraient les bons moments récents qu'ils avaient passés ensemble, mais à quoi bon avoir passé des bons moments alors qu'il était mort ? Il aurait préféré ne jamais les avoir passés, mais pouvoir encore entendre le son de sa voix. Désormais, la voix de son père ne serait que le bruit d'une machine... « Tu as donné toute ta vie à ta croisade à tes valeurs qui n'étaient que des illusions. Qui défendra Gotham ? Qui défendra les faibles dont tu prétendais te soucier ? Tu n'es qu'un hypocrite, car si tu étais vraiment un défenseur des faibles, tu serais encore là. Tu serais avec moi. » Sa voix finit de se briser à ces mots. Il n'avait pas su ce qu'il attendait de cette visite... Pourtant, si ses mots se brisaient dans sa gorge, une nouvelle détermination pouvait se lire dans son relire, tel le feu du phénix qui renaissait de ses cendres. Le jade de ses yeux ne retrouva pas le scintillement des émeraudes. Non, désormais, l'éclat de ses yeux était froid, calculateur et déterminé. « Tu m'as abandonné en plus d'avoir abandonné ce monde. » Se retournant pour partir, il s'arrêta après quelques pas. Il tourna légèrement sa tête, l'adolescent finit par dire d'une voix dénuée de toute humanité « Il peut donc bien brûler... » Quand il quitta le manoir, Damian n'était plus un Wayne, ni un Al Ghul, ni Robin. Il n'était que son plan. Il n'avait besoin d'être rien d'autre. :copyright: 2981 12289 0